Un stupide pari
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Chapitre 4 Chapitre 04

Chapitre 4

Je sortais du bureau énervé comme jamais. Déjà que j'avais du boulot auquel j'avais du mal à me concentrer à cause de la « nouvelle » mais également à cause de cette débile de Natasha, je devais quitter mon bureau climatisé pour cette chaleur démesurée de la capitale sénégalaise.

Dans ma voiture, je n'étais sûr que d'une chose quand Natasha me verrait, je lui ferais regretter de m'avoir connu. C'était quoi cette stupidité de vouloir augmenter les parts de son entreprise. Issa avait raison, tant qu'on avait rien signé elle pouvait revenir sur sa décision telle qu'elle le voulait. S'il y avait une chose que je n'aimais pas c'était bien les girouettes. Les gens qui changeaient d'avis comme de chemises.

Mes pensées étaient certainement en train de dérailler. Natasha n'était pas ce genre de personne. Si elle faisait tout ça c'était simplement pour attirer l'attention. J'espérais pour elle que ce n'était pas avec l'intention de me récupérer si oui, elle s'y prenait comme un pied.

Quoi qu'il pouvait en être, j'étais obligé d'aller au cœur du problème. Quand j'ai foulé le sol du siège de cette entreprise, je me suis rappelé du nombre de fois que j'étais venu ici durant ma relation avec la DAF de cette société. Je me souvenais également des endroits insolites où on l'avait fait avec la crainte de nous faire prendre qui augmentaient notre excitation.

Je suis directement allé vois sa secrétaire.

-Dîtes à Natasha que je dois m'entretenir immédiatement avec elle...M'adressais-je à la jeune femme en la fixant.

-Je suis désolé monsieur Cissé mais mademoiselle Lô est en réunion. Ça ne vous dérangerait de patienter quelques instants.

Je sentais que j'allais encore plus m'énerver.

-Pensez-vous réellement que j'ai le temps le patienter ?

-Mais...

C'était tout ce que j'avais entendu de sa réponse. Sans attendre, je me suis dirigé au bureau de Natasha. Réunion ou pas, elle allait m'entendre.

Je pouvais vois que la secrétaire avait suivi mes pas.

Sans frapper, j'ouvris brusquement la porte et je trouvai en train de parler avec quelqu'un. Si elle pensait que j'allais faire demi-tour, elle rêvait.

Son regard me montra qu'elle était surprise de me voir.

-Codou, je pensais t'avoir dit de ne laisser personne entendre.

-Mademoiselle, je suis désolée. Je lui ai demandé de rester mais il a...

-Ne t'en prends pas à elle. Si tu avais laissé nos accords exactement comme ils étaient, je ne serais pas là en ce moment. Arrange-toi comme tu veux, je dois te parler. Ça ne me dérange absolument pas de dire ce que je pense de toi devant eux.

-Laissez-nous...Dit-elle automatiquement.

Elle savait bien ce qu'elle avait à perdre. Elle avait une image de femme parfaite à conserver et me connaissant, elle était sûre que je n'hésiterai pas à la dénigrer devant ses employés.

Les deux employés sortirent sans rien demander.

-Tu es devenue bien pathétique.

-N'importe quoi.

-Regarde-toi dans la glace et tu verras de quoi je parle.

-Pourquoi tu es là ? Te serais-tu rendu compte que notre rupture était une erreur et que je suis la femme de ta vie ?

Je me surprenais à rire. Non mais sérieusement, n'est-elle pas drôle ?

-Tu ris...S'exprima-t-elle avant de se lever et d'avancer vers moi avec une démarche féline don elle seule avait le secret.

-Tu sais si tu décides de revenir, je te laisserai faire cette chose dont tu raffoles et que je t'ai privée pendant tout ce temps...Me chuchota-t-elle à l'oreille.

Un sourire naquit sur mes lèvres. Un sourire que Natasha m'avait bien rendu. Je pouvais déceler un air victorieux sur son visage.

Elle mit ses mains de part et d'autre de mon visage avant de me donner un baiser que je ne lui ai pas rendu.

-Pourquoi tu veux pas m'embrasser ???Demanda-t-elle après s'être détaché.

-Je n'ai pas l'habitude d'embrasser mes ex. Je pense même que si le mot « ex » est utilisé c'est pour mettre cette barrière. Je précise aussi que je ne remets jamais dans ma bouche ce que je crache.

-QUOI ?

