Chapitre 4 Chapitre 4

Savoir qu'un Loup la voit comme une femme et pas comme la futur Reine, me comble de joie, c'est vraiment une bonne chose, une très bonne chose.

- Il m'a demandé de danser avec lui au bal ce soir, dit-il presque timidement. Je suis pas sûr que ça soit une très bonne idée. Je devrais sûrement lui dire non.

- Tu rigoles j'espère. Tu vas danser avec lui et tu vas en profiter jusqu'à ce qu'il reparte. Elles seront toutes jalouses de toi et du beau gosse qui sera à ton bras et je peux te dire que ça sera bien fait pour elle.

- Rappelles moi pourquoi ton père a organisé ce bal déjà ?

- On célèbre l'arrivé d'un nouvel Alpha et je soupçonne mes parents de faire en sorte qu'on rencontre des Loups d'autres meutes pour nous laisser une chance de trouver nos compagnons.

- Ça n'est pas mon compagnon, j'en suis sûr, dit-elle en se redressant.

- Et alors ? C'est pas grave, c'est pas parce qu'on est des Loups qu'on ne doit rencontrer personne avant de trouver le bon. Regardes Davon, tu crois qu'il se gêne. Tout les quatre matin il a une fille différente au bras et j'ai pas l'impression que ça le dérange, pas plus qu'elles d'ailleurs. Tu vas aller à ce bal et tu vas t'amuser ma grande. Toi et moi on va faire un carton ce soir, dis-je en lui souriant.

- T'as raison. Je vais y aller et je vais danser avec elle et je me fou de ce que les autres vont en penser, dit-il en tendant son poing vers le plafond.

- À nous deux, dis-je en l'imitant.

- À nous deux.

Nous quittons sa chambre après nous être rapidement habillée et filons en cuisine où nous trouvons ma mère.

- Bonjour les filles, bien dormit ?

- À mon avis Ambre a très bien dormit, je suis même sûr qu'elle a fait de beaux rêves, dis-je en lui donnant un coup de coude.

- J'en déduis que ta petite promenade avec Adrien s'est bien passée, reprend ma mère en se servant une nouvelle tasse de café. C'est bien, je suis heureuse pour toi Ambre, c'est un bon Loup tu sais, bien sûr quand je suis partie de la meute, il n'était encore qu'un enfant, mais je connaissais bien ces parents et d'après son Alpha, il semblerait qu'il soit très performant et très apprécié dans la meute.

- Il est gentil, j'aime bien parler avec lui, c'est facile, déclare Ambre en faisant sourire un peu plus ma mère.

- Et c'est très bien, profites en Ambre, amuses toi.

- C'est exactement ce que je lui ai dis, d'ailleurs il l'a déjà invité à danser avec lui ce soir, je te dis pas le nombre de jalouses qu'elle va faire.

Elle soupire alors que ma mère rit et nous continuons à parler durant de longues minutes jusqu'à ce que mon père entre à son tour. Aussitôt, je sens Ambre se tendre, en générale, elle fait tout pour éviter mon père, mais cette fois, elle s'est laissé aller avec nous et en a oublié ces précautions qu'elle s'impose depuis des années. Elle baisse rapidement la tête en fuyant le contact visuel avec lui. C'est comme si tout à coup, un vent glacial était entré dans la pièce mais au même moment, Adrien arrive à son tour et salut tout le monde avant de déposer un baiser sur la joue de ma cousine.

- J'étais en train de te chercher, lui dit-il alors que je ne peux m'empêcher de sourire. Tu as des obligations où tu es libre ?

J'avoue qu'il ne perd pas de temps et en même temps, c'est sûrement ce qu'il lui faut, un Loup qui prend les devant, un Loup dont les yeux brillent quand il les pose sur elle. Voyant qu'elle ne répond pas, je le fais à sa place.

- Elle est entièrement libre mais tu me la ramènes au moins deux heures avant le bal qu'on puisse se préparer.

