Le PDG Qui Ne Sourit Jamais
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Chapitre 3 Chapitre 3

– Il la menace devant nous et tout le monde s'en fout ?

Je m'agace, jette un œil à la femme tremblante, un autre vers les policiers qui nous entourent mais n'ont pas l'air de vouloir intervenir. Mes coéquipiers continuent de faire leur job et attendent que je me joigne à eux. À quatre, on place le patient sur une planche. Puis on la soulève et je la laisse tomber un peu brutalement sur le brancard qu'on fait rouler jusqu'à l'ambulance.

– Cruz, tu n'es pas censé faire de mal à un patient, me siffle mon binôme à voix basse. Même s'il ne te revient pas.

– Ce type n'a de respect ni pour sa femme, ni pour nous. On devrait lecajoler ?

J'ai répondu à voix haute. Bishop fulmine, Gibbs et Rafferty me font signe de laisser tomber. Le chef Warren termine sa discussion avec le chef des officiers, j'en profite pour aller dire deux mots à la femme qui pleure toujours sur le trottoir.

– Comment vous allez ?

– Je ne sais pas... J'ai eu peur... Il va s'en sortir ?

– Aucun organe n'est touché, votre mari aura juste un gros pansement etune petite cicatrice, le temps de décuver. Vous, vous avez mal quelque part ? Besoin d'aide pour autre chose ?

– Non, je... Je ne voulais pas lui... J'ai cru qu'il allait me...Je m'approche un peu plus et baisse d'un ton.

– Madame, si vous l'avez poignardé en situation de légitime défense, lejuge pourrait se montrer compréhensif. Si vous avez eu peur pour votre propre vie, vous devez vous protéger. Pas juste attendre qu'il rentre pour que ça recommence.

– Qu'est-ce que vous voulez dire ? Ce n'est pas ce que...

La femme recule d'un pas, méfiante, tente de cacher son visage en tournant la tête et la policière la retient pour l'empêcher de se dérober à moi.

– Il y a des blessures de défense sur vos mains et sur vos bras. Ce coquard-là est ancien. Et cette épaule que vous ne bougez plus est probablement luxée, mais vu comme vous supportez la douleur, ça ne doit pas être la première fois. Tout comme ce n'est pas votre première dispute, n'est-ce pas ?

– ...

– Vous avez un avocat ?

– ...

– Vous pouvez porter plainte et faire en sorte que ça s'arrête. Si vous neparlez pas, on n'aura que sa version à lui.

Elle ouvre la bouche pour prendre une grande inspiration et ça fait craqueler une petite coupure sur sa lèvre inférieure. Elle ravale le sang et sa colère.

– Cruz, tu rappliques ou tu rentres en courant ?

Warren tient la portière arrière de l'ambulance, par où je suis censé monter pour faire le trajet jusqu'à l'hôpital aux côtés du patient. Les trois autres sont déjà en place. Je rejoins mon chef au pas de course et il me retient d'une main lourde qui enserre mon épaule.

– Il me semble t'avoir demandé de laisser cette femme tranquille... Continue à ne pas suivre les ordres et je te colle ton premier rapport.

– Chef, c'est une femme battue, elle a besoin d'aide.

– La ferme, Cruz !

Le chef Warren a haussé le ton et s'impatiente. J'inspire un grand coup, prends sur moi. Je me mords l'intérieur des joues mais ma langue se délie :

– Avec tout mon respect, chef, si je dois me taire, vous devriez apprendre à écouter. Elle a peur de parler mais dans cette histoire, c'est elle la victime. Pas celui qui fait le plus de bruit.

Il me semble que je peux voir des petits vaisseaux rouges péter dans ses yeux en direct. Mon chef lâche mon épaule et garde sa main en l'air quelques secondes, poing serré, comme pour éviter de me frapper. Il regarde à l'horizon, avance sa bouche fermée et fait de lents signes de tête, de droite à gauche et de gauche à droite.

– Ça va barder, souffle Gibbs depuis l'ambulance.

– On réglera ça à la caserne, Cruz.

Sur son strapontin, Bishop me fait signe de monter puis se prend le front dans une main. Je suis peut-être allé un peu trop loin. On roule vers l'hôpital et le patient qui somnole à moitié se met à grommeler :

– Je ne vais pas la rater...

Sa bouche pâteuse laisse échapper un petit rire de plaisir.

Je me fais craquer les doigts en regardant ailleurs. Je pense à mes deux mères, à ma petite sœur, à mes amies, à toute leur vie passée à devoir s'assurer de ne pas tomber sur ce genre de types qui se croient tout permis. Ceux qui n'ont pas le moindre scrupule à parler d'une femme comme d'un objet, un bout de viande à consommer puis à jeter. Ceux qui ne voient aucun problème à user de la violence pour obtenir ce qu'ils veulent. Ceux qui ont même le culot de se dénoncer en toute tranquillité face à d'autres hommes, comme s'ils étaient sûrs de trouver des alliés.

Ce n'est pas juste l'effet du whisky. C'est la société tout entière qui le permet. Et ça me fout la nausée.

À l'avant, Raffy conduit nerveusement et le chef Warren attrape la poignée en haut de sa tête, sans un mot ni un regard derrière. J'espère qu'il a compris que j'avais vu juste. J'espère qu'il est capable de reconnaître qu'il a merdé. Je ne peux pas croire qu'on voue sa vie aux services paramédicaux et qu'on puisse tolérer qu'une partie de l'humanité en maltraite une autre.

S'il n'a pas envie de comprendre, d'admettre, de ranger sa fierté... tant pis, ce sera pour une bonne raison si je me fais virer.

1. « Couilles », en espagnol.

De retour à la caserne, je file aux vestiaires pour me passer la tête entière sous le robinet d'eau froide et me laver de tous les crachats aromatisés au whisky bon marché. Je change de tee-shirt et je regagne la salle commune pour manger quelque chose. J'attrape un bagel sur le comptoir et quelques collègues secouristes ou pompiers viennent me taper dans le dos.

– Il paraît que tu t'es imposé, Cruz. Pas mal pour un débutant.

– Si tu as du flair pour cerner les patients, tu iras loin.

– Faire passer les patients avant la hiérarchie, c'est pas donné à tout lemonde, le rookie !

– Continue comme ça et ils voudront tous faire équipe avec toi, me complimente Raffy. Enfin, sauf si Warren te renvoie avant...

Ils se marrent et je souris à ces gars que je commence à connaître et à apprécier, après trois mois à bosser à leurs côtés. Je ne sais pas si c'est Bishop, Gibbs ou Rafferty qui a raconté la scène aux autres, ça m'étonne d'eux vu qu'ils n'ont pas réagi. Mais tout se sait toujours très vite à la caserne. Et ce soutien inattendu fait retomber un peu la pression.

– Pas la peine de te la raconter, vient me souffler mon binôme. Tu escensé suivre les ordres. Et ne pas me laisser seul avec un patient agité pour aller jouer les sauveurs ailleurs. Warren pourrait te mettre à pied juste pour avoir défié son autorité.

            
            

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