- Oh bienvenue mon petit! Merci d'avoir accepté mon invitation dit-il tout fier en me donnant une poignée de main et me faisant un large sourire pour marquer sa joie. - Et comment! Tu es quand-même mon Président! - Ahaha n'est-ce pas ? - Mais bien-sûr! - Dis-moi la demoiselle qui est derrière est avec toi ? - Oui oui! Je m'apprêtais à te la présenter! - Ah Ok! Waouh mon petit ne fait pas dans la dentelle! - Je suis juste tes pas! Émilie viens que je te présente à mon... Brusquement je sors de ma rêverie... - Émilie!!! J'ai crié de toutes mes forces, elle a sursauté, ils se sont dit je ne sais quoi mais sont restés sur place pendant que je m'avançais vers eux. Une fois proche d'eux, je n'arrivais pas à dire un seul mot, je les regardais à tour de rôle en secouant la tête, il n'avait pas l'air mal à l'aise. Non non ! J'étais à l'heure-là comme un moustique qui nuit à leur ndolo (amour en langue Douala), elle lui faisait face depuis mais à un moment elle se retourne vers moi, me regarde, croise les bras sur sa poitrine et gesticule comme si moi KEMAYOU Samuel, je lui perdais énormément de temps. Je reste silencieux, sans voix, j'allais même dire quoi ? J'étais simplement dépassé à les regarder sans parler. - Samuel que fais-tu ici ? Dit Émilie. - Comment ça qu'est-ce que je fais ici, j'ai un problème avec ma petite... - Ex! (me coupe-t-elle) ex petite amie! Nous restons silencieux - Mais que se passe-t-il ? J'ai cru que nous avions simplement un problème... pas que... mais Émilie... - Samuel j'ai été claire avec toi et je ne pense pas qu'il y a besoin de reparler de quoi que ce soit ! - Et tu estimes que c'est lui, c'est lui qui fera mieux ? Tu sais quoi de lui ? - Je n'ai aucune explication à te donner Samuel! - Oh que si! - Ah bon ? En tant que qui ? Rouspète-elle. - Ton petit ami! - Ex! Je suis ton ex petite amie! Silence - Émilie s'il te plaît... Lui dis-je en avançant vers elle, tendant mon bras vers elle. - Ne me touche pas! - Émilie... - Ne m'appelle plus! Lâche-moi les baskets! Je n'arrive plus à sortir un mot de ma bouche je me sens tellement mal, tellement rabaissé, je ne sais plus quoi faire et tourne mon regard vers ce type, il me défie du regard ça se voit bien qu'il essaye de m'intimider, entre dans sa voiture, puis démarre! Émilie ne me gère pas et entre elle aussi dans la voiture! J'ai regardé la voiture s'éloigner au fur et à mesure le cœur meurtri... J'avais mal oh lalala très mal je me sentais tellement impuissant, dévasté, petit, bête et ridicule! Émilie m'avait fait ça dur, elle avait fait fort! Oh quelle honte! Je me suis adossé sur la première chose à ma portée. C'était un vieux comptoir, dans quel état je ne sais pas, je suis resté là pendant je ne sais combien de temps puis je me suis levé silencieusement et j'ai commencé à marcher vite, j'avais l'impression de devenir fou, je n'arrivais pas à expliquer ce qui se passait dans la tête de cette fille, je ne la comprenais pas, je ne les comprenais pas! Quelle trahison! Dans tous les scénarios que je m'étais imaginé je n'avais pas pensé à ça et pire encore que ce soit quelqu'un de si proche qui me fasse cela! Vraiment pas j'étais juste subjugué! Pendant que je marchais j'essayais tant bien que mal de me changer les idées mais rien! Arrivé au niveau du commissariat 7eme arrondissement, j'ai voulu m'arrêter pour saluer un ami mais bon j'ai jugé mieux de rentrer chez moi je n'avais pas la force de me changer les idées ça n'allait vraiment pas! Une fois à la maison, j'entre dans ma chambre je me couche sur mon lit ne réalisant toujours pas ce qui venait de se passer! Mon téléphone sonne je regarde je vois Jules