-Si tu ne comprends plus le français, je peux le dire en anglais. Bref, si j'ai fait tout ce chemin ce n'est certainement pas pour papoter avec toi comme une vieille qui n'a que faire de sa journée.

-Pourquoi tu es là ?

-Tu as zappé la partie où je te disais être ici parce que tu as remis en compte nos accords ?

-J'ai pas compris.

-Natasha, s'il te plait dis-moi que tu te fous de ma gueule.

-Si je ne comprends pas, que veux-tu que je te dise ?

-Issa m'a dit vendredi que tu voulais que ton entreprise ait une part plus importante dans le projet S-A.

-Je vois que ton frère n'a pas perdu de temps pour rapporter. C'est vrai...Me confirma-t-elle. Je m'attendais pas à autre chose, si Issa l'avait dit c'était parce qu'elle l'avait demandé.

-Pourquoi ?

-Je trouve que ce que tu as décidé de nous donner représente des miettes et que nous méritons plus.

Comment osait-elle parler de miettes ?

Cette fois si c'est moi qui avançait jusqu'à elle afin d'éliminer la distance qui était entre nous. Quand elle était à quelques millimètres de moi, je sentais que tout son corps s'était raidi. Ça me rassurait d'apercevoir que j'avais toujours un pouvoir de contrôle sur elle et que ce serait bête de ne pas en profiter. Je me baissai et posai mes lèvres contre son oreille droite.

-Je pense qu'il y a une partie de moi que tu préférerais ne jamais apercevoir. Tu sais à quel point je déteste les imprévus. Voudrais-tu me voir en colère, Natasha ? Est-ce que tu veux ?

J'avais bien pris la peine de chuchoter ces paroles avec une voix enjôleuse qui voulait tout aussi menaçante.

-Non je veux pas te voir en colère...Dit-elle avec une voix déraillée juste avant que je ne tire son chignon en queue de cheval pour que sa tête soit un peu plus en arrière.

-Tu sais ce qui te reste à faire, ne change pas mes plans.

-Si je retire ma demande, nous...

-J'y réfléchirais...Je l'ai coupé avant qu'elle finisse sa phrase, je savais ce qu'elle voulait.

-Vraiment ?

-Fais ce que je veux et je ferai ce que tu veux. Je compte sur toi.

Elle me fit un signe de tête et je sortis de son bureau.

Je quittai les locaux après avoir fait une promesse que j'étai sûr de ne pas tenir.

Quand je regardai ma montre, je me rends compte que j'ai plus durée dans ses lieux que prévu. Au moins, cet accrochage avec Natasha a fait en sorte que mes pensées ne soient pas fixées sur Fatou Kiné. En parlant d'elle, elle avait laissé une pile de dossiers sur ma table et il fallait que je lui dise ce que j'en pense. Et surtout, il fallait que je le fasse de la façon la plus professionnelle possible à moins de passer pour un débile et diminuer mes chances avec elle de plus belle.

*******

Une fois à l'entreprise, je passai d'abord dans le bureau d'Issa pour lui dire que Natasha devait l'appeler sous peu pour lui faire savoir qu'elle s'était rétracté. Il m'a demandé comme je m'y étais pris mais aucune réponse n'est sortie de ma bouche. Je rejoignis mon bureau à grandes enjambées, sachant déjà que j'allais mettre une croix sur ma pause.

Face à tous ces documents sur la table, je nichai ma tête dans mes mains. Ce qui était sûr est que j'en avais pour un bon bout de temps.

J'entendis quelqu'un frapper.

-Entrez...Grognai-je n'ayant point envie d'être dérangé.

Pensant que c'était ma secrétaire, je suis surpris de voir que c'était Fatou Kiné.

-Tu as fini ???Demanda-t-elle.

-Non, en fait j'ai même pas encore commencé.

-Comment ça vous n'avez pas encore commencé ? Vous m'avez expressément demandé de vous laisser le dossier.

-Je sais ce que j'ai demandé. J'avais un truc urgent à faire et je devais sortir.

-Un truc urgent à faire...Elle répéta avec un sourire sur les lèvres.

-Oui, un truc...Insistais-je.

-Je reconnais bien le fils du patron-là.

Je savais pas pourquoi mais ce qu'elle venait de dire sonner comme une insulte. Est-ce un péché d'être le fils du patron ?

-Il a quoi le fils du patron ?

-Il sort au moment où il veut pendant que les autres font le travail à sa place.

Je sortis un rire nerveux.

-C'est comme ça que tu me vois ?

