Trahison publique : Le COO de mon mari
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Chapitre 2

Point de vue d'Élise Dubois :

Les lumières de la clinique étaient d'un blanc cru et stérile, reflétant le vide qui s'était installé dans mon utérus. C'était fini. Les vestiges physiques de ce que j'avais cru être un avenir commun, disparus. Le papier dans ma main, une confirmation de l'intervention, semblait étrangement léger, mais pesait une tonne. Mon corps était endolori, une douleur sourde et insistante, mais cette douleur n'était qu'un écho lointain comparé au vide rongeur à l'intérieur. Chaque dernier fil émotionnel qui me reliait encore à Bastien, à cette façade de famille, avait été coupé.

Je suis sortie, ma démarche lente mais assurée, dans l'air vif du matin. La ville commençait à peine à s'éveiller, une toile grise de pas pressés et de sirènes lointaines. J'avais besoin d'un café. Fort, noir, assez chaud pour brûler le froid persistant. Mes yeux balayèrent la rue, à la recherche d'un café. Et c'est là que je les ai vus.

Bastien et Doriane.

Ils étaient blottis l'un contre l'autre à un coin de rue, à peine un pâté de maisons plus loin, Doriane s'appuyant lourdement contre Bastien, son visage pâle et tiré. On aurait dit qu'elle avait traversé une guerre, ou peut-être une nuit particulièrement agitée. Bastien avait son bras enroulé fermement autour d'elle, la soutenant, son inquiétude clairement gravée sur son visage. Leur proximité, leur intimité partagée, fut un coup de poing dans le ventre. Le monde devint flou un instant, le blanc stérile de la clinique remplacé par un flash aveuglant de rouge.

Doriane laissa échapper un léger gémissement, sa voix rauque.

« Ugh, j'ai une de ces migraines, Bastien. Et ma gorge... J'ai l'impression d'avoir avalé du feu hier soir. »

Elle pressa son front contre son épaule, une démonstration théâtrale de dépendance fragile.

Bastien lui caressa les cheveux, son contact tendre.

« Je sais, bébé. Tu t'es vraiment lâchée hier soir. Tu nous as mis tous les deux sous la table. »

Il gloussa, un son doux et intime qui m'était autrefois réservé.

« Peut-être que tu devrais lever le pied sur la tequila pendant un moment ? »

Doriane eut un petit rire, un son faible et haletant.

« Mais c'était si bon sur le moment », gémit-elle, « Tu m'as dit que c'était bien. Tu as dit que tu aimais me voir... me détendre. »

Elle leva les yeux vers lui, le regard lourd.

« Le médecin a dit que je devais me reposer. Plus d'activités... intenses pendant quelques jours. »

Bastien la serra plus fort.

« Ne t'inquiète pas, Dor. On peut trouver d'autres moyens de se détendre. Peut-être une soirée tranquille à la maison, juste nous deux. Je m'assurerai qu'on s'occupe bien de toi, mon amour. Tout ce que tu veux, tu l'auras. »

Ses mots étaient une promesse écœurante de douceur, prononcée avec une dévotion qui me transperça comme un rasoir.

Mon estomac se révulsa. Une vague de nausée profonde m'envahit, une manifestation physique du dégoût. Je me suis souvenue des nuits où Bastien me repoussait, prétextant le stress du travail, l'épuisement, n'importe quoi pour éviter l'intimité. « Je ne suis pas d'humeur, Élise. La journée a été longue. Tu ne peux pas comprendre ? » me lançait-il, me laissant me sentir rejetée, indésirable, et me remettant constamment en question. Je m'étais blâmée, j'avais blâmé ma grossesse, j'avais blâmé le stress de la start-up. Je l'avais cru quand il disait qu'il était trop fatigué, trop stressé, trop quelque chose pour moi.

