- Ah d'accord je ne vois pas où est le problème j'ai souvent l'habitude de ce genre de missions.
- Attends avant d'accepter.
- Quoi ?
Nicolas se lève et vient se placer devant moi.
- Cette mission est un peu différente des autres...
- Pourquoi ?
- Il va falloir que tu assures la sécurité d'un chanteur.
- Sans problème, je devrais juste veiller à ce que rien de mal ne lui arrive, je vérifierais sa loge, sa voiture, je chercherai tout.
- Non mais tu vas me laisser finir ? Je levais les mains au ciel en signe d'approbation. Il ne faudra pas juste que tu assures sa sécurité. Tu vas aussi devoir découvrir qui est la personne qui lui envoie toutes ces lettres de menaces et pourquoi.
- Nicolas jusque là, je ne vois pas bien où se situe le problème. Dis-je en allant me servir un verre d'eau.
- Le problème est que tu vas devoir te passer pour sa petite amie.
Je me fige un moment, je me tourne vers mon frère. Je le regarde étonnée, il doit sûrement me faire une blague. Mais quand je vois l'expression grave de son visage, je comprends tout de suite qu'il ne plaisante pas.
- Quoi ? Mais c'est quoi cette histoire encore ?
- Écoute, dit-il dans un soupir, cette personne est proche de lui. Tu te rends compte que ces menaces vont jusqu'à son appartement où la personne entre et sort sans être inquiétée ? Sa mère m'a appelé paniqué parce que Matthew, lui il prend ça à la légère.
- D'où tu connais ces gens d'abord ?
- C'est une longue histoire.
Je reviens m'assoir en face de lui pour bien lui faire comprendre que j'ai tout mon temps. Mon frère pousse un soupir agacé, il sait qu'il en faudra plus pour me faire peur.
- Après mon retour d'Afghanistan j'ai eu comment dire des traumatismes. Le moindre bruit me faisait peur, je ne mettais absolument plus le nez dehors. Puis nous avons entendu parler de cette thérapeute très efficace et les parents m'ont convaincu d'aller la voir dans son ranch dans le Colorado, avec ses méthodes peu conventionnelles. J'y ai passé toute une année.
- Tant que ça ?
- Oui. J'aurais sans doute mis moins de temps si je m'étais ouvert à Rosalie plus vite mais nous les Watts, tu sais que parler n'est pas notre fort.
Je dis oui de la tête. Nicolas était le seul à savoir pourquoi j'avais fui l'Italie. Je lui ai demandé de ne rien dire aux parents, pour eux Lucas est un ange et ça doit rester ainsi. Je ne veux pas que mon père culpabilise à l'idée qu'il a pu laisser sa fille vivre avec un monstre pareil.
- J'ai finalement réussi à m'ouvrir à elle grâce à son fils Matthew. Ils m'ont soigné à travers leurs joyeux feux de camp à travers lesquels ils passaient des heures et des heures à chanter. C'était magique. C'est difficile de ne pas s'ouvrir à des personnes aussi chaleureuses. Cette thérapie m'a vraiment aidé, mes cauchemars n'étaient plus aussi présents et les bruits ne me faisaient plus peur.
Je regarde mon frère et j'essuie une larme qui perle de mon œil. Fichue sensibilité ! Quand je pense à ce que ce monstre m'a fait perdre, j'aurais pu être là pour lui. Nicolas passait par des moments tellement difficiles et je n'ai pas été là pour lui. Parce que Lucas me gardait coupé du monde.
- J'ai d'ailleurs voulu que tu la rencontres mais tu es tellement têtue que tu n'as même pas voulu m'écouter. Elle a tant fait pour moi et Matt aussi. Alors si je peux les aider d'une quelconque façon, je le ferai.
- Je vais le faire pour toi. Tu sais très bien que je ne peux rien te refuser.
- Merci, dit-il en me donnant le dossier avec les informations du client.
Nicolas me raccompagne devant l'ascenseur, j'y entre au moment où les portes de l'ascenseur sont entrain de se fermer il me dit.
- Tu iras faire des courses avec Ingride, pour changer ton style.
Je baisse la tête pour regarder mon vieux pantalon et mes baskets qui ont connu de meilleurs jours. Il a raison, si je dois être la petite amie d'une super star, il me faut changer tout ça. Je dis oui de la tête.
- Oh et j'ai failli oublier. Tu vas devoir aménager avec lui.
- Quoi ? Dis-je en levant la tête vers lui.
