Lorsque mon supposé petit ami et ma meilleure amie finissent par rentrer, je ferme la porte de mon petit deux pièces en poussant un soupir las. Il y'a de cela trois ans, je vivais dans une maison digne d'une revue de presse et aujourd'hui je vis dans un deux pièces à peine plus grand que l'un des couloirs de ce palais.
Je pousse un soupir de résignation, car c'est la vie que j'ai décidé de vivre. Après avoir vécu un mariage heureux qu'en apparence pendant moins d'une année, un mariage qui s'est terminé de la pire des manières. Je décide d'aller me rassoir, Amélie a raison, il nous faut rapidement trouver une solution. Mais je refuse qu'elle vende cette maison pour moi, je refuse qu'elle passe son temps à réparer les erreurs que moi j'ai causées.
Nous avons besoin d'une dizaine de millions de dollars et je suis sûre que l'argent de sa maison n'aura même pas permis de rembourser le crédit à la banque. David a donc raison, nous avons besoin de l'aide d'un investisseur, quelqu'un qui serait prêt à croire en nous, en l'essence même de notre société, ce pourquoi nous avons travaillé pendant tout ce temps, de voir le souffle de vie que nous voulons insuffler aux senteurs orientales. Mon mariage avec un Cheikh arabe a peut-être été une supercherie, un cauchemar, mais cela n'empêche pas que Dubaï occupe une grande partie de ma vie, c'est là-bas que j'ai passé les premières années de ma vie d'adulte, que j'ai connu là véritable beauté et le courage des femmes arabes.
Avec des coutumes et des traditions juste magnifiques, alors Amélie et moi avons voulu faire ressentir ça à nos acheteurs à travers nos parfums aux senteurs orientales recherchées et très délicates. Pourquoi ma vie est-elle aussi compliquée et semée d'embûches ?
Je décide donc de commencer à ranger ma maison pour ne plus avoir à penser à ce qui s'est passé.
Après avoir fini de faire le ménage, je vais m'asseoir sur l'ordinateur, je comptabilise les économies qui nous restent, il en reste juste assez pour faire les derniers chèques des travailleurs, je n'j pas envie y'a de les punir pour les erreurs que nous avons commises en les privant de l'argent pour lequel ils ont si durement travailler. Au cas où on ne touche pas d'investisseurs, ça va me briser le cœur d'avoir à leur annoncer que l'entreprise va devoir fermer ses portes.
Ça me révolte tellement, pourquoi faut-il toujours que ce soit les personnes qui essayent de s'en sortir le plus honnêtement possible qui font face à toutes ces difficultés ?
Pourquoi faut-il que ce soit nous qui soyons confrontés à la noirceur des autres ? C'est tellement injuste ! Je me lève de là dépitée et je vais à la fenêtre, je pose ma main sur mon collier et je caresse le médaillon qui appartenait à mon père.
Il ne s'en séparait jamais et c'est la seule chose qui me reste de lui. La seule chose qui me donne la force de me relever et de ne pas tomber malgré les échecs. Mes doigts frôlent aussi ma bague de mariage, je me crispe automatiquement. Elle était censée être là pour que plus jamais je ne me fasse plus avoir par aucun homme, pour que j'arrête de voir le bien en tout un chacun. Mais il faut croire qu'au final, cela n'a servi à rien car je me suis encore fait avoir par un rapace. Pourquoi suis-je aussi naïve ? Comment est-ce que je fais pour être déçue à chaque fois ? Arrête ! Ce n'est pas le moment de se morfondre, c'est le moment de trouver des solutions. Et j'espère vraiment qu'on pourra trouver un investisseur le plus rapidement possible.
Des semaines plus tard, la fin du mois approche à grands pas, et nous n'avons toujours pas trouvé d'investisseurs potentiels. Je commence vraiment à paniquer, j'ai peur de perdre tout ce pourquoi nous avons travaillé aussi durement, mais à l'allure où vont les choses nous n'avons d'autres choix que de nous résigner. Aujourd'hui, c'est le dernier jour de paie, nous avons choisi à cette occasion de faire une grande réunion pour dire au revoir à tous nos employés, qui sont une dizaine en tout, bientôt le bail pour les locaux sera expiré. Nous avons lamentablement échoué.
Assise dans mon bureau, je regarde par la fenêtre, je n'arrive pas à me résigner pourtant la vérité est bien là, nous avons perdu notre entreprise, que je me résigne ou pas, ça ne changera rien. Deux coups discrets sont frappés à ma porte avant qu'Amélie ne passe la tête par l'entrebâillement.
- Tu es prête ? Me demande vt'elle Je me lève comme si je portais la misère du monde sur les épaules.
