Amis d'enfance, bourreaux d'un jour
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Chapitre 6

Aurélie POV:

Adossée au mur, je serrai mon inhalateur contre ma poitrine, le visage enfoui dans mes mains pour éviter d'inhaler davantage de pollen. Je n'avais pas eu le temps de reprendre mon souffle que la voix de Victor me frappa, glaciale.

« Pourquoi Marion te déplaît-elle tant, Aurélie ? » demanda-t-il, l'accusation dans chaque syllabe. « Pourquoi as-tu jeté les fleurs qu'elle t'avait offertes ? »

La voix de Gaspard suivit, pleine de fureur. « Tu deviens de plus en plus déraisonnable, Aurélie ! Qu'est-ce qui te prend ? »

J'inspirai profondément, mes poumons encore douloureux. Chaque cellule de mon corps tremblait de colère et d'indignation. Mais au lieu d'un cri, un sanglot rauque s'échappa de ma gorge, mes yeux s'embuèrent.

« Est-ce que c'est moi qui ai changé ? » demandai-je d'une voix étranglée, pleine d'une douleur insurmontable. « Ou bien c'est vous ? Avez-vous oublié mon asthme ? Mon allergie au pollen ? »

Mes mots résonnèrent comme un coup de tonnerre dans le silence. Autrefois, ils étaient les premiers à s'inquiéter, à courir à mon chevet si j'avais une crise. Ils séchaient mes larmes, me forçaient à manger. Ils manquaient l'école, leurs yeux rouges de fatigue, pour veiller sur moi. Ils ne me quittaient pas d'une semelle. Aujourd'hui, ils avaient tout oublié.

Le visage de Victor pâlit. Un éclair de regret traversa ses yeux d'ordinaire si calmes. « Je... je suis désolé, Aurélie, » murmura-t-il, un aveu de culpabilité.

Gaspard, lui aussi, fronça les sourcils. Son regard s'adoucit. Il se souvenait, lui aussi, de mes crises. Il savait à quel point j'étais mal. Il fit un pas vers moi. « Tu vas bien ? » demanda-t-il, sa voix tremblante. « C'était Marion qui avait cueilli les fleurs, elle y avait mis tout son cœur. C'est pour ça que j'étais si en colère. »

Je restai silencieuse. Sans rien dire.

Ils me regardèrent, mon visage reprenant peu à peu des couleurs. Sans un mot de plus, ils se précipitèrent pour enlever toutes les fleurs.

Les jours suivants, ils ne revinrent pas à la maison. Leurs appartements restèrent plongés dans le noir. Mais je n'y prêtai aucune attention. Je terminais mes cartons. Le déménagement était proche.

Cette maison, c' était la mienne. Du moins, un tiers. Pour être près de moi, ils avaient acheté les deux appartements voisins et avaient abattu les murs. Aujourd'hui, vendre serait compliqué.

Le jour où j'attendais l'agent immobilier, ils rentrèrent. Victor, le visage froid, me fixa. « Qui est cet homme ? Que fait-il ici ? »

L'agent, intimidé par leur fureur, expliqua, tremblant : « C'est... c'est Aurélie. Elle veut vendre sa part. »

Choqués, ils se regardèrent. Puis, leurs regards se posèrent sur moi, pleins de colère. Ils étaient sur le point de chasser l'agent, quand je descendis les escaliers.

« C'est ma décision, » dis-je d'une voix ferme. « Je vous l'aurais dit. »

Leurs cœurs se serrèrent. « Vendre ? » demandèrent-ils à l'unisson. « Pourquoi ? On est si bien ici. »

Gaspard, se souvenant de mes crises d' asthme, commença à paniquer. « Tu es encore en colère ? C'est pour ça que tu nous quittes ? » Il s'excusa, maladroitement. « Je suis désolé d'avoir oublié ton asthme. »

Je secouai la tête. « Non, ce n'est pas à cause de ça. »

Dans mon esprit, c'était bien à cause d'eux. Je ne voulais plus rien avoir à faire avec eux.

« J'ai démissionné, » poursuivis-je, feignant l'indifférence. « Je cherche un nouveau travail. Ce n'est plus pratique de vivre ici. Et puis, ça fait des années qu'on vit ensemble. On n'est plus obligés d'être collés l'un à l'autre, n'est-ce pas ? »

Victor, le visage sombre, ne me laissa pas faire. « Si c'est pour le travail, on peut t'y emmener. On a l'habitude de vivre ensemble. Pourquoi se séparer ? »

Gaspard renchérit : « Je peux te trouver un chauffeur. Ne pars pas. »

Je fronçai les sourcils. Je ne comprenais pas pourquoi ils insistaient autant. C'était le moment de frapper fort.

« Alors, » dis-je, un sourire malicieux aux lèvres, « si vous tenez tant à rester ensemble... on pourrait vendre cette maison, en acheter une plus grande, et inviter Marion à vivre avec nous. »

Leurs yeux s'illuminèrent au nom de Marion. Ils hésitèrent, un instant. Puis Gaspard, incapable de résister, s'exclama : « Si c'est comme ça, pourquoi pas ? »

Victor, plus mesuré, me lança un regard perplexe. « Tu es sûre de vouloir inviter Marion à vivre avec nous ? » Son instinct lui disait que quelque chose clochait.

Je me moquai de lui. « Bien sûr ! Nous sommes tous amis ! C'est décidé, alors ! On vend cette maison pour en acheter une nouvelle. »

Ils ne purent plus rien dire.

            
            

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