Le lendemain matin, après avoir fini de discuter avec ma mère, j'accepte finalement de rencontrer Nicolas dans un café pour parler de cette histoire de garde du corps. Je ne suis pas très à l'aise avec tout ça. J'ai toujours été très proche de mon public et je n'ai jamais eu besoin de garde du corps pour quoi que ce soit. C'est vrai qu'actuellement les enjeux sont différents. Une folle excentrique s'est mise en tête que je lui appartiens.
La célébrité a ceci de contraignant qu'une fois que tu es célèbre, tu appartiens à tes fans et plus à toi-même. C'est face à ce type de situation que je comprends souvent la décision de Tessa quand elle a dit ne pas avoir sa place dans mon monde. Je pousse un soupir et je descends du lit, je suis crevé, je suis rentré hyper tard hier, après avoir nettoyé mon casier je suis allé encore m'asseoir avec mes musiciens, nous avons descendu encore quelques bières. J'ai essayé d'enquêter pour savoir si le gardien avait vu quelqu'un entrer dans ma loge, il m'a rassuré que non. Personne n'est entré dans ma loge.
Cette histoire devient de plus en plus frustrante, ce n'est pas possible que quelqu'un puisse entrer et sortir à sa guise sans être remarqué et surtout sans en être inquiété. Je vais au salon et je trouve que Maro ma gouvernante m'a déjà préparé le petit déjeuner. Je l'en remercie silencieusement et je me sers une tasse de café bien forte, sans sucre. Je me place derrière la fenêtre et je regarde la ville. New-York est une ville bruyante, bien trop loin de mon Colorado natal où l'herbe est verte et l'air pure.
À New-York, toute la nuit vous entendez le bruit des taxis, des voitures, des night-clubs. Dieu merci mon immeuble est insonorisé alors je n'en souffre pas trop. La porte s'ouvre derrière moi. C'est Meghan mon agent et sa sœur Violet.
- Comment va ma poule aux œufs d'or ?
- Je déteste quand tu m'appelles comme ça.
- Mais c'est pourtant ce que tu es.
- Ouais c'est ça. Meghan s'avance vers moi et me dépose deux bises sonores sur les joues.
Elle a vingt-six ans et c'est l'un des meilleurs agents du pays. C'est elle qui m'a repéré quand je chantais dans un bar, j'ai choisis de lui faire confiance et je ne l'ai jamais regretté. Elle a fait décoller ma carrière et a imposé mon style de musique avec celle des plus grands.
Si aujourd'hui je suis riche et que mes enfants pourront vivre heureux avec toutes leurs descendances c'est grâce à elle. Violet est sa petite sœur, elle la traîne partout où elle va. C'est une gamine assez effacée qui a peur même de son ombre. Avec ses énormes lunettes, elle ressemble à une intello. Son regard s'attarde sur mon torse, je baisse les yeux et je me rends soudain compte que je suis torse nu. Je suis assez pudique. Non pas que j'ai honte de mon corps, grand Dieu non, j'ai un corps dont rêveraient toutes les plus grandes stars de cinéma. C'est juste que je déteste le montrer en public, même pour mes séances photos je ne le fais que très rarement. Je me tourne vers la chaise derrière moi et je me saisis du t-shirt qui y est posé et je l'enfile.
- Ton concert privé d'hier à été fabuleux ! Tu as regardé les réseaux sociaux ? On en parle partout.
- Non. Tu sais très bien que je ne vais jamais sur ces trucs, c'est ton job ça.
- D'ailleurs parlant de ça, ce serait bien que tu aies une page Instagram pour pouvoir être plus près de tes fans.
- On en a déjà parlé, ma réponse est et sera toujours non. Pour encore rendre quelqu'un dépendant de moi ? Non merci.
- Quoi ? Dit-elle d'une voix sérieuse. Tu as encore reçu des menaces ?
- Oui.
Elle me regarde d'un air grave et pousse un soupir avant de se tourner vers sa sœur.
- Violet chérie tu veux bien aller me chercher mon agenda dans la voiture je l'ai oublié.
- Bien sûr ! Dit-elle en se dirigeant vers la porte.
