Chapitre 4 Chapitre 4 ANDREW

"Mademoiselle, vous avez laissé tomber votre stylo", me dit un gars court de taille, en me tendant mon stylo.

Je lui adresse un petit sourire. "Merci..." dis-je en prenant le stylo à la hâte, mais avant que je puisse faire un pas pour m'en aller, une voix m'arrête.

"Hé, l'intello !" dit Tyler, se référant à moi.

Je me retourne et je suis sous le choc parce qu'il est si près de moi que nos visages se heurtent presque. Je peux sentir son odeur, un mélange de savon et d'eau de Cologne et la chaleur de son corps vibre en moi, comme un courant. Je n'ai jamais été aussi proche de lui et la sensation est si électrisante.

Je fais un pas en arrière, mais il attrape mon bras, m'empêchant de bouger. "Que fais-tu ici ?" demande-t-il. "Tu vérifies encore si tu es sur la liste de ceux qui sont sexys ?" demande-t-il en souriant. Ses yeux sombres sont aiguisés et évaluateurs et ils fixent les miens. Mais je suis incapable de soutenir son regard - ses yeux et sa proximité affaiblissent mes genoux. Ce serait embarrassant si je tombe à ses pieds. "Continue de rêver, l'intello !"

Il lâche mon bras et me pousse, me faisant tituber un peu en arrière. Puis il s'en va en un clin d'œil.

Je vois que tout le monde regarde dans ma direction et je baisse les yeux, ignorant leurs regards et m'éloignant du tableau d'affichage. Une forte sonnerie retentit soudain dans toute l'école pendant quelques secondes et tout le monde se hâte autour de moi. J'essaie de m'écarter de leur chemin, mais ça ne marche pas très bien quand je suis au milieu du couloir et que tout le monde se précipite en classe.

Un garçon court vers moi avec détermination - celle d'arriver en classe à l'heure. Il me dépasse rapidement, m'écartant de son chemin et me faisant perdre l'équilibre, ce qui me fait atterrir directement sur le sol avec le faire-part que je tiens dans ma main.

Un gémissement s'échappe de ma bouche lorsque la douleur atteint mes fesses. Je regarde autour de moi pour voir si quelqu'un m'a vue atterrir sur le sol. Par chance, il n'y a personne en vue. Je veux dire absolument personne. Pas même une seule mouche. Les couloirs sont déserts et silencieux. Je suis seule ici alors que tout le monde est déjà en classe.

Soupirant, je me mets à genoux pour ramasser le papier au sol. Soudain, une ombre noire apparaît au-dessus de moi et je lève la tête pour voir qui est-ce.

Devant moi se tient un homme aux cheveux châtain clair qui semblent si doux. Ses yeux noisette, recouverts d'épaisses lunettes, me fixent d'un air amusé.

J'évite son contact visuel et avant que je puisse attraper le papier devant moi, il le ramasse et me le tend. "S-salut..." bégaie-t-il.

"Salut..." Je lui adresse un petit sourire, je me lève puis je pars immédiatement.

"Mademoiselle, attendez !" me dit-il. "Mademoiselle, je suis nouveau ici. Je veux juste me faire des amis." En entendant ce qu'il vient de dire, je fais une halte.

Je n'ai pas d'amis ici sur le campus. Je ne veux plus être amie avec personne, désormais. Parce que le dernier et seul ami que j'ai eu, m'a quittée parce qu'ils l'ont blessé. Il m'a quittée et je ne sais pas où il est allé. La dernière fois que j'ai entendu parler de lui, il avait quitté le pays avec ses parents. Je ne veux pas qu'une autre personne souffre à cause de moi, ce qui l'amènerait à me quitter.

Alors que je m'éloigne de lui, je peux encore l'entendre m'appeler. Et tandis que je continue à marcher, je ne peux m'empêcher de me souvenir du passé.

J'étais assise à mon endroit préféré sur la pelouse, à l'ombre d'un grand arbre, en train de lire un livre, quand j'avais senti quelqu'un s'asseoir à côté de moi.

"Salut..." avait-il salué. "Pourquoi es-tu toujours seule ?"

J'avais levé les yeux et vu un type élancé. Ne voulant pas que quelqu'un me dérange dans ma lecture, j'avais haussé les épaules et continué à parcourir le livre des yeux quand il me l'avait soudainement arraché des mains. "Hé !"

"Je te parle, demoiselle."

"Je ne parle pas aux inconnus, je suis désolée", avais-je dit sans m'intéresser à lui, en essayant de lui reprendre mon livre. "Peux-tu me le rendre, s'il te plaît ?"

"Non !"

"Qu'est-ce que tu veux ?" avais-je demandé avec irritation. Pourquoi ce type me dérangeait-il ? Le pire, c'était qu'il avait piqué mon livre préféré. Je ne le connaissais même pas.

Puis il avait souri. "Je veux que nous soyons amis."

"Que dirais-tu d'un non ?" lui avais-je répondu. J'avais ensuite fixé les lunettes qui reposaient sur mon nez, en croisant mes bras sur ma poitrine.