- Comment peut-on être prêt pour ce qui arrive ?
Je m'apprête à faire l'une des choses les plus déchirantes de ma vie, me séparer de toutes ces personnes qui étaient devenues comme une seconde famille pour moi.
- En tout cas si ça peut te rassurer tu es sublime.
J'avais décidé de dire au revoir à mes employés de la façon la plus digne possible, je leur ai toujours apparu comme une femme forte, indépendante et courageuse, alors, je refuse que cette image qu'ils ont de moi soit ternie aujourd'hui.
J'ai porté un tailleur blanc, très beau, qui me fait paraître beaucoup plus grande, mes cheveux sont laissés au vent et j'ai appliqué une touche de rouge à lèvres sur ma bouche. Amélie et moi avons convenu que c'est moi qui allait présenter la situation à nos employés, elle m'a dit qu'elle ne pourrait pas le faire. Je la comprends parfaitement, de toute façon je ne voyais personne d'autre que moi pour le faire.
Nous sortons toutes les deux de mon bureau et nous nous dirigeons dans la salle de réunion. À notre arrivée, tout le monde se lève, nous leur faisons signe de s'asseoir, Amélie s'assoit à côté de moi, je prends la chaise centrale et la réunion commence.
- Bonjour à tous. Nous avons vraiment le cœur meurtri de vous retrouver dans des circonstances pareilles, j'espère que vous avez à quel point vous comptez autant que vous êtes pour nous. Vous avez tous lu les journaux et je suis sûre que vous savez qu'en ce moment l'entreprise traverse une très mauvaise passe. Ce qui était censé être un bond énorme, s'est plutôt révélé être un énorme problème dans lequel nous nous sommes plongées nous-mêmes. Nous sommes dans l'obligation de nous séparer de vous.
Une tristesse sans nom m'étrangle presque, je n'arrive pas à croire que je l'ai fait, je viens de dire à nos employés que nous nous séparions d'eux. Les larmes menacent de couler, toutes ces émotions se mélangent. Je suis sur le point de craquer, lorsque je sens la main d'Amélie sur la mienne. Elle me donne sa force et Dieu seul sait combien j'en ai besoin. Je me racle la gorge et j'essuie une larme avant de continuer, la tête baissée.
- Nous faisons face à une crise financière en ce moment et je ne suis vraiment pas certaine que cela pourra s'arranger un jour, je ne vais accuser personne, parce que c'est tout aussi bien de notre faute que de celle de la personne qui a fait ça. Nous tenions juste à vous dire merci pour vos bons et loyaux services et aussi vous dire à quel point cela nous fait du mal de nous séparer de vous, ça été un honneur de travailler avec des personnes comme vous. Et...
Avant même que je ne puisse finir mon discours, nos employés se mirent à nous applaudir, je lève la tête vers eux et je rencontrai leurs regards remplis de larmes, je posai une main sur ma bouche émue et je me mis à pleurer avec eux.
Pour nous aussi ça été un honneur de travailler avec vous... Me répondent ils. Je ne savais pas que cette réunion allait prendre une tournure aussi émouvante.
Je m'apprête à leur remettre leurs derniers chèques lorsque mon téléphone se met à sonner, je regarde qui m'appelle, c'est David. Nous ne nous sommes pas parlés depuis qu'il a quitté la maison en me promettant de trouver un investisseur. Je me lève et je laisse à Amélie le soin de remettre les chèques et je m'isole dans mon bureau.
- Allô ?
- Bonjour David. Comment vas-tu ?
- Super et toi.
- Toujours aussi mal.
- Je t'appelais justement par rapport à ça. Tu es chez toi ?
- Non au bureau, qui ne sera bientôt plus le nôtre.
- D'accord j'arrive tout de suite dit-il en raccrochant.
Je raccroche donc et je retourne dans la salle de réunion ou je retrouve les autres. Ils finissent tous de nous dire au revoir et nous restons là Amélie et moi pour attendre David, il arrive quelques minutes plus tard et dépose un baiser sur mon front, comme toujours.
- J'ai une excellente nouvelle à vous annoncer, dit-il en souriant, je vous ai trouvé un investisseur.
- Vraiment ? Demande Amélie.
Oui vraiment. Il est prêt à mettre le prix qu'il faut.
- Oh mon Dieu ! C'est une excellente nouvelle en effet.
- Oui tu te rends compte que vous allez pouvoir sauver tout ce pour quoi vous avez travaillé pendant cette dernière année. Oui je sais c'est incroyable.
- Hôte moi d'un doute dis-je, il n'y a pas de conditions n'est-ce pas ?
