Je prends les sets de table et les places pour chacun d'eux. Les sets de table sont également assortis à la nappe. Je place les assiettes au centre des sets de table. Je plis les serviettes et les place sur le côté gauche des sets de table. Je place une fourchette pour le plat principal sur la serviette, le couteau à droite de l'assiette, la petite cuillère à gauche du couteau. Je pose la cuillère à soupe à droite de la petite cuillère. Le verre à eau et de jus.
Ensuite j'apporte les repas que je pose sur la nappe en bois, avant d'inviter maman Ramata et tonton Haïdara à venir à table.
Oumou trouve que j'ai terminé. Je lui dis de rentrer, je m'occupe de tout. Elle n'est pas en grande forme cet après midi elle se plaignait de mot de tête. Elle loge juste la dépendance derrière avec son mari celui qui s'occupe du jardin, de l'entretien de la cour et ses environs.
- Bon appétit, je leur dit avant de tourner les talons pour rejoindre ma chambre.
- Mais où est-ce que tu vas ?
- Euhh maman, je ne suis pas loin je reviens dès que vous avez fini pour débarrasser.
- Attends Hawa, fit-elle en croisant les bras. Qui t'as dit que tu étais une servante dans cette personne ?
- Personne maman pourquoi ? Je demande ne comprenant pas.
- Pourquoi je vois deux couverts ? Où est le tiens ?
- Euh je mangerai plus tard.
- Hawa regarde, ne m'énerve pas hein ? Tu as compris ?
- Désolée maman.
- Pose ton couvert, dit-elle avant de prendre place.
J'apporte mon couvert que je pose sur la table. Avant de prendre place à mon tour.
- Mais Hawa, tu es comment ? Tu t'assois qui va servir ton mari ? Moi peut-être ?
- Maman !!!
- C'est comme ça que tu t'occupais de Birama ? Elle me dit sans faire attention à son fils.
- Non maman Rama, dis-je en baissant la tête.
- Maman arrête ce que tu fais là, je n'aime pas ça
- Tu n'aime pas quoi ? C'est ta femme oui ou non ?
- Non et tu le sais. J'ai déjà une femme.
- Ta fiancée n'est pas là ! Pourquoi celle qui est là ne prendrait pas soin de toi en attendant ? Qui a-t-il de mal en cela ?
- Parce qu'elle n'est pas ma femme. Ce droit est réservé uniquement à ma femme.
- Pff comme si celle là s'occupait de toi ! A part chasser toutes les personnes qui t'entourent et gaspiller ton argent que fait t-elle d'autre ?
- Maman je ne tiens pas qu'on est ce genre de discussion devant les gens. Je n'apprécie pas du tout ce que tu fais là.
- Je dis ce que je vois. Tu es un grand garçon si tu trouves que c'est avec ce genre de femme que tu trouves ton bonheur libre à toi. Mais en attendant même si elle n'est pas ta femme c'est elle qui va s'occuper de toi et de la maison jusqu'à l'arrivée de ta chère et tendre épouse c'est tout.
- Je ne veux pas de quiproquo, il ne faut pas lui mettre des idées dans la tête.
- Qu'elle idée ? Tu as des idées dans la tête Hawa ?
- Non maman, bien sûre que non, dis-je en secouant énergiquement la tête. je connais ma place mon oncle.
- Eh bien voilà. En tout cas tant que je suis la, je veux qu'elle s'occupe de mon fils comme il se doit. S'occuper de toi ne veux pas forcément dire qu'elle va être ta femme. Tu ne veux pas d'elle on a compris, mais voici le Ramadan qui arrive tu vas vivre dans cette maison comme un célibataire ?
- ...
- Bien maintenant va le servir.
- Je peux le faire pas la peine de la déranger pour ça.
- Je sais oui mais c'est elle qui va le faire quand même. Aller vas-y.
Je me lève et m'approche de lui.
- Je peux mon oncle ?
Il soupir.