"Et si je te rendais ton livre à la seule condition que tu sois mon amie", m'avait-il dit et c'était à ce moment précis que notre amitié presque parfaite avait commencé.

Il s'appelait Andrew. Il aimait jouer au basket et au football. Il aimait manger et adorait les animaux. Il est devenu le meilleur ami que j'aurais jamais pensé pouvoir avoir, car tout le monde à l'école me détestait sans raison. Je veux plutôt dire, ils me détestaient parce que j'étais moche et totalement ringard.

Dans les jours et les mois qui avaient suivi, ma vie était passée de solitaire à une vie heureuse. Andrew avait rempli ma vie de joie et de rires. Il avait rendu ma vie complète.

Il m'accompagnait en voiture de l'école au travail, puis venait me chercher après mon travail, au café The Grind, en tant qu'étudiante à temps partiel.

Tous les week-ends, il entrait dans ma chambre par la fenêtre à l'aide une échelle. Nous regardions nos films préférés ou jouions aux cartes ou aux échecs, puis nous mangions et dormions.

Mais avant de pouvoir faire tout ce que nous avions en tête, je m'étais assurée que toutes les tâches ménagères avaient été faites afin que tante Lucy ne me dérange pas dans ma chambre et je la verrouillais au cas où elle ferait accidentellement irruption à l'intérieur.

"Stella, ouvre ta fenêtre." Il était six heures du matin quand j'avais entendu Andrew frapper à ma fenêtre.

"Andrew, que fais-tu ici de bon matin ?" J'avais bâillé et étiré mes bras avant d'ouvrir ma fenêtre.

Il souriait et avait placé une magnifique chatte devant moi. "Joyeux anniversaire, Stella."

La bouche grande ouverte, j'avais immédiatement attrapé la chatte et l'avais emprisonnée dans mes bras. "Oh mon Dieu, Andrew, c'est magnifique !" Je rayonnais les larmes aux yeux. "Merci beaucoup."

Nous avons appelé cette magnifique chatte, Luna. Elle avait deux beaux yeux gris, des pattes adorablement petites et deux oreilles guillerettes qui étaient très sensibles aux sons. Son corps minuscule était couvert d'une fourrure blanche et lisse. Elle était facile à aimer parce qu'elle était humble et loyale. Puisqu'elle détestait Debra, elle restait donc toujours dans ma chambre.

"Andrew, veux-tu venir avec moi à la bibliothèque ?" lui avais-je demandé un jour après le déjeuner.

Nous nous dirigions vers la bibliothèque en riant et en parlant de Luna, de la façon dont elle volait toujours la nourriture d'Andrew, quand soudain, Mark et sa bande nous avaient bloqués le passage.

"Que voulez-vous ?" avait demandé Andrew.

"Hé l'amoureux, ne te mêle pas de ça. On veut seulement la fille intello", avait dit Mark, en le poussant sur le côté.

Mais Andrew n'avait pas bougé. Il était resté en face de moi, bloquant Mark de ma vue. "Non ! Restez loin d'elle !"

"Tu ferais mieux de partir ou tu vas regretter d'être resté", avait dit Dave, en souriant. Ses yeux avaient parcouru mon visage jusqu'à ma poitrine, puis étaient revenus à mon visage. Quel pervers !

"Andrew, s'il te plaît, va-t'en maintenant. Ne t'inquiète pas, je peux m'occuper d'eux", avais-je chuchoté, mais j'avais senti que quelqu'un m'attrapait le bras et me tirait loin de lui.

"Hé ! Laisse-la partir !" avait crié Andrew, mais Harry lui avait soudainement donné un coup de poing.

"Andrew !" avais-je crié. J'avais regardé autour de moi, en espérant que quelqu'un arrête cette horrible bagarre, mais personne ne semblait faire quoi que ce soit à part les observer.

Je ne pouvais pas me libérer de l'emprise de Dave, alors j'étais restée impuissante à regarder Harry et Mark frapper Andrew sans arrêt pendant que je pleurais.

"Arrêtez ! S'il vous plaît. Arrêtez-les !" criais-je en me mettant à genoux. Je ne pouvais pas laisser une personne mourir sous mes yeux, encore moins mon meilleur ami.

J'avais pris une profonde inspiration et expiration et je m'étais levée. Dans mon dernier souffle, j'avais levé la main et frappé Dave sur le nez. Toute la foule était choquée par ce que je venais de faire, puis je m'étais approchée d'eux et les avais éloignés d'Andrew.

Et quand j'avais cru que je ne pourrais pas les arrêter, j'avais entendu quelqu'un siffler et en un clin d'œil, la bande de Mark avait disparu. Je regardais Andrew étendu sur le sol, inconscient et je secouais la tête en pleurant. "Andrew !"

Et c'était la dernière fois que j'ai vu Andrew avant qu'on l'emmène à l'hôpital. Une semaine plus tard, j'avais reçu un appel de lui me disant qu'il quittait le pays.

C'est toujours ainsi. Me suis-je dit. Quiconque s'approche de moi sera malchanceux.