Un stupide pari
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Chapitre 3 Chapitre 03

Chapitre 3

Je pense qu'une petite mise au point s'impose. Comme vous devriez le comprendre, je connaissais Fatou Kiné. En outre, « connaissais » il fallait le dire vite car je ne l'avais vu qu'une fois à tout casser et ça s'était très mal passé. En effet, il y avait quelques mois de cela, mon père me convoque à son bureau. Je n'avais aucune idée de pourquoi il voulait me voir donc j'ai fait aussi vite que j'ai pu pour aller le voir. A ma grande surprise, il n'était pas seul ; une demoiselle était avec lui. Il fallait avoir de la merde dans les yeux pour ne pas remarquer qu'elle était d'une beauté déstabilisante pour ne pas dire affligeante. Ok j'exagère mais vous comprenez ce que je veux dire. Elle était habillée en tailleur, les cheveux coiffés en chignon. J'avais très vite compris que c'était pour un entretien d'embauche. Je lui ai tendu une main qu'elle a serrée, j'ai pris place avant de demander à mon père pourquoi il m'avait convié. Deuxième surprise en moins de 5 mn, mon père me fit.

-Mon fils, si je t'ai appelé c'est parce que je sais tu as énormément de travail, que je t'en demande sans doute beaucoup, beaucoup trop. Je me suis dit il y a peu que tu avais besoin d'un associé, de quelqu'un avec qui tu partagerais les différentes tâches.

En apparence, j'étais très calme mais je vais vous dire le foutoir qui était dans ma tête. « Mais ce vieux est complètement malade ou c'est comment que ça se passe. Comment ose-t-il me demander de partager mon travail ? Mon bébé ? Lui a-t-on demandé de partager ses bénéfices à la fin du mois ? Lui a-t-on demandé de partager son épouse ? Je parle de celle qui a mon âge, hein, pas de ma mère. M'a-t-il déjà entendu me plaindre ? D'ailleurs même j'ai pas plus de travail que n'importe quelle autre personne dans cette boîte pour qu'il puisse avoir la mauvaise idée de coller une associée au train. »

-C'est toi que j'écoute...Finit-il par dire face à mon mutisme.

-Si je comprends bien cette minette est là pour travailler avec moi.

J'avais pas dit « minette » parce qu'elle avait l'air d'une ado mais simplement pour être désagréable et la rabaisser.

Elle avait rien dit pour me contrecarrer. Tout ce que j'ai eu c'était un petit sourire au coin des lèvres et une tête qu'elle a secouée légèrement.

-Habib.

-La dureté de mon travail me concerne et je sais comment le gérer. J'espère que tu n'as pas dit, oui car tu vas être obligé de revenir sur tes paroles. Autre chose, la prochaine fois que tu auras la mauvaise idée de me trouver une collaboratrice arrange-toi à ce qu'elle ressemble à un vrai magnat de la finance et pas à ça.

Avant que mon père ne mette autre chose sur la table, je m'étais levé avant de sortir du bureau. Je ne l'avais pas revue. Je ne connaissais même pas son prénom. Pour moi ce n'était d'aucun intérêt. Elle était pour moi juste le genre de fille que je voulais sur mon lit et pas dans mon bureau.

Je voulais pas d'associé et j'étais très énervé que mon père ait pris une telle décision sans même me concerter. S'il y a une des choses qui faisaient que j'aimais mon travail était que j'étais seul. Je me débrouiller seul, sans compte à rendre à personne. Mon père me faisait entièrement confiance et prenait chacune de mes propositions. J'aimais les choses telles qu'elles étaient et je voulais pas de changement.

Après avoir été très grossier avec Fatou Kiné, me voilà en face d'elle pour lui proposer de travailler avec moi.

Après quelques secondes, je me demandais ce que j'étais en train de foutre. J'étais en train d'engager une femme avec l'intention de coucher avec elle. Tout comme j'en avais parlé avec Issa, on ne couche pas avec les collègues. De la même façon qu'on ne chie pas là où on mange, on ne baise là où on bosse. Qu'étais-je en train de foutre ?

-Et vous venez jusqu'à mon entreprise pour me le dire ?

-J'ai compris que mon comportement n'était pas justifié et je vous devais des excuses. Je devais pas...

-Habib...Moctar me stoppa au moment où j'étais en train de formuler des excuses qui n'était pas sincère.

Je retournais pour regarder Moctar avant d'entendre la secrétaire dire quelque chose à Kiné d'une voix très basse qui m'a empêché d'entendre ce qu'elle a dit. Elles partirent toutes les deux.