mais je n'ai envie de parler à personne! Je ne décroche pas, j'essaie de me connecter mais hélas plus de forfait internet! J'essaie de faire le vide dans ma tête mais rien n'est Ok puis j'entends. - Toc toc toc! - Samy! Samy! Sam ? Silence - Petit papa! Sam ? C'est la voix de ma mère, je fais semblant de dormir, mais elle insiste du coup je me sens obligé de répondre! - Oui mater! - Tu ne manges pas ? Je t'ai servi à manger c'est sur la table! - Mater j'arrive... - D'accord! Mais ne traîne pas sinon ça va refroidir. - J'ai compris! Je me lève nonchalamment, me dirige au salon puis m'installe devant ce bon plat de pommes pilées bien chaud! Il était vraiment chaud au point où je pouvais voir la vapeur s'échapper du plat! Est-ce que j'arrivais alors à manger ? Manger m'a dépassé. J'ai beau apprécié énormément la cuisine de ma mère là je n'avais pas d'appétit. J'étais devant mon plat, calme à penser encore et encore et encore aux événements de tout à l'heure. Je n'ai même pas su à quel moment ma mère s'est assise auprès de moi. - Petit papa (aimait-elle me dire), c'est comment aujourd'hui ? (Dit-elle en guettant mon plat). - Ça va Ma'a! - Tu ne manges pas ? Toi là, si tu refuses quelque chose à manger alors même le canard ne pourrait pas le manger (je souris légèrement). Tu sais que je suis ta mère donc s'il y a un problème... quelque soit le problème que tu as, je suis là! - Je sais Ma'a, j'ai juste pas faim ne t'inquiète pas. Je me lève, ramène les assiettes à la cuisine et je retourne dans ma chambre le cœur lourd. Comment expliquer à ma mère ce qui se passe ? Comment lui dire que je viens de me faire larguer par ma copine ? Émilie... Émilie!!! Je me suis tourné et retourné sur mon lit, le sommeil ne venait pas mais les questions voulaient ma mort, sans compter les si! Et si je n'avais pas présenté Émilie à ce monstre ? Et si je détruisais sa vie comme il a détruit la mienne en faisant ce qu'il y'a lieu de faire ? Et si... et si... J'ai continué ainsi jusqu'au matin, je me suis levé, j'ai pris ma douche et direction l'Université... Ce jour-là nous avions cours de chimie minérale, je ne prêtais presque pas attention au cours, j'étais complètement ailleurs! Jules me bouscule et je me rends compte que toute la salle bouge, je regarde l'heure, ce n'est pas la fin du cours, je le regarde. - Contrôle! - Quoi ? - Comme tu comprends! Je sors une feuille et essaye de rester concentré sur la chose est ce que j'y arrive? - Samuel! Je pars, tu es bloqué quelque part ? - En fait je n'ai que commencé le premier exercice. Il me regarde de tous ses yeux, me lance discrètement un « ça va ? » , je secoue la tête affirmativement, il me passe quand-même sa feuille et sans réfléchir je recopie. À la sortie dès que Jules me voit, sans perdre le temps il se lance dans les questionnements - Que t'arrive-t-il ? - Rien, ça va! - Comment ça rien ? Kemayou tu es simple ? - Je te dis tout va bien! - Depuis que nous sommes ici à l'Université je n'ai jamais eu besoin de te passer ma feuille pour que tu recopies - Ah! C'est moi le recopieur où est le mal ?! (je m'emporte légèrement) - Calme-toi, je m'inquiète c'est tout! - Ne t'inquiète plus donc. - Ekieuh. Dit-il tout perplexe! Est-ce que je le gérais même ? J'ai accéléré le pas, il n'a pas cherché à me rattraper, encore moins à m'appeler. Je suis directement rentré et je tombe sur mon père, - Bonsoir Pa'a! - Bonsoir! En voulant entrer, il engage directement - Je l'ai déjà dit à ta mère et je te le dis à toi aussi. Je n'ai pas d'argent à dépenser ou à gaspiller pour des choses qui ne servent à rien donc ton Université là... - Je paye tout seul mon école depuis