Chapitre 8

Aurélie POV:

Je me retournai. Ils me virent calme, non pas en colère, et poussèrent un soupir de soulagement. Victor s'approcha, me prit la main.

« Tu n'as pas besoin de faire tes valises, » dit-il, sa voix douce. « C'est trop fatiguant. J'appellerai un chauffeur. On déménagera tous les trois dans notre nouvelle maison. »

Gaspard acquiesça.

Je les regardai. C'était comme avant, quand ils ne voyaient que moi. Je me souvenais de nos rires, de nos confidences, de leurs promesses éternelles. Mais ces serments d'amour étaient désormais creux.

Je jetai un coup d'œil à Marion, puis secouai la tête. « Non, merci. J'ai beaucoup de choses à faire moi-même. »

Sans un mot de plus, je me détournai et m'en allai, les laissant seuls. Je rentrai chez moi, finis mes dernières affaires. J'allais me coucher quand mon téléphone sonna. C'était Marion.

Sa voix, dégoulinante de fausse douceur, résonna dans le combiné. Je sentais le triomphe dans chaque mot. « Je suis allée chez Gaspard et Victor ce soir, » dit-elle. « Leurs parents sont si gentils avec moi. Ils voulaient même me donner un héritage familial. » Elle s'arrêta, laissant le silence amplifier son message. « Tu ne penses pas que nous sommes... »

Je l'interrompis. « Je ne suis pas intéressée par vos histoires. » Ma voix était sèche. « Tu n'as pas besoin de me raconter tout ça. Ça ne me regarde pas. »

Je raccrochai.

La veille de mon départ, je sortis dîner avec ma meilleure amie. Je n'avais pas beaucoup d'amis. Gaspard et Victor avaient toujours été possessifs, me coupant du monde. Pas de petit copain, pas de lettres d'amour, pas de meilleures amies. « Tu ne nous suffirais pas ? » me disaient-ils, l'air si triste, si mignon. « Tu es si merveilleuse, même les filles tomberaient amoureuses de toi. » Leur possessivité était effrayante, leur désir d'être les seuls au monde pour moi.

Aujourd'hui, c'était eux qui me poussaient loin.

Mon amie m'attendait dans un nouveau restaurant italien. Elle se leva, me serra dans ses bras. « Tu vas me manquer, Aurélie ! Je n'arrive pas à croire que tu pars si vite, pour te marier. Je pensais que tu épouserais Gaspard ou Victor, et que tu resterais ici. »

Je ris doucement. « Ils ont fait d'autres choix. Je fais les miens. »

Mon amie soupira. Puis son visage se durcit. « Marion... » commença-t-elle, pleine de rage. « Tu as été si gentille avec elle, et elle... »

Je l'interrompis en souriant. « Ne parlons pas des gens qui n'ont pas d'importance. Je me marie, je ne la reverrai plus. Ses actes ne me concernent plus. »

Au même instant, Marion entra dans le restaurant. Elle avait entendu nos dernières paroles, mais sans en comprendre le sens. Elle s'approcha, curieuse.

« Qui se marie ? » demanda-t-elle, sans aucune gêne. « Je peux venir ? Je n'ai jamais assisté à un mariage ! »

Elle était si impudente. Mais j'étais habituée. Peut-être que le fait de partir m'avait rendue indifférente. Mon amie, par contre, éclata en fureur. Elle jeta sa fourchette sur la table.

« C'est MON mariage, » s'écria-t-elle, à la surprise générale. « Et tu n'es pas invitée ! Ça te va comme réponse ? » Elle la fusilla du regard. « Tu manques de limites, Marion. On est amies ? Tu es curieuse de tout, comme si tu fouillais les poubelles ! »

Ses mots étaient cinglants, ses paroles blessantes. Marion recula, les yeux remplis de larmes. Elle se tourna vers Gaspard et Victor, qui venaient d'entrer, ses yeux lançant un appel au secours.

Victor la prit immédiatement dans ses bras. « Ne pleure pas, ma petite. Tu peux assister à tous les mariages que tu veux, tant que je suis là. »

Gaspard renchérit : « Et moi aussi ! Je t'offrirais même les étoiles si tu les voulais. N'écoute pas les gens qui n'ont pas d'importance. »

Ils la consolèrent, chacun d'un côté. Marion sécha ses larmes, un sourire de victoire aux lèvres.