-Donc t'es venu ?

-Tu pensais que j'allais me défiler ? Où est ton bureau ?

-On y va.

Nous nous rendions au bureau de Moctar et dès que je me suis assis, j'ai commencé à parler.

-Je la connais, putain, je la connais.

-Comment ça tu la connais ? S'il te plait, ne me dis pas que tu as déjà couché avec elle.

-Arrête de faire l'idiot. Si j'avais déjà couché avec elle, crois-tu vraiment que je ferai cette tête de déterrer.

-D'où tu la connais ?

-Tu te souviens quand je t'avais dit que mon père voulait que je travaille avec quelqu'un.

-La fille hyper bandante ?

Cet idiot éclata de rire. Je lui jetai un regard assassin.

-Non mais attends, je savais pas que Fat Kiné voulait trouver un nouveau travail.

-Il semblerait que ton bosse ne paie pas assez bien.

-On ne plaint pas.

-Le fait est que je suis presque sûr qu'elle me déteste.

-Voilà qui rend les choses intéressantes.

-Si tu n'as rien d'intelligent à dire s'il te plait, tais-toi.

-Tu abandonnes ?

-Ai-je la tête d'un looser ? Ça me prendra seulement plus de temps que prévu mais tu verras que je réussirai.

-Comment tu vas faire ?

-D'abord, je compte lui donner ce qu'elle voulait.

-Je pensais qu'on ne baisait pas le personnel ?

-L'exception confirme la règle.

Mon portable sonnait et c'était Issa. Pourquoi il aimait me faire chier ?

Je répondais et il avait besoin de moi m'obligeant à écourter ma visite. Quand je suis sorti du bureau de Moctar, je voulais parler une dernière fois avec Kiné mais elle était plus là.

Quand je suis retourné dans mon bureau, j'ai mieux réfléchi à tout ça et je me suis dit que c'était peut-être mieux qu'elle m'ait pas dit oui. Rien ne m'obligeait à travailler avec elle pour l'avoir. Je trouverais bien un moyen. J'étais pas novice dans la drague et je savais comment procéder pour avoir ce que je voulais.

*******

Tout comme chaque lundi matin, je devais voir avec ma secrétaire le planning de la semaine.

En passant, elle doit être la seule femme très bonne à préciser que je côtoie sans aucune envie de coucher avec elle. Une bonne secrétaire ne pousse pas dans les rues. Tout comme moi, elle est très pointilleuse dans tout ce qu'elle fait. Elle est différente de toutes ces brebis galeuses qui pensent que pour atteindre le sommet, il suffit de d'enlever ses vêtements.

On a fini alors qu'elle s'apprêta à sortir de mon bureau, elle me précisa.

-Je ne sais pas si vous avez eu message.

-Quel message ?

-Votre père nous a tous convié dans la grande salle tout à l'heure pour nous présenter la nouvelle.

Je me souviens que mon cœur avait fait un loupé. Je doutais que ce n'était pas une coïncidence. Je proposais un travail Fatou Kiné et lundi mon père a une nouvelle à nous présenter.

Ma secrétaire était partie mais je ne pouvais me concentrer sur ce que j'avais à faire.

Comprenant que ce que je faisais ne server à rien, je me résignai à aller dans le bureau de mon père.

Vous vous pouvez le deviner, j'ai retrouvé une Fatou Kiné dans la même position qu'il y a quelques mois.

-Ah, Habib. J'allais t'appeler.

-Bonjour...Saluai-je.

-Bonjour...Me répondit-elle et je pris place.

-Quand Fatou Kiné m'a appelé pour me dire que tu étais venu la voir, j'étais déconcerté mais après j'ai compris. Il t'a fallu du temps mais tu as bien su que t'avais besoin d'aide.

-C'est ça, oui...M'empressais-je de dire.

-Je te connais et je sais que tu n'es pas allée la voir comme ça. Je sais que tu as des recherches sur elle et que tu as compris qu'elle avait déjà fait ses preuves.

Je confirmais les dires de mon père alors qu'en réalité je n'avais aucune idée de ce que Fatou Kiné avait réalisé. Mais je n'allais quand même pas lui dire que je l'avais engagé sur un coup de tête ou encore pour réussir mon pari.

-Je suis sûr que vous allez bien vous entendre. Je sais que Kiné atteindra le sommet et qu'elle amènera notre entreprise dans son envol.