- Ok vas-y.
Je le sers. Avant de retourner m'asseoir pour me servir à mon tour. Le dîner se passe entre leur causerie, ou je dirai plutôt chamaillerie, on aurait dit une grande mère et son petit fils. J'écoute juste sans intervenir, me remémorant des souvenirs que je me dépêche de chasser pour ne pas pleurer ici. Grandir et vieillir en ayant sa maman à côté c'est le plus beau cadeau qui puisse exister, une mère est irremplaçable c'est le plus précieux des joyaux, c'est l'être qui nous aime le plus sur cette terre.
Mais en réfléchissant il y a une chose qui me chiffonne dans cette histoire, elle aussi n'a pas l'air d'apprécier la femme de tonton Haïdara ! Pourtant elle est tellement belle. Une personne si belle ne peut pas être mauvaise. Je crois juste que c'est des histoires de belle famille.
Je n'en ai pas été victime mais en général les belle mères n'apprécient pas leurs belles-filles, je n'ai jamais compris d'ailleurs pourquoi ? Sinon une personne qui aime ton enfant comment tu peux la détester ? La plupart voient leurs belles-filles comme une rivales c'est juste incroyable. Je me demande d'où peut bien provenir cette jalousie c'est bizarre.
Bref après le dîner et le dessert, je débarrasse la table et fais la vaisselle avant de les retrouver au salon. Nous passons la soirée devant la télé.
Maman Rama nous informe qu'elle souhaite aller se reposer. Je me lève au même moment qu'elle.
- Tu veux te coucher aussi ? Reste encore Ousmane est là.
- Oui Hawa attend avant que je n'oublie, je dois de parler.
- Ok, dis-je en reprenant place.
Maman Rama se dirige vers les escaliers et monte à l'étage.
- Hawa.
- Oui mon oncle je répond en reportant mon regard sur lui.
- J'ai essayé de me renseigner pour ce qu'on avait dit. Mais malheureusement il n'y a pas d'école de mode ici. C'est juste des centre de formation et ça c'est pas ce que tu veux faire n'est-ce pas ?
- Non, dis-je tristement, je veux une vraie école qui puisse me livrer un diplôme pas une attestation.
- Je me suis renseigner sur le net. Il y a des cours en lignes je crois. Tu pourras toujours t'inscrire et suivre le cours ça te vas ?
- Est-ce que ça sera comme si on avait réellement fréquenté l'école.
- Ça va dépendre de ton degré d'implication. Si tu es motivé ça devrait aller parce que là tu n'as pas un prof derrière toi pour te rappeler à l'ordre. Si tu veux réussir ça va dépendre uniquement de ta motivation.
- Je le suis à 100%, je m'exclame
- Ok je vais te trouver un ordinateur, un box wifi, un téléphone, te remettre de l'argent pour le charger. Ensuite on va trouver un bon styliste et tu iras faire la pratique avec lui. Il te faut aussi une machine à coudre à la maison.
- Oh merci infiniment mon oncle, je lui dis sincèrement reconnaissante. Merci du fond du cœur que Dieu vous le rende ! Je vous en suis vraiment très reconnaissante.
- Je t'en prie.
- En ce qui concerne la machine et le téléphone j'en est déjà. J'ai une machine elle est resté à Kankan, maman Djènaba dois l'embarquer pour moi, et aujourd'hui je me suis trouvé un nouveau téléphone au marché.
- J'ai déjà commandé la machine électrique parce que je suppose que celle que tu as c'est une machine mécanique n'est-ce pas ?
- Oui.
- Je ne m'y connais pas mais le gars m'a dit que les machines électriques c'est mieux.
- D'accord merci beaucoup. Je commence quand ?
- Dans la semaine laisse-moi prendre tous les renseignements ensuite t'inscrire. Je te tiens au courant s'il faut trouver des documents à fournir.
- Ok merci beaucoup. Vous avez besoin de quelque chose ?