Meghan allume une cigarette et en aspire une bouffée avant de me répondre.
- Qu'était-ce cette fois-ci ? Un bouquet de fleurs ? Un animal mort ?
- Tu devrais arrêter de fumer. Et non c'était un mini autel fait à mon nom avec assez de peinture rouge pour faire croire à du sang.
- Un autel ? Rien que ça ?
- Oui. Ma mère est inquiète.
- Oh bien sûr, pauvre maman.
- Ne parle pas ainsi de ce que tu ne connais pas.
- D'accord ! Je ne voulais pas mal parler de ta mère . Laisse-moi juste voir ce que je peux faire.
- C'est tout vu. Maman a contacté une agence de protection.
- Quoi ? Demande Meghan en s'avançant vers moi. C'est mon job ça. Ton image est celle d'un artiste libéral qui ne fait pas dans la convention, si tu te trouves des gardes du corps tu seras moins accessible pour tes fans.
- Je sais tout ça figure toi. Mais cette personne est entrée chez moi, elle a violé ma vie privée.
- Pourquoi tu ne m'as pas laissé m'en charger ?
- Ça fait des mois que je t'en parle et qu'as-tu fait ?
- Et bien sûr tu es allé voir ta maman ! Je lui en ai parlé et elle au moins à eu l'obligeance de m'écouter et d'essayer de m'aider, pas comme toi qui n'écoute jamais ce que je te dis.
Elle s'approche de moi langoureusement.
- Bien sûr que j'écoute toujours tout ce que tu me dis mon amour. D'ailleurs tu sais, si tu as tous ces problèmes c'est parce que tu n'as pas de femme dans ta vie.
Elle se frotte à moi et me lèche les lèvres. Son odeur de cigarette me monte aux narines.
Meg a toujours été attirée par moi, et ne s'en est jamais cachée, c'est moi qui l'ai toujours repoussé. Mélanger le sexe plaisir et le travail est une très mauvaise idée alors j'ai toujours mis cours à ses avances. Elle commence vraiment à m'exaspérer. Si elle n'était pas la meilleure dans son domaine, je l'aurais viré il y'a de cela bien longtemps.
Quelqu'un se racle la gorge derrière nous.
- Ton agenda Meg.
Elle retire précipitamment ses mains de mon corps et se dirige vers sa sœur.
- Merci chérie. Que comptes-tu faire aujourd'hui Matt ?
- J'irais rencontrer Nicolas. Et comme ça nous pourrons discuter de ce dont je t'ai parlé.
- Bien tu me tiens informée et surtout n'oublie pas que tu as une conférence de presse dans trois semaines.
- T'inquiète je ne compte pas l'oublier.
Sa sœur et elle se dirigent vers l'ascenseur, elle se tourne vers moi et me fait un clin d'œil avant de me dire.
- Appelle-moi.
Je me tourne vers la salle de bain dépité super !
Ma journée commence vraiment bien. Je finis de prendre ma douche et je me prépare pour mon rendez-vous avec Nicolas. 13 heures je suis prêt. Je lui ai donné rendez-vous dans un restaurant pas très loin, un restaurant assez discret où quelqu'un d'aussi célèbre que moi pourra passer inaperçu.
J'enfile une casquette et je descends dans la rue. Ça devient de plus en plus difficile de passer inaperçu pour moi. À chaque coin de rue, à chaque pas des gens me reconnaissent et envahissent mon espace. Pas que je leur en veuille, non mais ils devraient aussi comprendre que même les célébrités ont besoin de rester seules. Je passe devant la réception, la réceptionniste me regarde avec un sourire charmant.
- Bonjour Monsieur Baxter !
Je lui rends son sourire.
- Bonjour Mia.
Je me passe ensuite devant Lincoln, un jeune homme assez aimable qui travaille là comme portier.
- Bonjour Linc alors qui a gagné ? Les Yankee ou les Dodgers ?
- Les Yankee bien sûr.
- Alors je te dois deux cents dollars.
J'ouvre mon porte feuille et je sors la maudite somme de deux cents dollars que je lui remets.
