L'Enfer d'une Épouse Abandonnée
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L'Enfer d'une Épouse Abandonnée

Gavin
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Chapitre 1

Le jour où j'ai perdu mon enfant, mon mari célébrait la naissance de son héritier. Pas le nôtre. Celui de sa maîtresse.

Enfermée dans une aile glaciale du manoir, mes appels à l'aide n'ont reçu que le rire cruel de ma belle-sœur, Charlyne.

« Laisse-la faire sa crise », a-t-il ordonné au téléphone, alors que je perdais mon bébé dans une mare de sang.

Il avait vidé l'hôpital local de ses médecins pour assurer une naissance parfaite à l'autre enfant, me condamnant à une mort certaine.

Pour le monde, et surtout pour lui, j'étais morte. Et j'avais tout perdu.

Mais mon père, un homme que personne n'ose défier, m'a sauvée en secret. Il a fait de moi une prédatrice impitoyable, façonnée par la vengeance.

Des années plus tard, quand cet homme en ruine m'a suppliée à genoux de revenir, il a découvert la femme que sa cruauté avait créée. Mon seul but : lui prendre tout ce qui lui restait, jusqu'à son dernier souffle.

Chapitre 1

POV: Éléanore Baron

Le sang a commencé à couler, chaud et poisseux, le long de mes cuisses, mais la seule chose qui comptait, c'était la porte verrouillée. Mes doigts étaient si froids, si engourdis par l'humidité de cette pièce glacée, qu'ils refusaient d'obéir. J'ai heurté la porte encore et encore, mes poings devenant des taches floues de douleur contre le bois lourd et indifférent. Chaque coup résonnait dans le silence oppressant, se perdant dans l'aile isolée du manoir qui était devenue ma prison.

J'ai trébuché, ma cheville se tordant sous mon poids. Une douleur fulgurante a traversé ma jambe, me faisant lâcher un gémissement rauque. Je suis tombée lourdement, mon ventre gonflé heurtant le sol avec un choc sourd. Une contraction, plus forte que toutes les précédentes, a serré mes entrailles. Un cri m'a échappé, un son étranger que je n'avais jamais entendu sortir de ma propre gorge. C'était le cri d'une bête blessée, d'une femme trahie, d'une mère en détresse.

Ma respiration est devenue haletante. Chaque inspiration était une lutte, chaque expiration une plainte. Des gouttes de sueur froide perlaient sur mon front et roulaient le long de mes tempes, se perdant dans mes cheveux emmêlés. Mon dos s'est cambré sous la nouvelle vague de douleur, mon corps se pliant malgré ma volonté. Mon bébé, mon bébé... C'était une prière silencieuse, un mantra désespéré qui résonnait dans le vide de ma conscience.

J'ai entendu des pas lourds à l'extérieur de la porte. Mon cœur s'est emballé, rempli d'une lueur d'espoir fugace. « Charlyne ! » J'ai hurlé, ma voix brisée par l'effort et la peur. « S'il te plaît, Charlyne ! J'ai mal ! » Mais les pas n'ont pas ralenti. Ils se sont éloignés, réguliers et indifférents, comme si le manoir lui-même se moquait de ma souffrance. Les Beaumont étaient passés maîtres dans l'art de l'indifférence.

Une nouvelle douleur m'a transpercé, plus aiguë, plus pressante. Mon bébé bougeait, frénétiquement, comme s'il sentait l'urgence, la menace. J'ai senti une chaleur humide se répandre entre mes jambes. L'eau. C'était l'eau. Mais il était trop tôt, bien trop tôt. La panique a serré ma gorge, coupant ma respiration déjà laborieuse. Je devais sortir d'ici. Je devais trouver de l'aide. Pour mon enfant.

J'ai rampé jusqu'à la petite table de chevet, mes mains cherchant désespérément le téléphone. Il n'était plus là. Charlyne l'avait pris il y a des semaines, prétextant que Damien voulait que je « me repose sans interruption ». Un repos forcé, une prison dorée, voilà ce que c'était. Mon regard est tombé sur la fenêtre, barreaux invisibles mais infranchissables. Chaque fois que j'avais essayé d'appeler à l'aide, les gardes – des hommes de Damien, loyaux à son argent et à ses ordres – avaient simplement ignoré ou ri.

Le désespoir m'a envahie comme une marée montante. J'étais seule. Totalement et absolument seule. La réalité s'est abattue sur moi, lourde et asphyxiante. Mes larmes ont commencé à couler, chaudes et amères, se mêlant à la sueur et à la douleur. Mon ventre s'est durci à nouveau, une vague implacable qui m'a arraché un gémissement. Le petit corps à l'intérieur de moi semblait lutter, ses mouvements devenant plus violents, puis plus faibles.

« Non ! » J'ai crié, ma voix se perdant dans un sanglot. « Pas maintenant ! Pas comme ça ! » J'ai agrippé mon ventre de mes mains tremblantes, essayant de retenir l'inévitable, de repousser la marée montante du destin. Mais mon corps m'échappait, trahi par le stress, la peur, et les privations. Chaque seconde qui passait me rapprochait du bord du précipice.