- Non ça va tu peux aller te coucher.
- D'accord merci bonne nuit.
- Merci bonne nuit à toi également.
Je me rend dans ma chambre plus que contente j'ai même envi de sauter de joie. Oh mon Dieu ! Je vais enfin réaliser mon rêve, enfin je murmure en me laissant lourdement retomber sur le lit. Devenir stylistes est un rêve que j'ai toujours caressé depuis l'enfance. Pendant que d'autres dessinaient des cases, voitures ou autres à l'école moi c'est toujours des habits que je dessinais. Dès que je vois un habit la première des choses que je regarde c'est comment il a été confectionné. Je regarde chaque détail jusqu'à trouver comment le tailleur a procédé.
Pendant longtemps j'ai cru que ce rêve n'était pas à ma portée. Je pensais finir ma vie à Kankan pourtant je savais qu'il fallait que je sois dans la capitale si je voulais vraiment voir mon rêve se matérialiser, mais ne connaissant personne ici je n'avais pas d'espoir mais voilà que Dieu me donne l'opportunité de le réaliser, il n'avait pas dit son dernier mot.
Merci Seigneur, merci pour tout ce que tu accomplis dans ma vie.
Je fais mes dernières prières et me couche le cœur en joie, le corps aussi léger qu'une plume.
*****Le lendemain
Lorsqu'on finit le petit déjeuner maman Rama m'appelle dans sa chambre.
- Ferme la porte Hawa et viens t'asseoir à côté de moi ici s'il te plaît.
Je ferme et viens prendre place à côté d'elle.
- Hawa !
- Oui maman.
- Mon enfant si j'ai tenu à te parler c'est d'abord pour m'excuser de la façon dont se passent les choses. Tu es jeune, tu as le droit d'épouser un homme qui t'aime et que tu aimes. C'est moi qui ai tenu à ce que mon frère Saliou, à la mort de son neveu, fasse de sorte que tu épouses mon fils. J'ai eu le temps de t'observer pendant mes passages à Kankan et ton comportement m'a beaucoup plu. Contrairement à ce que tu peux peut-être croire, non je ne suis pas le genre de belle mère qui déteste sa belle-fille au point de lui chercher une rivales, mais dans le cas précis je me vois dans l'obligation de le faire, tu sais pourquoi ?
- Non maman.
- Je me fais vieille si je meurs et laisse mon fils dans ces conditions il va finir par complètement se détacher de sa famille. Si tu vois qu'il est même un peu attaché à sa famille c'est parce que je suis encore vivante. Cette femme veut se l'accaparer complètement, elle oublie qu'on est pas des blancs, même si elle l'est de moitié son autre moitié est bien noire. Je suis d'accord qu'une femme reste avec son mari et tout mais au point de chasser tout le monde par son mauvais comportement ? Je dis non. Le pire, mon fils ne voit rien, il ne jure que par elle.
- Je comprends mais...
- Je sais ce que tu veux dire mais je veux juste que tu t'occupes de lui comme une vraie femme africaine le ferait. Je veux que tu t'occupes de lui comme il faut. A défaut d'être son amante soit son ami ok ? J'espère juste qu'il verra la différence. Mais s'il s'entête toujours à continuer cette vie, libre à lui, j'aurais fait de mon mieux. Je n'ai eu que deux enfants son jeune frère est aux Etat-Unis pour ses études, vous avez le même âge Gaoussou. Leur père nous a abandonné lorsque j'étais enceinte de lui, depuis nous ne sommes que trois. Je me suis remariée il y a quelques années de cela mais hélas mon mari n'est plus.
- Je suis désolé, dis-je, triste pour elle.
- Ça va c'est la vie. Mon fils se détache et le pire il ne s'en rend même pas compte.
J'ai tout misé sur toi Hawa mais est-ce que tu l'aime, bon pas l'aimer, est-ce qu'il te plaît au moins ?
- Maman, dis-je, gênée.
