Le PDG Qui Ne Sourit Jamais
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Chapitre 5 Chapitre 5

– Donc, lui, c'est Hermann Rafferty. On l'appelle aussi Raffy. Il est làdepuis un moment, c'est le paramedic2 le plus gradé après le chef Warren. Grande gueule mais bon esprit. Marié, père de famille respectable, sauf qu'il fait des blagues pourries et conduit comme un dingue. Attache-toi si tu pars en mission avec lui.

– Merci du conseil.

– Raffy fait équipe avec Sullivan Gibbs, le grand métis beau gosse, là-bas. Il est EMT3, comme toi et moi. Son surnom, c'est Touch', tu découvriras vite pourquoi.

– Hmm... Je ne suis pas sûre d'avoir envie de le savoir, murmure Mina.

– Oh, non, il n'est pas tactile avec les filles, juste avec lui-même. Ilpasse sa vie à se prendre le pouls ou à se palper à la recherche d'une

tumeur. Sympa mais hypocondriaque, quoi. Regarde ça... Je me marre d'avance.

– Hey, Touch', comment ça va ta torsion testiculaire ?

– Ferme-la, Casanova. Occupe-toi de tes noix !

Il se saisit l'entrejambe à pleine main et m'envoie un doigt d'honneur de l'autre. Moins de vingt secondes plus tard, Gibbs soulève son polo bleu marine et s'enfonce trois doigts dans les côtes en grimaçant. Puis il s'approche de Rafferty.

– En haut à droite, ça peut être le foie, tu crois ? J'ai hyper mal quand je respire.

– Arrête de respirer, sinon... le charrie son binôme. Ça s'appelle desdouleurs intercostales, Touch', c'est psychosomatique. Regarde-toi un peu moins le nombril, ça devrait déjà aller mieux.

– T'inquiète pas, Gibbs, lui lancé-je. Je ferai graver ça sur ta pierre tombale : « Je vous avais bien dit que c'était pas dans ma tête ! »

Raffy et Touch' se marrent. Mais Bishop fait claquer sa langue, assis au bout de la table, penché sur je ne sais quel dossier.

– Vous ne voulez pas arrêter un peu vos gamineries ? Y en a qui essaient de bosser par ici.

– Excuse-nous d'exister, Bishop. Tu nous dis si on a le droit de respirer !

Je sais qu'il déteste mon sarcasme, mais ça fait rire Mina. J'enchaîne en baissant un peu la voix :

– Je te présente la joie de vivre faite homme, celui que j'ai la chance, leprivilège et le bonheur quotidien d'appeler mon binôme : Casey Bishop.

– Pas de surnom ?

– Au début, c'était Smiley. Ou Bibi-la-Joie, il y a longtemps. Parce quela dernière fois qu'on l'a vu sourire dans Chicago, c'était en 1997. Mais même ça, ça ne l'a pas fait rire, donc certains ont arrêté. À part son adoration des règles, du protocole et des ordres du chef, je ne le connais pas bien. En tout cas, il fait le taf.

– Mais donc je vais faire équipe avec qui, moi ?

– Une nouvelle recrue devrait arriver à la caserne aujourd'hui. Normalement, on met toujours un EMT et un paramedic ensemble dans un binôme.

– Je vois, la jeunesse et l'expérience.

– Apparemment, ce sera une femme. Ce qui veut dire moins de risquesde tomber sur un gros lourd...

Mina braque son regard sur moi, penche la tête sur le côté et s'approche un peu de mon visage.

– Romeo, pourquoi tu es si... gentil ? chuchote-t-elle dans un sourire.

Je ne sais pas si elle me drague ou si elle n'est simplement pas habituée.

– Je suis juste normal, je crois. Mais j'ai un petit avantage : j'ai été élevé par deux femmes... Et j'aimerais bien qu'on traite ma petite sœur comme ça quand elle arrive quelque part.

Elle acquiesce, me tend la main et la serre, un petit sourire de connivence aux lèvres.

– Beau, tatoué et féministe... Romeo Cruz, es-tu seulement réel ?