Maintenant, en le regardant choyer Doriane, ses mots peignant une image vivante de leur nuit folle et partagée, tout s'éclaira. Il n'était ni fatigué ni stressé. Il était juste occupé avec elle. Il ne voulait pas de moi. Il la voulait, elle. Il voulait le frisson, l'indiscrétion, la passion illicite. Mon enfant, notre enfant, n'avait été qu'un inconvénient, un lien qui le rattachait à une vie qu'il ne voulait plus. Il se fichait de mon confort, de mes besoins, de mes sentiments. Il ne se souciait que de son propre plaisir, et de celui de Doriane.

Doriane, sentant ma présence alors que j'essayais de disparaître dans l'ombre, leva soudain les yeux. Ses yeux, encore un peu embrumés, se posèrent sur les miens. Un sourire narquois, lent et délibéré, se dessina sur son visage.

« Tiens, tiens, si ce n'est pas Élise. Tu as l'air... reposée. Ça doit être tout ce temps seule que tu as maintenant. »

Sa voix dégoulinait de méchanceté.

« Dis-moi, ma chérie, quel est ton secret ? Bastien dit que tu as l'air un peu... fatiguée ces derniers temps. Mais bon, il a toujours eu un faible pour les demoiselles en détresse, n'est-ce pas ? »

La tête de Bastien se releva brusquement. Ses yeux, encore embués d'inquiétude pour Doriane, enregistrèrent maintenant un choc pur en se posant sur moi. Son visage se tordit instantanément, un mélange de culpabilité et d'agacement.

« Oh, Élise, allons », continua Doriane, se délectant de son malaise et de ma douleur. « Qu'est-ce que tu as que je n'ai pas ? Je veux dire, à part un compte en banque bien garni et un papa qui t'achète des entreprises. »

Elle rejeta la tête en arrière, un rire moqueur s'échappant de ses lèvres.

« Bastien dit toujours que je fais appel à son côté... primaire. Tu es tellement... domestique, n'est-ce pas ? »

Bastien lança un regard d'avertissement à Doriane, une faible tentative de la faire taire, mais il était trop tard. Il se tourna vers moi, sa voix basse et apaisante.

« Élise, ne l'écoute pas, elle est juste... contrariée. Tu sais comment elle est. »

« Contrariée ? » se moqua Doriane, repoussant la main de Bastien de son bras. « Contrariée que tu sois coincé avec elle alors que tu pourrais être avec moi ? »

Elle se tourna vers Bastien, son regard intense.

« Dis-le-lui, Bastien. Dis-lui qui tu veux vraiment. Dis-lui qui te comprend vraiment. Qui te fait te sentir vivant. »

Bastien hésita une fraction de seconde, pris entre deux femmes. Mais ce ne fut qu'une fraction de seconde. Il resserra son bras autour de Doriane. Ses yeux, froids et provocateurs, rencontrèrent les miens.

« Doriane a raison, Élise », dit-il, sa voix dure. « Elle me comprend. C'est mon âme sœur. C'est elle que je veux. Depuis toujours. »

Le visage de Doriane s'illumina, une parodie grotesque de joie. Elle se fondit pratiquement dans l'étreinte de Bastien. Leurs lèvres se rencontrèrent, un baiser long et langoureux, juste là, au coin de la rue, comme si je n'existais pas. Comme si le monde tournait autour de leur dégoûtante démonstration d'affection. C'était un baiser destiné à blesser, à anéantir, à m'effacer complètement. Et il y parvint. Ce fut le coup de grâce, brutal et final.

Mes mains se crispèrent, le papier de confirmation se froissant en une boule serrée. Un chagrin profond et douloureux, comme je n'en avais jamais ressenti, m'envahit. Il ne s'agissait pas seulement de Bastien, ou de Doriane, ou de leur trahison. Il s'agissait de tout ce que j'avais sacrifié, de tout ce en quoi j'avais cru, qui s'effondrait en poussière sous mes yeux. Toutes ces années, tous ces compromis, tout cet amour... pour rien. Mon cœur ressemblait à une cavité vide, résonnant du son de leur baiser écœurant.