- Hé, proteste t-elle, ça va aller oui ?

- Quoi ? Tu répondais pas, je l'ai fais pour toi. Tu me remercieras plus tard, dis-je en lui faisant un clin d'œil.

Elle lève les yeux au ciel alors qu'il attrape sa main pour la tirer hors de la cuisine.

- Elle grandit, déclare ma mère en essuyant une larme qui coule sur sa joue. D'ici peu, nos enfants prendront leur envole.

- Et nous, on pourra penser à nous, répond mon père en la prenant dans ces bras avant d'embrasser son cou un peu trop longtemps à mon goût.

- Sérieux, vous avez une chambre pour faire ça. Je vais finir traumatisé, dis-je en jouant faussement la comédie. Sur ce, je vais aller essayer de chasser cette image de ma tête.

Je commence à m'éloigner et quitte la cuisine tout en restant à proximité. Je ne sais pas pourquoi je ne pars pas immédiatement, mais en entendant la voix de mon père, je comprends que j'ai raison.

- Je comprends triste, mais c'est pour son bien, tu le sais autant que moi.

- Je sais quoi ? Que cette meute pour laquelle je donnerai tout n'est pas capable de l'accepter comme elle est, pour ce qu'elle est surtout après ce que ta mère et ta sœur on fait pour nous. Je suis désolée, mais je suis furieuse.

- On ne peut pas maîtriser ce que les autres pensent. On ne peut pas les obliger à ne pas avoir peur. Ils ont leur raison de la craindre.

- Des raisons qui ne sont pas justifiées, tu le sais aussi bien que moi, personne n'a laminé Célia quand elle a été à deux de déraper et pourtant, la maison reste la meilleure preuve de ce qu'il s'est passé ce jour là.

- Je ne peux rien faire de plus, je suis désolé.

- Au moins le courant semble bien passer avec Adrien, c'est déjà ça.

- Tu verras, ça lui fera le plus grand bien.

- Laissons lui la journée, on lui parlera demain, dit ma mère en soufflant.

- Très bien, on lui parlera demain.

Je ne suis sûr de tout comprendre mais comme je le pensais depuis quelques temps, mes parents nous cachent quelque chose qui concerne Ambre. Une boule se forme au creux de mon ventre alors que je m'éloigne rapidement. Qu'est ce qu'ils mijotent ? Pourquoi ont-ils parlé d'Adrien ? Je me dirige vers la chambre de mon frère et le trouve en train de finir de s'habiller.

- Et sinon, frapper à la porte ? C'est un concept que tu connais ?

- Écoutes, je te demande jamais rien.

- Hé bien continues comme ça parce que c'est mort, je te branche pas avec un de mes potes.

- Ça n'a rien à voir avec ça Davon, je suis sérieuse. Tu sais des choses sur la meute que j'ignore. Notre père te forme déjà pour prendre la suite.

- Où tu veux en venir ?

- Qu'est ce qu'il se passe avec Ambre ?

Il soupire avant de s'asseoir sur son lit en regardant le sol.

- Qui t'en as parlé ?

- Personne, je viens de surprendre une conversation entre nos parents. Donc tu es au courant.

- Oui, je le suis et je t'avoue que je suis partagé, mais ça n'est pas ma décision.

- De quoi tu parles, expliques moi.

- Ce que je vais te dire doit rester entre toi et moi, on est d'accord ?

- On est d'accord !

- Depuis la cérémonie où nos Loups se sont dévoilés, il y a eu beaucoup de réactions. Sa Louve est tellement imposante , son pelage, la couleur de ces yeux, c'est un condensé des deux précédentes générations. Eden et sa mère. Une combinaison remarquable alliée à une force redoutable. La meute a peur, peur qu'elle perde le contrôle, peur qu'elle détruise tout y comprit nous. Ici, elle ne sera jamais heureuse. Nos Loups continueront à la fuir, à la craindre, personne ne pourra jamais oublier ce qu'il s'est passé à la mort de ces parents. On dit que le temps fait son œuvre, mais cette fois, le temps ne permets pas d'effacer ce qu'il s'est passé. Alors notre père a eu une idée, lui offrir une chance de recommencer ailleurs, dans une autre meute qui n'aura pas autant de préjugé et qui serait heureuse d'accueillir notre futur Reine.