- Merci monsieur. Dit-il les yeux brillants Je lui dépose une tape amicale sur l'épaule et je me dirige vers ma voiture.
Dix minutes plus tard, je suis devant le restaurant, a travers la vitre, je peux voir Nicolas qui m'attend déjà. Il a toujours été réglé comme une horloge, l'un des vices de l'école militaire. J'entre dès qu'il m'aperçoit il se lève, je m'approche de lui et je le prends dans mes bras.
- Mon vieux me dit-il. Putain c'est bon de te voir.
- Tu te rends compte que nous sommes dans la même ville et que nous ne nous sommes jamais vus ?
- C'est surtout de ta faute. Monsieur la super star.
J'éclate de rire et nous nous asseyons.
- Ça fait tout drôle de me dire que je suis là avec toi. Me dit Nick.
- Ouais je sais c'est totalement dingue. Alors comment tu vas ?
- Ce serait plutôt à moi de te poser la question.
- Comment vont ta femme et ta magnifique princesse.
Il sort son téléphone et me montre les photos.
- Regarde, elle a déjà quatre ans.
- Mais non... La dernière fois que je l'ai vu, c'était le jour de son baptême.
- Exactement. Tu te rends compte de quel genre de parrain tu es ?
- Merde ! Merde ! Il faut vraiment que je me rattrape.
- Et interdiction de prononcer de pareils mots devant elle. Les enfants sont de véritables éponges.
- Exactement !
- Et si on parlait de ce qui nous préoccupe ? Ta mère m'a appelé.
- Je sais, elle m'a dit qu'elle allait le faire.
- Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi toi tu ne me l'as pas dit toi.
Dans sa voix, je sens la frustration, et je commence à regretter.
- Suis désolé mec. Ne le prends pas comme ça. J'ai juste banalisé cette affaire, je ne savais pas que ça allait prendre de telles proportions. Je suis vraiment désolé.
- C'est pas grave. Ta mère et moi en avons déjà parlé et j'ai trouvé une solution.
- Laquelle ?
- J'ai déjà mis sur pied toute une équipe. Mais le but ici est de démasquer la personne qui est derrière tout ça pour que nous puissions là stopper avant que cette histoire n'aille trop loin.
-Je suis tout à fait d'accord.
- Alors j'ai mis deux équipes sur pied. Tu auras des gardes du corps et tu auras quelqu'un en particulier qui veillera sur toi en permanence.
- C'est pas déjà ça le rôle des gardes du corps ?
- Mec, tu as reçu des menaces chez toi, dans ton casier, cette personne doit être très proche de toi, donc il te faut quelqu'un qui reste près de toi en permanence.
- Genre ?
- Une petite amie.
- Euh... Je ne comprends pas très bien.
- Un de mes éléments va se faire passer pour ta petite amie et restera avec toi en permanence pour veiller sur toi.
- Je vais devoir habiter avec elle ?
- Oui.
- Purée ! Ma mère est-elle au courant de ça ? Non.
- Je t'avais déjà parlé de ma sœur Emme ?
- Elle est mariée c'est ça ?
- Était... Elle a divorcé il y'a de cela deux ans.
Mon attention est attirée par des bruits derrière nous. Je me retourne comme la plupart des hommes ici présent. Une magnifique jeune femme entre dans le restaurant. Elle est vêtu d'une jupe crayon touge et d'un chemisier noir, ses longs cheveux blonds pendent le long de son chemisier. Elle marche avec tellement d'élégance qu'on dirait un mannequin, elle ne fait qu'un avec le sol, elle semble flotter.
Elle enlève les lunettes de soleil qu'elle porte et secoue la tête, elle plisse les yeux et semble chercher quelqu'un, son regard s'arrête sur notre table et elle se dirige vers nous. Nicolas lui sourit, il semble la connaître.
- Salut dit-elle en déposant un baiser sur sa joue.
Quand elle se courbe, tous les regards masculins suivent chacun de ses gestes.
- Salut lui répond-il. Enfin tu es là. Laisse moi te présenter. Emme voici Matt, et Matt voici Emme ta garde du corps celle qui se fera passer pour ta petite amie. J'avale mon verre d'eau de travers.