Trop tard, l'ascenseur est verrouillé. Des mots qu'il vaut mieux taire parce que ce n'est pas très séduisant venant de la bouche d'une fille me viennent en tête.
Le salaud ! Il m'a piégé, il savait que j'aurais refusé s'il me l'avait dit alors il a attendu que j'accepte.
Merde !
Aménager avec un homme, non mais pourquoi il m'a donné cette mission ? Je sors de l'ascenseur et je m'apprête à rentré chez moi. Il est hors de question que je fasse ça. Je vais envoyer un message à Nick pour bien lui dire ma façon de penser avant de lui dire non tout court. Ingride m'intercepte à l'accueil, elle me prend dans ses bras avec un sourire.
- Ah tu es là ! Je t'attendais justement.
- Pourquoi ?
- Comment ça, pourquoi ? On va aller faire les courses.
Je me dégage de l'étreinte de ma belle sœur.
- Ah ça ! Eh bien... Dis-je en croisant les bras sur ma poitrine. Je refuse d'accepter cette mission.
- Tu as déjà accepté.
- Oui mais ça c'était avant de savoir que je devais emménager avec lui. Ton mari m'a piégé.
- Tout de suite les grands mots, dit-elle en me poussant vers la sortie. Il ne t'a pas piégé, il a juste été malin c'est tout.
- Ne me dis pas que tu es d'accord avec ça ?
- Bien sûr que je le suis et d'ailleurs c'est moi qui lui ai suggéré l'idée. En plus d'être belle, tu es aussi l'un des meilleurs éléments que compte l'agence. Je suis aussi totalement d'accord pour que tu sortes de cette bulle dans laquelle tu t'es enfermée, tu as vingt-quatre ans et tu vis comme une mamie de soixante ans alors que tu es jeune et tellement belle.
- Ingride...
- Non, écoutes moi. Ton frère ne dort plus dans la nuit parce qu'il s'inquiète pour toi et moi aussi. Il est temps que tu tournes la page, il est temps que tu avances.
Elle a raison, j'en suis venue à un point où je vis avec mon frère, il ne m'a jamais parlé comme ça, mais je vois bien qu'il s'inquiéte pour moi. Il est temps que j'avance ne serait-ce que pour eux et si je dois passer par cette mission alors je le ferai. Ingride m'amène dans un magasin, où nous choisissons des vêtements tout y passe, jusqu'au sous-vêtements.
Ensuite, elle m'amène au salon de beauté où il me font la totale, coiffure, épilation de la moustache, épilation des aisselles et épilation du maillot. Ça fait un mal de chien, j'avais oublié cette douleur.
Vient maintenant le moment que je redoutais, il nous faut acheter des chaussures. Ingride me prend des talons ça fait des années que je n'en ai plus porté je suis sûre que je vais tomber avec ces trucs. Elle me fait marcher devant elle. Je défile comme un mannequin à qui on aurait enfoncer un balais dans le cul la veille.
La journée terminée, je rentre à la maison. J'ai mal partout, mes cheveux blonds ont été relâchés d'habitude je les détache pour pouvoir travailler c'est plus pratique. Ils m'ont mis vernis rose sur les ongles. Rose comme si j'étais une petite fille ! Et j'ai eu droit à des flacons de parfum, bon ça par contre c'est cool ça sent super bon, des vêtements et des chaussures, il a vraiment mis le paquet pour cette mission. Je dépose mes précieux bagages sur mon lit, avant d'aller jouer avec ma nièce.
Une fois cela fait, je me saisis du dossier que m'a donné mon frère, il faut que j'en sache un minimum sur ce type. Alors Matthew Baxter, vingt-neuf ans, profession chanteur... Sa nourriture préférée, c'est le bœuf bourguignon.
C'est un plat français ça non ? Il est allergique aux jonquilles, aux pénicillines et à l'huile essentielle de romarin. Sérieux y'a des gens qui sont allergiques à ça ? Il vit à New-York dans l'Upper East Side.
- Tu m'étonnes, il doit être l'une de ces stars snobe et se superficiel qui se prennent pour le nombril du monde.
Il a des frères et sœurs qui vivent dans le Colorado.
À la fin, il y'a une photo de lui, je m'attarde un instant sur celle-ci, son regard est perçant on dirait qu'il me fixe moi et non la caméra. Il a une posture fière, autoritaire et il respire la confiance en lui, chose qui me manque cruellement ces dernières années. Il a les yeux rieurs. Je me surprends à beaucoup trop m'attarder sur cette photo.