Chapitre 4 Chapitre 3

Nathalia.

Vide ! Totalement vide. Je parcours la pièce des yeux et je m'avance au centre de la pièce, je n'arrive pas à y croire, non c'est un cauchemar, je vais me réveiller et voir que c'est un cauchemar. Mais non ! Ce n'est pas un rêve, j'ai beau cligner encore et encore les yeux, mais rien n'y fait, ça ne change pas le spectacle qui se joue devant moi.

Le bureau de Blanchard est vide ! Totalement vide. Il a pris toutes ses affaires, rien même pas un bout de papier sur le bureau ! On dirait que ses affaires se sont complètement volatilisées. Il y'a tout juste sur la table l'ordinateur de l'entreprise et je suis certaine qu'il ne l'a pas pris parce qu'il ne pouvait pas sortir avec lui sans être remarqué. Je fais le tour du bureau et j'ouvre les tiroirs. Rien ! Absolument rien. Amélie fait comme moi et se met à fouiller. Mais nous ne trouvons rien.

Tout a disparu ! Les livres de compte, les carnets, tous les documents concernant les finances de notre société. Le bureau est vide comme si personne ne l'avait jamais occupé auparavant.

- Nathalia que se passe t'il ? Pourquoi est-ce que le bureau de Blanchard est vide ?

Je n'avais jamais vu Amélie perdre le contrôle, sauf une fois après mon divorce, lorsqu'elle avait appris les raisons de celui-ci.

Pour vous dire à quel point c'est une personne tempérée et réfléchit dans chacun des actes qu'elle pose, elle pèse le pour et le contre, raison pour laquelle elle n'explose jamais. Elle garde toujours le contrôle. Mais là cette petite voix, était le calme avant la tempête. Celle dont par contre j'admirais le calme était moi, je m'épatais réellement. En temps normal c'est moi qui aurait réagit comme Amélie en ce moment, c'est moi qui aurait parlé d'une petite voix qui n'augurait rien de bon avant de me mettre à hurler deux secondes plus tard. Pourquoi est-ce que je suis aussi calme ? Parce que j'avais au fond de moi un mauvais pressentiment ? J'ai compris dès le début de cette soirée que quelque chose allait mal se passer, je le savais tout au fond de mes tripes. Mais j'ai préféré mettre ça sur le compte de la nervosité, je me suis dit que ça allait passer. Mais il faut croire que j'aurais mieux fait d'écouter mon instinct.

Peut-être que si je l'avais fait nous aurions pu arrêter Blanchard. Mais qui me dit que ce plan n'était pas ficelé dès le départ ? Qui me dit que même si je réagissais aujourd'hui ça allait l'arrêter ? Qui me dit que j'aurais pu l'arrêter ? Soudain j'entends un bruit sourd. Amélie vient de s'écrouler en pleurs.

Je m'approche d'elle et je m'assois par terre à ses côtés.

- Je crois que tu viens de comprendre toi aussi. Blanchard nous a volé.

- Mais comment est-ce possible ? Comment a t'il pu nous faire ça ?

- Je ne sais dis-je en me passant la main dans les cheveux pour enlever l'élastique qui les maintenait en place.

Mon amie pousse un soupir et se love un peu plus dans mes bras.

- Non mais quel espèce de salopard ! Comment... Bégaye t'elle. Comment est-ce qu'on va faire maintenant ?

Et voilà que je commence à me sentir coupable. Je n'aurais jamais dû convaincre Amélie d'adhérer à ce projet, elle a dû vendre sa voiture, et utiliser les économies que lui avait laissé sa mère avant de mourir. Nous pensions que cette entreprise allait être un véritable et ça l'était bien sûr, avant que Blanchard ne nous fasse ça et s'il ne l'avait pas fait, ça aurait continué de l'être.

- Je suis tellement désolée Amélie.

- Mais pourquoi ? Demande-t-elle en levant la tête vers moi.

- Si je ne t'avais pas convaincu de commencer ce projet avec moi, jamais nous n'en serions là.

- Tu vas arrêter avec tes bêtises ? Si je n'avais pas cru en ce projet tu sais bien que rien, ni personne n'aurait pu me convaincre d'y adhérer. Je l'ai fait parce que je croyais en lui, je croyais en toi et je crois toujours en toi.

- Dans ce cas, où avons-nous échoué ?

- Nous avons fait confiance à la mauvaise personne et ce n'est pas de notre faute ! Ce n'est pas comme si nous savions que ce type était un voleur et que nous lui avons donné de l'argent en le sachant.

Nous entendons tout à tout des pas dans le couloir, puis la porte du bureau de Blanchard s'ouvre sur Tom. Nous levons toutes les deux nos visages vers lui. Il arbore un air franchement désolé pour nous, même s'il ne voulait pas que nous lancions ce projet, il ne souhaitait pas autant de mal. Il s'avance vers nous et s'accroupît près de sa femme en lui prenant le bras.

- Je suis tellement désolé mon cœur...

Amélie lève vers lui un regard froid et dur.

- Tu devrais plutôt être content, tu n'as jamais cru en ce projet.

Je sais que là ce n'est pas mon amie qui parle, elle est dictée par la haine et je suis sûre que dès demain elle regrettera ses paroles.

- Amélie, tu es injuste avec lui, je suis sûre qu'il ne nous souhaitait pas autant de mal.

Elle pousse un soupir et me regarde.

- Depuis quand es-tu devenue aussi mature ? Me demande-t-elle, puis elle se retourne vers son mari et lui dit. Pardon mon amour c'est juste que...

- Je comprends ne t'en fais pas. J'aurais réagi exactement de la même façon.

- Merci répond-elle à son mari en se redressant. Je suppose que tu n'as pas trouvé ce fumier chez lui.

Il pousse un soupir et se masse la nuque avant de nous répondre.

- Oui, je n'ai absolument rien trouvé chez lui.

- Sa maison était vide, c'est ça ? Demandais-je sans vraiment être surprise.

- Oui. Absolument plus rien ! J'ai même réussi à convaincre le concierge de me laisser entrer vois-tu, il a ouvert l'appartement et il n'y avait plus aucune trace de Blanchard. Le concierge m'a dit qu'il avait annoncé qu'il allait en voyage.

- Il a dit où ? Demande Amélie.

- Bien sûr que non répondis-je, ça serait beaucoup trop simple.

Je me lève et je me marche à travers la pièce, une main en visière devant mon visage et l'autre sur ma hanche.

- Deux fichues années de travail ! Des contrats, toutes ces responsabilités que nous avons et sans oublier nos salariés, et de surcroît le prêt à la banque. Qu'est-ce qu'on va faire maintenant ?

- C'est ça qui m'inquiète le plus figure toi ! Comment expliquer au banquier que notre conseiller financier nous a tout volé. L'hypothèque de ma mère, Seigneur je ne me pardonnerais jamais si on saisit sa maison à cause de moi.

- C'est malheureusement ce qui va se passer. Laissez-moi vous dire qu'aucune banque n'acceptera toute cette histoire.

- Tu ne nous aides vraiment pas là Tom.

- Mon cœur je suis là pour vous dire la vérité même si elle est difficile à entendre. Votre projet est tombé à l'eau et vous n'avez aucune, je dis bien aucune issue de secours la banque vous tient par la peau du cul, et vous n'avez aucune chance de vous en sortir !