Quand L'Amour Revient Avec un Enfant
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Chapitre 5 Chapitre 5

Mais nos peaux qui s'effleurent produisent de l'électricité. Mon cœur cogne comme un con. Elle remonte le môme sur sa hanche et sa bretelle sur son épaule. Le petit brun me fixe d'un regard noir et farouche, comme s'il hésitait entre se protéger de moi ou défendre sa mère. Je fais un pas en arrière, lève les mains en signe pacifique, puis les enfonce dans mes orbites pour retenir la vague de larmes qui me submerge.

Quand je rouvre les yeux, June a des larmes plein les siens. Et je découvre enfin l'océan dans les iris de mon fils. Le même gris bleuté que le mien. Changeant, tempétueux, insondable. J'y plonge. Je ne respire plus.

J'ai un fils.

Et il a mes yeux.

Il lui ressemble. Comme deux gouttes d'eau de mer. Douce et salée. L'un est immense, tatoué et en colère, l'autre minuscule, impressionné, l'innocence même. Pourtant, la même intensité bouillonne dans leurs regards gris-bleu. Les mêmes tempêtes y grondent.

Il y a tout le ciel et l'océan, dans ces deux paires d'iris. Les quatre plus beaux yeux du monde.

Ceux de mon fils. Et ceux de son père.

Les miens ne se sont pas posés sur Harry Quinn depuis un peu plus de trois ans, et pourtant, sa carrure, ses traits, sa tignasse rebelle, sa beauté sauvage sont restés gravés dans mon esprit. Dans ma mémoire. Dans ma chair. Mon amour d'enfance est d'un genre à part. De ceux qui vous marquent à vie. Au fer rouge.

Le visage tendu, le souffle court, le géant contemple sa version miniature, subjugué, depuis le pas de ma porte. Je tremble de la tête aux pieds. Ça cogne dans ma poitrine, ça se bouscule sous mon crâne. Voilà une éternité que j'attends ça : qu'il me retrouve, qu'il se pointe à ma porte, qu'il grimpe à ma fenêtre en s'écorchant les genoux, comme quand on était gamins. Ce face-à-face, ces retrouvailles, j'en ai rêvé jour et nuit, mais en vérité, je ne m'y étais pas vraiment préparée. Je n'y croyais plus. Dans mon esprit torturé, Harry n'était qu'un mirage. Un doux rêve gâché, lointain, parti en fumée, qui ne se réaliserait plus jamais.

C'est moi qui ai fui. Moi qui ai choisi de le quitter. Mais j'en ai souffert comme si c'était son choix à lui.

Et j'ai bien cru en crever.

Mon fils s'agite un peu dans mes bras, il serre sa petite voiture dans une main pour se rassurer. Sa tête aux boucles brunes se pose sur mon épaule. Il cherche ma protection, ma chaleur, sans jamais quitter l'étranger du regard. Les enfants sont bien plus instinctifs, plus futés qu'on ne le pense. Quelque part en lui, il a peut-être déjà compris. Cet homme qui nous contemple n'est pas n'importe qui. Il était mon plus grand amour. Et il est surtout la raison même de l'existence de cet enfant.

Un gémissement douloureux m'échappe, puis je m'écarte pour faire signe à Harry d'entrer. Je n'arrive pas à parler. Ce dernier me dévisage à nouveau, son intensité me percute et mon cœur manque un battement.

– Je suis désolée..., murmuré-je enfin, sans savoir quoi ajouter.

Je vois une étrange lueur traverser ses yeux clairs, mais Harry choisit de m'ignorer. Son grand corps se met finalement en mouvement, il franchit la barrière invisible qui nous sépare et pénètre dans mon appartement. Instinctivement, mes bras se resserrent autour du petit corps chaud qui se pelotonne contre moi. Une fois la porte fermée, comme s'il se sentait à nouveau en sécurité, mon fils remue pour que je le pose par terre et s'éloigne pour aller jouer. Je me retrouve face à face avec le garçon que j'ai aimé, que j'ai trahi, et qui pose à nouveau son regard orageux sur moi. À m'en donner froid.

