Chapitre 5 Chapitre 5

Le POV de ANNA

Je les ai regardés rire un moment avant de les interrompre.

"Où est mon argent?" J'ai interrompu leur rire, ou devrais-je dire leur rêverie, et comme prévu... j'ai été accueillie par un regard mortel de leur part à tous les deux.

C'est eux qui m'ont offert ceci --- de me déguiser en Louisa... pour faire dormir Harold avec moi et lui prouver que Louisa est vierge et qu'aucun homme ne l'a jamais touchée auparavant. Et si il était convaincu, il finirait par épouser ma sœur.

Ma soeur jumelle ne pouvait le faire car elle était un peu une dévergondée qui avait couché avec un grand nombre d'hommes. Quand ils m'ont offert cette tâche, j'ai immédiatement accepté car j'avais besoin de l'argent pour ma mère qui était gravement malade. Je ne peux pas laisser ma mère souffrir comme ça. Elle en avait assez avec mon père... et je pense qu'il est temps pour moi de la rendre heureuse.

Je me souviens encore d'elle me disant qu'au moment où Louisa et moi étions encore bébés, elle a découvert que papa avait déjà une amoureuse nommée Ada. C'était la femme devant moi, me fixant maintenant avec du feu dans le regard. Depuis que ma mère et moi avons été abandonnées par notre père, il n'a jamais subvenu à nos besoins financiers. Il a emmené Louisa avec lui, et elle a pensé toute son enfance qu'Ada était sa mère, tandis qu'elle rejetait sa propre mère biologique.

Cette femme ici nous traitait ma mère et moi comme si nous n'étions rien de plus que des mendiants, comme si dans ses yeux nous n'étions rien de plus que des déchets. Et cet homme n'a jamais parlé à moi et ne m'a jamais traitée comme si j'étais sa fille. Dans son esprit, j'étais plus un fardeau, et je pouvais sentir qu'il souhaitait parfois que je n'ai pas fait partie de sa vie. Pas parfois, mais toujours.

"Ton argent?" cracha-t-il en se levant de son siège et en se rapprochant de là où je me tenais. "Regarde-toi! La pauvreté est gravée partout sur ton existence!"

J'ai pris une grande inspiration, essayant tant bien que mal de me calmer tout en serrant les poings de chaque côté, me contrôlant pour ne pas frapper la laide figure de mon père. L'argent n'est pas pour moi mais pour ma mère!

"Chérie, ne te laisse pas emporter par elle. À quoi t'attends-tu si sa mère est aussi une mendiante ? Tu penses vraiment qu'elle peut rivaliser en beauté avec notre Louisa ? Elle n'est rien d'autre qu'une péquenaude. Quel déshonneur d'avoir une fille comme elle!"

"Péquenaude?" ai-je demandé entre mes dents serrées. "Il faut te rappeler que la péquenaude à laquelle tu fais référence, c'est celle que tu as demandé de l'aide hier!" J'ai graduellement desserré mon poing, consciente qu'il n'était pas nécessaire de m'emporter avec une personne comme elle mais je ne pouvais pas me contrôler face à toutes leurs insultes envers ma mère et moi.

"C'est comme ça que ta mère t'a éduquée, hein?" Mon père ma hurlé au visage. "En parlant à quelqu'un d'aussi vieux que toi, surtout à ma femme?! Tu me manques de respect en tant que ton père!"

Père?

Depuis quand a-t-il agi comme mon père? Et il s'attendait à ce que je le traite comme tel? Ha!

Et le respect? Il a manqué de respect à ma mère en premier! Il n'est pas digne de ça.

"Pourquoi me regardes-tu comme ça, hein ?" il s'approcha de moi et mes yeux s'écarquillèrent lorsqu'il leva la main pour me frapper.

"Fais-le ! Frappe-moi ! De toute façon, tu ne m'as jamais traitée comme ta fille !", je fixais ses yeux en affichant une expression vide, comme s'il était un total inconnu, et je pouvais sentir qu'il devenait de plus en plus mal à l'aise sous mon regard.

Sa main s'arrêta en l'air et il ne la baissa que lorsqu'il entendit sa femme parler.

"Voici ton argent!" dit-elle, lançant les billets en papier à mon visage et mon cœur battait de colère alors que je la fixais du regard. "Voilà dix mille dollars, salope !"

Je poussai un profond soupir en m'agenouillant pour ramasser tout l'argent qui avait été éparpillé sur le tapis et vérifiant que je n'avais manqué aucun billet. Mon cœur versait des larmes à la fois de douleur et de joie car je peux enfin soutenir le traitement de ma mère.

Dans mes vingt-quatre années d'existence dans ce monde, Papa ne m'a jamais donné un seul sou, mais parce que j'ai aidé sa fille adorée en me faisant passer pour elle, j'ai obtenu dix mille dollars comme ça.

Lorsque j'étais enfin certaine que j'avais tout l'argent avec moi, je me levai et leur souris d'un air moqueur. ''Merci... Je ne savais pas combien vaut une vierge jusqu'à maintenant.''

Je venais de finir de mettre tout l'argent dans mon sac et je m'apprêtais à partir la tête haute lorsque soudain, la voix de mon père m'arrêta.

"Anna..."

Je pris une profonde inspiration et m'arrêtai net, mais je ne me retournai pas pour les affronter à nouveau. ''Je ne veux plus jamais voir ta figure dans cette ville. Retourne dans la province où tu vis actuellement et reste-y jusqu'à ta mort.'' La voix de mon père était froide comme la glace et j'avais envie de fondre en larmes, mais je me retins. Il ne mérite pas mes larmes.

"C'est ça !" ajouta Ada, sa voix agaçante résonna dans la pièce. ''Ne montre plus jamais ta figure ici ! Tu es aussi dégoûtante que la merde !''

Je serrai mon sac tandis que je marchais lentement vers la porte. Je sais pourquoi ils ne veulent plus me voir. Ils ont peur que je les détruise et que je ravage tout. Ils ont peur d'être ruinés par une mendicante comme moi.

Dès que ma mère sera totalement remise de sa maladie... Je la ramènerai à Staten Island et nous vivrons paisiblement et heureusement ensemble et pour toujours. Jusqu'au jour de notre mort...