deux ans donc je ne sais pas de quoi tu parles. Lui répondais-je calmement. - Ce n'est pas toi qui l'a envoyé me dire que c'est dur, patati patata, tu as besoin d'aide ? C'est vrai que j'en avais parlé à ma mère mais juste comme un enfant explique ses problèmes à sa mère. - Tous les jours maintenant c'est ... il faut aider Samuel, Samuel a besoin d'aide ... je suis votre banque ? Toi là (me pointant du doigt) tes égaux vivent chez eux! Toi tu es là, ici, tu ne peux pas te chercher ? L'école va te donner quoi si ce n'est que les gros noms pour rien ? - Ça permet également de se cultiver et... - Et sortir le gros français mais est-ce que ça nourrit ? Ça donne quoi ? Silence - En tout cas, j'ai déjà dit je ne suis pas là pour gaspiller mon argent sur des choses qui ne vont rien rapporter. Je n'avais pas grand-chose à dire ou plutôt il était préférable de ne rien dire, j'étais tout de même son unique fils et son aîné mais des fois il me faisait croire que ce n'était pas le cas. Mon père étant l'aîné de sa famille à aider beaucoup de ses frères et sœurs espérant dans sa retraite être assisté mais où était cette aide là ? Chacun se gérait seul dans son coin, il n'y avait qu'un de mes oncles paternels, le benjamin de leur famille qui de temps à autre nous donnait un coup de pouce, surtout à moi avec des petits stages pendant les vacances! Bref il faisait ce qu'il pouvait pour nous aider! Le temps passait très péniblement, je vivais ma vie au ralenti même Jules m'évitait en fonction de ma mine du jour parce que j'étais certains jours très blessant sans explication. J'ai essayé d'oublier cette histoire pour me concentrer sur mes priorités! Dieu merci papa Tagni a trouvé un chantier à Ndogbong donc j'étais là-bas presque tous les jours pour le travail, J'avais tellement besoin d'argent pour être sûr de payer ma pension! J'avais la rage, j'avais envie de prouver à mon père que je ne suis pas ce qu'il pense, que je suis un battant! Il est vrai que malgré tous mes efforts, il m'arrivait très souvent de penser à elle, je n'arrivais pas à tourner totalement la page, cette fille me manquait énormément! Je n'arrêtais pas de guetter mon téléphone chaque soir quand je rentrais du chantier aucun signe de vie, même pas un bip. - Kemayou arrête de penser à elle! Vis ta vie! Avance bon sang! Cette nuit-là après avoir pris ma douche je me suis allongé sur mon lit, je ne sais quand j'ai pu trouver le sommeil c'est la sonnerie de mon téléphone qui m'a fait sursauter! Je regarde l'heure 5h30. - Oh mince! Dis-je avant de décrocher. - Oui Pa'a Tagni désolé je n'ai pas entendu mon réveil sonné! Tu es déjà au chantier ? - Non justement je t'appelle pour te demander de ne pas te gêner à sortir! - Comment ça ? Il y'a un problème ? - Pas vraiment! - Et pourquoi je ne... - Les travaux sont arrêtés! Le chef chantier m'a appelé très tôt ce matin! C'est une longue histoire! - Comment ça Pa'a Tagni et les jours qu'on a déjà travaillé là on va nous payer quand ? - Il m'a parlé de la fin de semaine donc j'attends aussi! Dès que j'ai les nouvelles je t'appelle! Il raccroche et moi je perds directement le sommeil, cet appel m'a tellement abattu! Comme nous étions samedi je me suis levé pour faire un peu de sport j'ai fait le jogging ce matin-là! J'ai couru toute la matinée, ensuite j'ai joué au ballon avec les jeunes de mon quartier ça faisait longtemps que je n'avais plus passé du temps avec eux! C'était un moment de détente de blagues, et d'amusement je me suis vraiment bien détendu ce matin-là! En soirée j'ai pris mon téléphone j'ai appelé mon ami Jules j'avais besoin de faire une petite balade pour garder ma bonne