– C'est ton fils, lui dis-je tout bas. Notre fils.

Il le savait déjà. Mais Harry plisse les yeux, contracte ses mâchoires, comme si cet aveu était encore plus douloureux à entendre de ma bouche.

– Il s'appelle Harrison, ajouté-je dans un doux murmure.

Harry se tourne lentement vers le petit, puis à nouveau vers moi, les lèvres entrouvertes, les sourcils relevés.

– Harrison ? redit sa voix profonde, incrédule.

J'en frémis. Son émotion est palpable, inattendue. Elle me touche. Je pensais qu'il me crierait sa colère, me claquerait la porte au nez, me rappellerait qu'il n'a rien demandé, qu'il ne veut ni de l'enfant ni de moi. Mais il reste là. Je crève d'envie de me rapprocher de lui, de l'effleurer, de sentir sa peau, son odeur, mais j'ai perdu ce droit le jour où je l'ai abandonné – en pensant respecter son choix. Harry ne voulait pas devenir père. Jamais. Pas après tout ce qu'il avait vécu.

Et pourtant, le jour de la naissance de mon bébé, c'est ce prénom, le sien, qui s'est imposé à moi. Ça ne pouvait être autrement. D'une façon ou d'une autre, je devais lier le père et le fils, pour réparer le lien que j'avais choisi de briser. Il y a deux ans et demi, ça m'a semblé une évidence. La bonne chose à faire. Je n'ai pensé qu'à Sonny. Si mon bébé ne devait jamais connaître Harrison Quinn, ne jamais porter son nom, il aurait au moins son prénom. Et je me suis juré de lui parler de lui. De tout lui dire de nous. De ne jamais lui mentir. De lui raconter tout l'amour qu'il y avait entre son père et moi, quand il s'est invité dans nos vies. Et que tout a basculé pour nous trois.

Les souvenirs remontent, ceux que j'ai tant essayé d'occulter, d'oublier, d'étouffer et mille lames affûtées se plantent dans tout mon corps. Les larmes aux yeux, je fais un pas vers Harry en tentant de rattraper un peu le temps perdu. D'expliquer ce qui peut l'être.

– Oui, Harrison, répété-je à voix basse. Mais tout le monde l'appelleSonny.

– Pourquoi ce prénom ? lâche-t-il, partagé entre émotion et colère.

À chaque fois que j'avance de quelques centimètres, Harry se décale, recule, m'échappe. Alors je finis par m'arrêter et me contenter du mètre qui nous sépare.

– Je voulais créer un lien entre vous, soufflé-je.

– Tu te fous de moi ? rétorque-t-il, furieux.

– Harry...

– Tu t'es barrée comme une lâche, June. Tu as foutu toute ma putain devie en l'air. Pendant trois ans, je n'ai pas eu la moindre idée de son existence et je t'ai imaginée morte un bon milliard de fois. Alors arrête tes conneries. Tu crois que parce que tu lui as donné mon prénom, ça fait moins mal ?

– Tu ne voulais pas d'enfant ! éructé-je soudain.

La même douleur qu'alors me saisit. Quand j'ai découvert que j'étais enceinte de lui. Quand quelque chose d'incompréhensible, de plus grand, de plus fort que moi m'a poussée à garder cet enfant que je ne pensais jamais avoir. Et à partir, plutôt qu'à l'imposer au garçon que j'aimais.

Dans son regard, la douleur est là aussi. Puis plus rien. Harry porte désormais un masque. Il est inatteignable.

– Si tu cherches à te donner bonne conscience, c'est perdu d'avance.Rien n'excusera jamais ce que tu as fait. Tu vas devoir vivre avec tes choix.

                         

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