Chapitre 4 Chapitre 4

J'entre dans la librairie et je ferme la porte derrière moi, Pénélope et Léa me regardent d'une drôle de manière.

- Hey ça va ? Me demande Pény.

- Bien sûr ! Pourquoi ça n'irait pas ?

- Eh bien tu m'as l'air en colère.

- Qui ça moi ? Mais pas du tout.

- Tu sais que tu peux m'en parler si tu as le moindre problème.

- Oui Pénélope je le sais dis-je en souriant.

Pénélope et moi nous sommes beaucoup rapprochées. Depuis la mort de son amie, nous sommes comme des sœurs, je peux dire sans aucun doute que je n'ai jamais eu d'amie de toute ma vie, mais maintenant elle est là. Je l'ai aidé à surmonter le décès de sa meilleure du mieux que j'ai pu et elle m'a en quelque sorte aidé à ne pas trop ressentir l'absence de Mich.

Après son départ, je me suis sentie trahie, comme si je perdais encore une autre partie de moi.

Je lui en ai voulu, je me sentais tellement seule. Tous les jours j'allais prendre soin de sa maison, j'avais l'infime espoir qu'il reviendrait un jour. J'y croyait vraiment, mais maintenant qu'il est là, une part de moi refuse de lui parler, de le voir. Je me tourne vers l'arrière boutique, la librairie de Pénélope a été saccagée il y'a de cela un an.

Mais Calvin l'a fait reconstruire, Pénélope y tient beaucoup, elle est comme son troisième enfant, de temps en temps lorsque je n'ai rien à faire, je viens ici l'aider surtout lorsque Sacha est à l'ecole. Je regarde à travers la fenêtre, cette sensation que je ressens à chaque fois que je vois Mich et qui me trouble a recommencé dès l'instant où je l'ai revu. J'ai commencé à ressentir ça des années après la mort de Simon. Mich a toujours été quelqu'un d'attentionné, il s'est toujours préoccupé de moi et tout s'est mélangé dans ma tête. J'ai commencé à ressentir des choses qu'il ne fallait pas. Un désir malsain pour le meilleur ami de mon défunt mari. Je voulais ses bras sur moi, je rêvais souvent qu'il me touche, qu'il me fasse des choses interdites, je voulais vibrer à nouveau, mais que pour lui, parce que j'étais tombée amoureuse de lui. Mais j'ai toujours eu peur du qu'en dira t'on, alors j'ai passé tout mon temps à enfouir tous ces sentiments, à faire comme si je ne l'aimais pas. Jusqu'à ce qu'il rencontre Annie, la meilleure amie de Pénélope.

C'est peut-être pour cette raison que je ne m'ouvre pas totalement à elle, j'ai honte d'avoir éprouvé des sentiments pour le copain de sa meilleure amie. J'ai vu leurs sentiments grandir, cette complicité qu'ils avaient j'en étais morte de jalousie. Et quand ils se sont installés ensemble, j'ai essayé de commencer à m'éloigner d'eux.

J'ai pris mes distances avec Mich, j'ai arrêté d'aller en mission avec lui, j'ai demandé à ce qu'on me le retire comme coéquipier, mais il est venu me retrouver pour me demander ce qui n'allait pas. Je lui ai dit que tout allait bien, qu'il n'y avait aucun problème, parce que tout ce que je ressentais était à sens unique, il n'avait pas de sentiments pour moi et moi je mourrais d'amour pour lui. Mais alors que je pensais super bien cacher mes sentiments, Annie est venue me retrouver pour me demander si j'avais des sentiments pour Mich. Je me souviens encore de cette conversation. J'étais à l'atelier, je travaillais sur un meuble.

- Bonjour Cora.

Je m'étais tournée vers la porte d'un air interrogateur.

- Annie ? Euh bonjour puis-je t'aider ? Dis-je en essuyant mes mains sur le torchon devant moi.