- Ils veulent la faire partir ?

- Dans l'ancienne meute de notre mère. Ils pensent que là bas, elle pourra s'épanouir et avoir une chance d'être heureuse.

- Non, c'est n'importe quoi. Ils ne peuvent pas l'éloigner, c'est comme ma sœur.

- Je sais, écoutes, je n'aime pas la méthode mais notre père n'a pas complètement tord. Tu tiens beaucoup à elle alors toi aussi tu dois vouloir ce qu'il y a de mieux pour elle, et ce qu'il y a de mieux c'est peut être qu'elle puisse se promener sans être dévisagée, qu'elle puisse marcher sans entendre murmurer sur son passage, qu'elle puisse tout simplement vivre et un jour trouver son compagnon.

- Le Bêta est au courant ?

- Adrien ? Non, seul son Alpha le sait, lui visiblement, il a juste craqué sur elle. Ce qui peut se comprendre, elle est devenue très jolie avec les années mais ici, personne ne l'aborderait. Elle resterait seule et isolée, sans autre amie que toi et sans la possibilité de devenir la femme qu'elle devrait être. Les parents ont reçu beaucoup de demande d'autres meutes afin de lui faire rencontrer des Loups. Ici elle n'est pas à sa place alors qu'elle pourrait l'être partout ailleurs et vivre vraiment différemment.

- Tu as peut être raison, mais ça ne change rien, la moindre des choses aurait été de lui demander son avis. C'est une personne, pas un objet. Elle a le droit de donner son opinion.

- Comme je te l'ai dis, je ne suis pas fan de la méthode employée, mais je n'y peux rien, ça n'est pas moi qui décide.

Je quitte sa chambre sans me retourner. Il ne m'a rien dit alors qu'il savait, alors qu'il connaît la force de ce qui nous unit toutes les deux. Je cours jusqu'à ma chambre en bousculant une Louve au passage et claque la porte derrière moi avant de m'effondrer sur mon lit. Mon ventre se tord douloureusement, je ne veux pas la perdre, je ne veux pas qu'elle parte. Ma gorge se noue et bien que j'essaye de me contenir, mes larmes débordent et coulent sur mon oreiller. Sans elle, ça va être l'enfer.

POV Adrien

Je sais que je ne lui ai pas vraiment laissé le choix, mais je suis heureux de sentir sa main dans la mienne alors que nous déambulons dehors. Elle est toujours aussi silencieuse, ce qui ne me gêne pas tant que ça. C'est étrange, je sens qu'elle est vraiment différente, bien plus forte que ce qu'elle veut bien laisser paraître et pourtant, avec moi, elle semble presque fragile, innocente, limite perdue quand je m'approche un peu trop d'elle.

J'ai pensé à elle toute la nuit, à sa timidité alors que son corps ne demandait qu'à me répondre, à la chaleur de ces lèvres contre les miennes pendant que ces bras me rapprochaient un peu plus d'elle. Elle me plaît beaucoup et même si je sais qu'elle n'est pas ma compagne, j'ai envie de faire un bout de chemin avec elle.

Nous continuons à marcher quand je sens le regard des autres sur nous, sur elle. Ils l'observent comme si ils la craignaient, comme si elle était une sorte de monstre ignoble qui risquait de les attaquer à tout moment. Je suis assez surpris de ce comportement, les Loups sont censés être solidaire, surtout quand ils font partie de la même meute. Elle baisse la tête pour ne pas les voir ce qui ne me plaît pas du tout.