- Tu n'as pas à avoir honte on est entre femmes tu peux exprimer ta pensée.
- Je ne le vois pas de cette manière.
- Ok il y'a pas de souci, fit-elle en soupirant. Fais cet effort pour moi s'il te plaît d'accord Hawa ? Je peux compter sur toi ?
- Maman Ramata je n'ai pas envi de me mettre entre les deux. Votre fils c'est quelque de vraiment bien et il a l'air de beaucoup tenir à sa femme, vous ne pensez pas que ça pourrait le rendre malheureux s'il venait à la perdre ? Je suis totalement contre ce genre de comportement, je ne serais jamais ce genre de femme. Je pourrais juste m'occuper de lui comme le ferait une sœur et rien d'autre, je ne serai jamais la femme qui viendra briser un couple.
Elle me regarde et souris.
- Même ce que tu dis là me conforte dans l'idée que j'ai fait le bon choix. Une autre à ta place n'aurait pas hésité un instant. Sans lui lancer des fleurs je sais que mon fils est un bon parti. J'ai compris ce que tu as dit et je respecte ta décision. Tu sais ce qu'on va faire ? Fait juste ce que je te demande. Je ne dis pas de coucher avec lui, je te demande juste de t'occuper de lui ok ? Si leur amour survit, je saurais qu'elle aime sincèrement mon fils et ne vais plus m'immiscer dans leur vie. Mais pour le moment mon cœur de mère me dit que c'est ce qu'il faut faire. Alors accepte s'il te plaît, ça ne t'engage à rien.
Je souffle dépassé. Tu fuis les problèmes tu en trouves d'autres. Je ne sais pas dans quoi je me suis engagé mais ça n'a pas l'air d'être si facile qu'elle le dit. En même temps ai-je le choix ? Si j'avais su ce qu'il en était réellement, je n'allais pas m'embarquer dans cette histoire de remariage. On dirait bien que les quatre années de répit que j'ai eu avec mon précédent mariage seront bientôt un lointain souvenir.
- Vous croyez qu'en m'occupant simplement de lui cela va le détourner de sa femme ?
- Je ne crois pas mais au moins je sais qu'il saura par là ce qu'est d'avoir une femme dans sa maison.
- Cette histoire ne me plaît pas. Je ne veux pas qu'il ai des problèmes.
- Hawa, il ne s'agit pas de les séparer juste t'occuper de lui comme le ferait une sœur et rien d'autre.
- D'accord maman dans ce cas j'accepte.
- Bien fit-elle, merci pour tout.
- Ok je peux y aller ?
- Attends.
Elle se lève prend son sac sort une envolée kaki et me la remet.
- C'est pourquoi ?
- Ouvre.
J'ouvre et vois des liasses comme je n'en avais encore jamais vu.
- C'est pourquoi maman Rama ?
- C'est pour toi, achète-toi tout ce qui te as envie.
- Mais... Mais c'est trop, je ne peux pas accepter ça vous n'avez pas besoin de me payer pour ça.
- Je ne te paye pas, je te remets ça parce que tu es une femme, tu as des petits besoins et tout, avec ça tu peux te faire plaisir.
- Mais c'est trop !
- Garde le reste au cas où tu en auras besoin plus tard.
- D'accord merci maman Rama c'est gentil.
Je m'en vais dans ma chambre et range l'enveloppe.
Je me couche sur mon lit et repense à toute cette histoire. Voici que je vais devoir jouer l'épouse auprès d'un homme qui ne me veux pas comme femme et que je considère comme un parent proche.
Mais bon si c'est le prix à payer pour réaliser mon rêve, je trouve que c'est pas cher à payer. Je m'occupe juste de lui jusqu'au retour de sa femme et c'est fini j'aurais fait ma part. En plus je compte lui parler de mon petit arrangement avec sa mère comme ça il n'y a pas de problème. Il ne risque pas de tomber dans le panneau.
.
.
.
.
.
À suivre.....