Je ne pouvais pas supporter ça une seconde de plus. La vue d'eux, enlacés et suffisants, me fit monter la bile à la gorge. Mon corps se rebella, un vertige soudain m'envahit. Je devais partir. Maintenant. Je me suis retournée brusquement, ma vision encore un peu floue.

Boum.

J'ai trébuché, ma cheville se tordant sous moi, et je me suis effondrée sur le trottoir. Le papier froissé s'envola de ma main, atterrissant dangereusement près d'une bouche d'égout. Une douleur aiguë me parcourut la jambe.

« Oh mon Dieu ! Ça va ? » demanda une voix aimable, une femme se précipitant à mes côtés. Elle passait en hâte, et je lui avais littéralement foncé dessus. « Je suis tellement désolée ! Je ne regardais pas. »

L'agitation surprit Bastien et Doriane. Ils se séparèrent, leurs têtes se tournant vers le bruit. Le visage de Bastien, une seconde plus tôt rempli de passion pour Doriane, se mua en un masque de panique à peine voilée. Il m'a reconnue. Il m'a vue étendue sur le sol, vulnérable et blessée. Il se précipita vers moi, une performance déjà en cours.

« Élise ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Tu es blessée ? » demanda-t-il, sa voix empreinte d'une fausse inquiétude. Il s'agenouilla à côté de moi, ses mains tendues.

J'ai eu un mouvement de recul, me dérobant à son contact comme si j'étais brûlée. Mon corps rejeta instinctivement sa proximité. Son contact me parut contaminé, une trahison contre ma peau même. Son visage s'assombrit, un éclair d'agacement remplaçant la fausse inquiétude. Ses yeux, vifs et calculateurs, tombèrent sur le papier froissé gisant sur le sol, à un centimètre de la bouche d'égout. Sa main s'élança.

CRASH !

Un grand fracas retentit d'une ruelle voisine. Doriane, qui observait Bastien avec un regard possessif, poussa un cri.

« Bastien ! C'était quoi ça ? Tu vas bien ? »

La tête de Bastien se releva brusquement, son attention immédiatement détournée. Il vit Doriane sortir en titubant de la ruelle, se tenant la tête, une poubelle renversée près de ses pieds. Elle avait l'air véritablement en détresse, une image de vulnérabilité impuissante.

« Bastien ! Ma tête ! J'ai encore des vertiges ! » cria Doriane, sa voix un gémissement pathétique. « Aide-moi ! »

Le regard de Bastien, qui était fixé sur le papier, vacilla vers Doriane. La décision fut instantanée. Il m'abandonna, toujours au sol, sans une seconde de réflexion. Il se releva d'un bond et sprinta vers Doriane, son visage un masque tordu d'urgence et d'inquiétude sincère. Il la souleva dans ses bras, la berçant comme si elle était une poupée de porcelaine fragile.

« Je te tiens, bébé », murmura-t-il, sa voix douce d'adoration. « Rentrons à la maison. Tu as besoin de te reposer. »

Il l'emporta, disparaissant au coin de la rue, me laissant là, allongée, abandonnée, oubliée. Le papier froissé, la preuve de mon sacrifice, resta sur le trottoir sale. Mon cœur, déjà un terrain vague, sentit une nouvelle vague d'acide amer. Il ne s'agissait plus seulement de la liaison. Il s'agissait de son manque de soin profond et total pour moi, pour notre enfant, pour tout ce qui ne servait pas ses désirs immédiats.

Je me suis lentement relevée, ma cheville lancinante. Le papier était toujours là. Je l'ai ramassé, lissant les plis avec des doigts tremblants. Mon avenir, notre avenir, venait de s'en aller avec une autre femme. Mais à cet instant, alors que je fixais la confirmation de mon intervention, une nouvelle clarté s'installa en moi. Il n'y avait plus de « nous ». Il n'y avait que moi. Et une résolution brûlante et glaciale. Il voulait se débarrasser de moi ? Très bien. Mais il n'allait pas simplement se débarrasser de moi. Il allait regretter chaque souffle qu'il prendrait avant que tout cela ne soit terminé.

            
            

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