humeur de ce jour... Je me suis préparé rapidement il était environ 19h30 quand je sortais de la maison. Une fois à l'entrée de chez Jules, je tombe sur ce dernier avec une fille à ses côté, dès qu'il me voit il sourit en s'avançant, je lui rends son sourire. - Gars c'est comment ? Lui dis-je. - Ça va frangin je suis là! Je raccompagne Merline, ma.... (Il la regarde tout souriant puis lui fait un bisou sur la joue) je pense que je t'ai parlé d'elle dernièrement. - Enchanté Merline - je l'embrasse également - Moi c'est Samuel. - Ravie de te connaître Samuel. Dit-elle toute souriante. - J'allais chez toi comme ça gars désolé de ne pas t'avoir prévenu avant je savais que tu n'avais pas de programme aujourd'hui! - Oui c'est vrai, tiens vas-y je te rejoins tout à l'heure. - Pas de soucis! Il me donne ses clés, pendant qu'il la raccompagne moi je vais m'installer chez lui. Je l'attends calmement, dès qu'il entre. - Si tu m'expliquais ce qui te dérange autant ? C'est quoi ce silence! Cette mine morose que tu as tous ces derniers jours ? - Gars c'est l'histoire d'Émilie! - Qu'est-ce qui s'est passé ? Depuis que je parle tu ne veux rien dire! Je lui raconte toute l'histoire. - Et tu dis que tu l'as laissé partir avec lui devant toi ? Mais Kemayou! Ton cœur là, c'est en fer ? Moi je l'aurais sauvagé en plein carrefour! - C'est bien beau de parler mais, je ne pouvais pas faire ce que tu dis là, gars tu ne peux pas comprendre! - Comprendre quoi mon frère ? Eeeh moi Atangana! Le fils de Mvondo au nom de Dieu je ne pouvais pas être aussi impuissant face à la situation! Une fille me trompe en plus avec qui ? Devant moi je t'assure j'allais faire quelque chose au sale type là! Au nom excuse-moi mais c'est une racaille... - Je sais! On parle pour toi ? - Tu comprends maintenant pourquoi je t'ai toujours dit, avec les filles amuse-toi et si possible l'amour viendra mais d'abord... c'est le d'abord qui compte. - Atangana!!! - Mais toi tu attends d'aimer avant de réagir c'est ça qui te cale au cou. - Je te vois! Merline!!! C'est celle que tu as rencontré au mariage de ton frère à Yaoundé ? - Tu ignores quoi ? - Donc...Dis-je en imaginant ce qu'il avait déjà bien pu se passer avec la fille! - ah oui oui (dit-il en secouant la tête de bas en haut) mon frère je n'ai pas le temps à perdre! - Ahaha Atangana!!! Tu es un gros malade! - Ahahah la maladie d'amour. - Quel amour ? Nous partons tous les deux dans un fou rire mon ami Jules me faisait franchement rire! Être chez lui, m'ouvrir à lui m'a vraiment fait décompresser, j'ai ri, nous avons parlé de plusieurs choses, j'ai oublié mes problèmes un bon moment c'était vraiment un agréable moment que je passais avec lui! - Et dire que j'ai croisé Laura la copine d'Émilie elle me demandait de les inviter à sortir prendre un pot! Franchement les filles! - Tu sais qu'elle a toujours eu un faible pour toi! - Je sais mais désolé pour elle je ne suis pas intéressé! - Ahahaha comment ça ? Le grand Abanda fuit la femme ? - Non non j'évite la maladie mon frère, Ekieuh tu me send ou non ? - Kiakiakia - Ne ris pas! En tout cas! Parlons des choses sérieuses maintenant! Ça tombe bien que tu sois là! - Oui dis-moi. - Comme tu as décidé de ne plus venir en cours là tiens voilà le programme des examens est sorti! On compose dans pratiquement 10 jours. - Quoi ? ! - Comme tu lis là! Donc mon pote il faut être prêt! Tu me vois un samedi à la piole comme ça? tu crois que c'est quoi ? Je dois lire mes cours! Je tenais la feuille où était écrit le programme de la composition, en tremblant à la limite ; je la fixais sans cesse en me demandant comment j'allais faire pour composer...