Elle lève une main pour palper l'air qui m'entoure. Elle rit doucement à sa propre blague, flirte avec moi sans trop d'équivoque et les mecs de l'équipe se mettent à siffler et huer comme s'ils assistaient à un premier rapprochement. Je me lève pour couper court à tout ça et qu'elle ne se fasse pas de fausses idées. Elle a l'air d'être une fille sympa et pas prise de tête. Je ne sais pas encore ce qu'elle vaut dans le boulot, mais côté perso, je les préfère un peu plus coriaces, avec autant de gueule et de caractère que moi.

Mes mères diraient que c'est introuvable, ça.

Ma garde touche bientôt à sa fin et je n'ai qu'une envie : rejoindre mes potes sur le terrain de basket d'à côté pour me défouler pendant une heure avant de pouvoir rentrer chez moi, prendre une douche brûlante, manger n'importe quoi et me coller sur mon canapé à mater une émission culinaire qui me fera saliver ou des baraques de luxe que je ne pourrai jamais me payer.

Chacun ses petits plaisirs coupables.

Je m'apprête à aller pisser mais Mina ne me lâche pas d'une semelle, avec ses petits yeux de chat qui me supplient de ne pas la laisser seule au milieu de ces troupes bruyantes et puériles, aussi agitées que soudées. Ici, se chambrer est la tradition.

– Bravo, les gars. C'est comme ça qu'on accueille une ancienne ? lance une voix féminine dans mon dos.

Je reconnais aussitôt ce timbre grave et chaud.

– Putain, une revenante ! lâche Raffy.

– Mais non ! C'est toi ? s'étonne Bishop.

– Toujours aussi content de me voir, Bibi-la-Joie !

C'est bien elle. Et sa voix me fait l'effet d'une onde de choc. Mais cette sirène-là allume une autre alarme dans mon cerveau.

– Ça fait quoi ? Au moins deux ans ? demande Rafferty tout en la serrant dans ses bras.

– Mais donc c'est toi la nouvelle recrue ! Tu reviens vraiment parmi nous ?

– Tu crois que tu vas pouvoir me supporter, Bishop ? Avouez que je vous ai manqué...

Son éclat de rire sonore vient me percuter au creux de l'estomac. Je respire bizarrement. J'ai du mal à y croire.

Ça fait trois ans, pas deux.

Trois ans qu'elle a disparu, presque sans une explication. Trois ans qu'elle ne prend pas les appels, ne répond aux messages que par quelques mots évasifs. Trois ans sans vraies nouvelles, à part « Ça va, la vie est belle au soleil ! » Jamais je ne pensais la revoir ici, dans ma deuxième maison, ma deuxième famille.

Elle qui faisait partie de la première.

1. « Ferme ta bouche ! », en espagnol.

2. Secouriste plus qualifié et diplômé que les EMT, habilité à prodiguerdes soins médicaux d'urgence.

3. Technicien médical d'urgence, premier grade des secouristes américains.

– Qui c'est ? me murmure Mina au milieu de l'agitation générale.

– Max. Max Miller.

Je lui réponds sans la regarder. Mes yeux sont absorbés, mon cerveau sous le choc.

Les retrouvailles et les effusions continuent pendant que je reste en retrait, bras croisés. Si je compte bien, elle a maintenant 30 ans. Mais quasi pas changé. Je retrouve sa peau mate, ses yeux noisette lumineux, son immense sourire contagieux. Elle porte un jean et un fin pull noir qui épousent les muscles de ses cuisses, la finesse de sa taille, la carrure de ses épaules. Elle n'a pas sa tresse habituelle mais les cheveux lâchés, châtains, brillants, peut-être plus clairs qu'avant, comme si elle avait pris le soleil. Elle a le teint encore plus hâlé que dans mon souvenir. Les gestes encore plus grands, plus sûrs. Comme d'habitude, elle en impose et elle rayonne. Elle est à l'aise partout, tout le temps, elle déborde d'énergie, de confiance, de charisme. Elle ne cherche même pas à séduire, elle n'a pas besoin de ça. Ce qu'elle dégage suffit.

                         

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