La question que je me posais à cet instant était qu'est-ce qu'elle avait bien pu faire pour mériter de telles éloges. Je n'avais aucune idée de son âge mais elle avait l'air jeune. Il faut 5 ans pour avoir un master de finance. Même si elle avait eu le bac à 18 ans, elle n'avait pas encore eu le temps de réaliser des choses extraordinaires pour mériter tout ça. L'expérience, ça s'acquiert dans le temps.

J'avais pas parlé de son travail avec Moctar mais il fallait que je le fasse. Je devais savoir à qui j'avais affaire.

Je me suis excusé et je suis retourné dans mon bureau. J'avais du travail et les présentations de la nouvelle collègue, je m'en passerai bien.

*******

-Je pense JLP peut être un acheteur potentiel et surtout on peut avoir un bon prix.

-Oui, je vois.

Si je vous disais que c'était la seule phrase que j'avais entendu, vous me croirez?

Elle me regardait attendant une réponse mais je ne savais que dire.

Nous avons commencé à travailler le lendemain de sa venue dans l'entreprise et elle me faisait un topo des acheteurs.

Ça faisait 30 mn qu'elle me parlait et vous savez ce que je faisais au lieu de l'écouter, je me concentrais sur sa bouche et je me demandais comment elle serait avec mon sexe à l'intérieur. Je suis presque sûr qu'elle sait bien pomper mais il faut tester pour en avoir le cœur-net.

Je quittais sa bouche pour regarder ses seins. Putain !!! Ni trop petits, ni trop grands. La bonne taille quoi.

Elle a commencé à parler d'un autre au moment où je remarquais dans mon pantalon, un début d'érection. Bordel de merde !!! Je me sentais comme un ado en manque. Ça fait des années que j'ai pas eu d'érection spontanée.

Je cherchais dans ma tête la façon d'empêcher cela et de faire en sorte que ça ne se reproduise jamais. Je contrôle mes pulsions et je ne les laisse pas me contrôler. Ma vie est ce que je décide d'en faire, rien ni personne ne peut choisir à ma place. Je suis ce que je veux être et rien d'autres. Je me répétais ces choses dans ma tête car la dernière chose que je voulais c'était que Kiné me voit comme un obsédé qui saute sur tout ce qui bouge.

-Je pense que ça m'aiderait que vous arrêtez avec tes « oui », « ok », « je vois ». Et que vous me disiez ce que vous en pensez vraiment.

-Euh.

-Monsieur Cissé. Si je suis là c'est pour qu'on discute, pas pour m'entendre faire un monologue. Si mes idées ne sont pas assez bonnes pour vous, vous pouvez me le dire. Je suis pas une gamine qui n'accepte aucune critique.

Je n'allais pas critiquer son travail je ne savais même pas ce qu'elle avait fait.

-Je pense que le mieux est que tu me laisses le document ici comme ça je le lirai et je te dirai après ce que j'en pense.

-D'accord.

Elle m'a remis le document avant de se lever de la chaise et sortir du bureau.

Avant qu'elle ne franchisse la porte, je profitai bien du spectacle. Son pantalon moulait parfaitement ses fesses et j'ai bien regardé.

Je me suis également levé mais c'était pas pour sortir mais pour faire les cent pas dans mon bureau. J'avais l'impression d'être un putain d'obsédé. Mais qu'est-ce qui m'arrivait ?

Peut-être que ce qui m'excitait était le pari en lui-même. Peut-être aussi que c'était le fait que j'avais l'impression de n'avoir aucun effet sur elle.

Quelqu'un toqua.

-Entrez.

C'était Issa.

-Tu as parlé avec Natacha ?

-Pour lui dire quoi?

-De quoi avons-nous parlé dimanche ?

-De cette folle qui foutait la merde.

-Donc je n'ai pas besoin de te rappeler qu'elle a remis en question tous nos accords.

-Elle peut pas faire ça.

-Si, on avait rien signé. Je pense que la meilleure chose à faire c'est de lui donner ce qu'elle veut.

-Pourquoi ne pas me demander de jouer à la prostituée masculine pendant que tu y es ?

-Je n'ai pas dit ça.

-Tu me demandes de lui donner ce qu'elle veut et tu sais bien que si elle se donne en spectacle c'est parce qu'elle a pas digéré notre rupture.

-T'avais qu'à te contenir et ne rompre avec elle quand nos accords se seront officialisés.

-Tu sais quoi ???Dis-je en me levant...Je vais lui parler. Je sais déjà que tu ne me lâcheras pas avec cette histoire.

-Je ne demandais que ça...Me répondit-il juste avant que je ne quitte mon bureau.

            
            

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