-Vous. Je pense que nous n'avons pas encore passé l'étape du vouvoiement.

Voilà quelque chose qui m'en a bouché un coin. J'utilisais toutes mes forces pour rester calme et de ne pas lui dire quelque chose que j'allais regretter.

-Ok. C'est comme ça que vous me voyait ?

-C'est que vous avez montré.

-Tu es qui pour me juger.

-Vous.

-Je m'en fous de ton vouvoiement, je te tutoie si j'ai envie de te tutoyer.

J'enchainai automatiquement avant qu'elle ne réplique.

-Quand je t'ai vu, je pensais que tu étais une fille intelligente mais là je vois que j'avais tort. Mais c'est quoi cette mentalité à 2 balles.

-Je vous interdis de m'insulter.

-Et moi je t'interdis de penser que si j'en suis arrivé là c'est parce que je n'étais ni plus ni moins que le fils de mon père. J'ai bossé durant toute ma scolarité et mon boulot est et sera toujours ma priorité. Avant d'avoir des idées arriérées sur les personnes, il faut apprendre à les connaitre.

-Où étiez-vous ?

-C'est par là qu'il fallait commencer.

-Ça ne répond pas à ma question.

-J'étais parti voir une de nos associés qui a brusquement décidé de changer nos plans. Comme tu peux le constater, j'étais pas parti prendre un café avec un promotionnaire.

-Quand vous aurez fini, appelez-moi.

Et elle s'en est allée tout simplement. Je pensais avoir mérité des excuses.

C'est vrai que j'avais fait l'impasse sur le fait que l'associé en question était mon ex. C'était pas important, le fait est qu'elle s'est gourée et qu'elle n'avait aucun droit de m'agresser.

J'allais pas passer plus de temps à me demander ce qu'elle devait faire ou qu'elle n'a pas fait, j'avais un travail à finir.

*******

Comme si de rien était, on a reparlé des différentes propositions de Fatou Kiné. Cette tactique c'est moi qui l'avait inventé. Quand on ne voulait pas parler de choses inconfortables, on passait outre. C'était exactement ce qu'elle était en train de faire.

Pour revenir à ses propositions, il y en avait une qui était très intéressante et j'avais prévu d'en parler avec mon père.

-Surtout n'oublie pas de lui dire que ça vient de moi...Précisa-t-elle.

-Je pense ne pas avoir besoin de m'accaparer le travail des autres. Bien sûr que je lui dirai.

-Je suis désolé.

Enfin des excuses. C'était pas trop tôt.

-Désolé ???

-Oui, c'est ma première semaine. Je suis tellement préoccupée à faire bonne impression. Je veux pas perdre ce travail.

-Non tu le perdras pas. Mon père est sous le charme.

-Je ne remercierai jamais assez. J'ai besoin de ce travail. J'étais très énervé contre toi quand tu avais affirmé ne pas avoir besoin de moi.

Je me rappelai de notre premier rencontre.

-Je peux être un vrai con quand je m'y mets.

-Admettre qu'on a un problème est la première étape vers la guérison...Sourit-elle et son rire est contagieux.

-J'ai pas compris. Comment peux-tu avoir besoin d'un travail si tu en as déjà un ?

-Même si on a le travail le plus extra du monde, parfois on est dans l'obligation de démissionner. Quand on est soutien de famille, le chômage est un luxe qu'on ne peut pas se payer.

Comme ça, elle était soutien de famille. Elle venait de grimper encore plus dans mon estime.

-Si c'est pas indiscret, pourrais-je savoir ce qui te dérangeait dans ton travail ?

-Oui c'est indiscret...Dit-elle en se levant...Vous me tenez au courant.

-Bien sûr...Dis-je avant qu'elle ne sorte de mon bureau.

Sans attendre j'appelai Moctar.

Avant qu'il ne dise quoi que ce soit, je déballe.

-Fatou Kiné vient de me dire qu'elle était obligée de démissionner, tu sais pourquoi ?

-J'allais t'appeler pour te dire que tu avais commis une grosse bourde.

-Quelle bourde ???

-Depuis que Kiné est partie, ça jase dans les couloirs et j'ai eu écho de quelques infos.

-Quelle info ?

-Il se trouve que son ex est notre vice-président.

-Et c'est qui ce vice-président ?

-Le fils de notre bosse.

Les mots de Moctar raisonnaient dans ma tête.

Comment parviendrais-je à séduire une fille qui me voyait comme le reflet du type qui lui avait brisé le cœur ?

-Je suis foutu.

            
            

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