- Si justement j'allais y venir dit-il en baissant la tête.
- Je savais que c'était beaucoup trop beau pour être vrai. C'était évident qu'il allait demander quelque chose en échange. Qu'est-ce qu'il veut ?
- Il demande cinquante un pour cent des parts de la société.
- Quoi ? Demanda fais je en me retournant vers lui. C'est une blague c'est ça ?
- Tu me connais assez pour savoir que je ne plaisanterais jamais sur quelque chose comme ça.
- Parce que tu sais plaisanter toi ? Tu es le type le plus coincé que je connaisse.
- Stop Amélie, arrête ! Ce n'est vraiment pas le moment de parler de choses comme ça. Il est hors de question que nous cédions cinquante un pour cent des parts de notre société à ce type. Et puis qui est-il d'abord ?
Cette histoire était vraiment des plus étranges, comment quelqu'un pouvait venir de nulle part et exiger comme ça qu'on lui cède cinquante un pour cent de nos parts ?
- Je ne l'ai pas rencontré en personne, mais j'ai pu parler avec son assistant, il est en bas, si vous voulez le rencontrer.
- Oh mais bien sûr que je veux le rencontrer dis-je en m'avançant vers lui d'un air menaçant. Pour avoir le plaisir de lui dire en face d'aller se faire voir avec son immonde patron ! Lui céder cinquante un pour cent et puis quoi encore ?
- Nathie attend, ne le renvoie pas comme ça. Nous devons en parler.
Je me tourne vers mon amie surprise par sa réponse.
- Parler ? Mais parler de quoi ?
- Te rends-tu seulement compte de cette absurdité ? Je ne céderai rien du tout.
- Tu peux nous laisser s'il te plaît ? Demande-t-elle à David. Reviens avec l'assistant s'il te plaît.
David secoue la tête et sort de la salle de réunion pour aller dans le hall.
- Non Amélie, je ne vais même pas t'écouter. Je préfère encore tout perdre que de céder quoi que ce soit.
- Tu crois que ça me fait plaisir ? S'emporte-t-elle. Ça me fait autant de mal à moi qu'à toi. Mais c'est la seule solution.
- Non ! On peut négocier le contrat, on doit ouvrir faire quelque chose !
- Et s'il n'y a rien à faire à part ça ? Tu as pensé à tous ces gens qui vont perdre leur travail ? Tu as pensé à ta mère ? À cette maison en hypothèque ?
- Je ne peux pas faire ça ! Je refuse de laisser mon entreprise entre les mains de cet homme.
Tout à coup la porte s'ouvre sur David et un homme dans la trentaine, ils avancent vers nous. Le type à lunettes semble nerveux. Bonjour dit-il en tendant une main vers moi. Je me contente de l'ignorer et Amélie, elle la saisit et dessine un sourire sur son visage.
- Bonjour Amélie Spillman.
- Vous pouvez m'appeler Walter dit-il. Amélie lui sourit et ça m'agace.
- Je suis désolée monsieur mais vous perdez votre temps ici, je ne signerais pas ce contrat dis-je en jetant un coup d'œil à la pile de documents qu'il avait en mains.
- Nathie dit Amélie en m'entraînant à l'écart.
- Tu ne me feras pas changer d'avis dis-je en parlant assez fort pour que le guignil de service puisse entendre.
- Ça suffit maintenant dit Amélie une fois que nous sommes assez loin pour ne pas être écoutée. On a besoin de cet homme.
- Non, on a pas besoin de lui, on peut se débrouiller par nous-mêmes.
- Ah oui ? Dit-elle en haussant un sourcil interrogateur. Dis-moi comment dans ce cas ? Parce qu'on a essayé de réfléchir pendant toutes ces dernières semaines et on n'a rien pu faire.
- Je refuse de m'avouer vaincu. Pourtant nous le sommes.
- Nous devons signé ce document, si tu ne le fais pas pour toi, fais pour moi, tes employés, ta mère, fais le pour Karim. Je j'éveillai la tête vers elle résignée, elle vient de prononcer le nom de la seule personne contre qui je ne peux pas me battre.
Je pousse un soupir et je repars vers la tabje, je prends le contrat que je lis, les termes du contrat me semblent bien, sauf peut-être la partie où nous cédons nos bien.
Je rends ensuite le document à Amélie qui après l'avoir lu y appose sa signature, puis elle me tend le stylo. Je regarde une dernière fois le document et je lève la tête vers mon amie, elle-même regarde avec un sourire d'encouragement, je baisse encore la tête et je signe le document avec l'étrange sensation d'avoir scellé mon destin.