Elle semblait gênée d'être venue me voir et n'arrêtait pas de regarder partout autour de nous.

- Il y'a un problème ?

- Je suis venue te parler.

- D'accord vas-y je t'écoute.

- C'est au sujet de Mich.

Tout mon corps s'est tout à coup crispé. Je me suis immédiatement refermée.

- Y a-t-il un problème avec Mich ?

- C'est à toi que je suis venue poser la question.

- Je ne comprends pas.

- Oh que si, tu comprends très bien. Je veux savoir si tu as des sentiments pour lui.

Mentir n'était pas dans ma nature, alors je me suis juste contentée de me taire, sans rien dire.

- Je le savais à t'elle hurler.

- Je n'ai rien accepté.

- Mais tu n'as pas démenti non plus. Alors ça veut dire que c'est vrai.

Elle avait posé son sac sur le plan de travail et s'était approchée de moi.

- Pourquoi tu fais ça ?

- Mais de quoi tu parles ? Je n'ai absolument rien fait.

- Si. Tu es entrain de détruire notre couple.

- Je ne vois absolument pas en quoi est-ce que je détruis ton couple.

Tu t'éloigne de Mich, lui il se fait du souci pour toi, il ne comprend pas pourquoi il est entrain de perdre son amie. Et j'en ai marre de le rassurer qu'il n'a rien fait de mal.

- Si je m'éloigne c'est justement pour que vous puissiez vivre votre relation.

- Pourquoi depuis toutes ces années c'est maintenant que tu te rends comptes de tes sentiments à l'égard de Mich. J'ai toujours su que j'avais des sentiments pour lui, c'est compliqué.

- Compliqué ? Ça fait des années que j'essaye d'avoir une relation avec Mich, mais c'est quelqu'un de tellement sensible qu'il n'a jamais eu le courage de venir me parler par lui-même. Je ne vais pas te laisser tout gâcher maintenant que les choses vont bien entre nous.

- Mais pourquoi refuses tu de comprendre que si prends mes distances c'est justement pour que vous puissiez vivre heureux tous les deux ?

Elle baissa sa tête et regarda ses pieds.

- Je crois qu'il souffre autant parce qu'il a des sentiments pour toi.

- Tu ne sais pas ce que tu dis. Dis-je en me tournant vers la table pour ramasser les gants.

- Écoutes, je suis tout simplement venue te dire que même si Mich a des sentiments pour toi, je me battrai pour qu'il t'oublie. Car si tu l'aimais un temps soit peu comme moi je l'aime, tu te serais battue pour lui. Alors sache que je ne le perdrai pas à cause de toi.

Elle avait dit cela, puis avait pris son sac et était sortie, me laissant là plus perdue que jamais. Mich qui aurait des sentiments pour moi, ça ne pouvait absolument pas être vrai. Nous avons eu cette discussion quelques jours avant sa mort. Et j'y repensais sans cesse.

Je suis ramenée au présent par Pénélope.

- Cora qu'est-ce qui ne va pas ?

- Aujourd'hui c'est l'anniversaire de la mort de Simon. Prétextais je.

- Oh ma chérie dit Pénélope en venant me prendre dans ses bras. Tu ne dois pas rester seule un jour comme celui-ci.

- Ça va aller ne t'en fais pas. Bien sûr que si je vais m'en sortir ça fait dix ans maintenant. Je crois pouvoir m'en sortir toute seule.

- Cora on ne s'habitue jamais à ce genre de douleurs, crois-moi je suis bien placée pour le savoir.

- Que dirais-tu si Sacha et toi veniez manger à la maison ?

- Non Pénélope ce n'est...

- Ah Cora arrête un peu et laisse un peu les gens qui t'aiment s'occuper de toi. Viens manger à la maison, Cal et moi nous ferons un plaisir de te recevoir.

- D'accord merci. Je vais passer ce soir avec Sacha.