Une dernière fois, j'ai rassemblé toutes mes forces. « À l'aide ! » J'ai hurlé, mon cri résonnant dans le couloir vide. « Quelqu'un ! N'importe qui ! Mon bébé... il arrive ! » Je me suis agrippée à la poignée de porte, tirant de toutes mes forces, mais elle était solide, inébranlable. Mes doigts ont glissé, mes forces m'abandonnant.

J'ai entendu un léger bruit, un bruissement comme d'une robe de soie. Des pas légers. Quelqu'un venait ! L'espoir a jailli en moi, une étincelle fragile dans l'obscurité. « Ici ! Je suis ici ! » J'ai martelé la porte, mes gémissements devenant des appels. C'était Charlyne, forcément. Elle n'était pas si cruelle. Elle ne pouvait pas l'être.

« S'il te plaît, Charlyne, ouvre ! Je... je crois que le bébé arrive ! » J'ai supplié, ma voix se transformant en un filet. J'ai imaginé son visage, sa surprise, son repentir. Elle allait me laisser sortir. Elle allait appeler un médecin. Elle allait me sauver.

Un rire froid et sec a traversé la porte. Un rire qui a gelé le sang dans mes veines. C'était celui de Charlyne, oui, mais il n'y avait aucune surprise, aucun repentir. Seulement une moquerie acerbe. « Oh, la petite princesse Baron fait encore des caprices ? » Sa voix était douce, mais chaque mot était un pic de glace. « Toujours à dramatiser, n'est-ce pas, Éléanore ? »

L'espoir s'est effondré, se brisant en mille morceaux à mes pieds. La moquerie dans sa voix était une gifle, plus douloureuse que n'importe quel coup physique. Charlyne. La sœur de Damien. Ma tortionnaire silencieuse et sadique.

« Charlyne, s'il te plaît, je... je n'exagère pas. La douleur... c'est insupportable. Le bébé... il n'est pas encore prêt. » J'ai imploré, mes mots étranglés par les larmes. « Je te jure, je ne demanderai plus jamais rien. Laisse-moi juste avoir un médecin. Pour le bébé. »

Un bruit métallique a suivi, puis un claquement. J'ai eu une vision fugace de son pied heurtant la porte, un coup sec qui a fait vibrer le bois. « Tu crois que je vais me laisser attendrir par tes larmes de crocodile, Éléanore ? » Sa voix s'est durcie, pleine d'un venin familier. « Tu crois vraiment que je suis stupide ? »

Des paroles blessantes ont fusé à travers le bois. « Tu n'es qu'une usurpatrice, Éléanore. Toujours à vouloir ce qui ne t'appartient pas. Damien n'a jamais voulu d'un héritier de ta lignée. Il nous faut un héritier Beaumont. Un vrai. » Elle a ri, un rire qui m'a glacé le sang. « Et il en aura un. Victoire est tellement plus... adéquate. »

Une nouvelle contraction m'a arraché un hurlement. Mon corps se tordait, mes muscles se contractant avec une force incontrôlable. Le sol froid sous moi est devenu une tache floue. Je suffoquais. La haine pour Charlyne, pour Damien, pour Victoire, a brûlé en moi, une flamme noire au milieu de ma douleur.

« S'il te plaît, Charlyne ! » J'ai réussi à articuler, ma voix à peine un murmure. « Prends tout ! Je... je vous laisserai tout. Le manoir, l'argent, Damien... tout. Laisse-moi juste partir. Laisse-moi juste sauver mon bébé. »

Un silence glacial a suivi mes mots. Puis, la voix de Charlyne est revenue, teintée de pur dégoût. « Tu es pathétique, Éléanore. » J'ai entendu le bruit d'un téléphone. « Oui, Damien. Elle a encore des crises. Pas de panique. Je gère. Je t'appelle plus tard. Concentre-toi sur Victoire. »

Mon cœur a plongé dans un abîme de glace. Damien. Il était au courant. Il cautionnait ça. Mon mari.

Mon champ de vision s'est rétréci. Des points noirs dansaient devant mes yeux. Les contractions étaient incessantes, un rythme infernal qui ne me laissait aucun répit. La douleur me déchirait, me consumait. Mon corps, mon esprit, tout mon être n'était plus qu'une symphonie de souffrance.

J'ai tendu la main, ma conscience s'évanouissant. J'ai senti un bracelet de perles se détacher de mon poignet, un cadeau de mon père, un talisman que j'avais gardé même après avoir été coupée de tout. Un dernier acte désespéré. J'ai réussi à le glisser sous la porte, un minuscule espoir qu'il soit vu, compris.

« Éléanore ? » La voix de Charlyne était soudainement plus proche, avec une nuance d'hésitation. « Tu es là ? »

J'ai voulu répondre, j'ai voulu crier, mais seul un gémissement faible est sorti de ma gorge. Mes yeux se sont fermés. Le bracelet. Elle l'avait peut-être vu.

« Elle fait son numéro habituel, Charlyne. Ne te laisse pas avoir. » C'était la voix de Victoire, claire et perçante, venant de l'autre côté de la porte. Je pouvais l'imaginer là, souriante, satisfaite, sa main posée sur le bras de Charlyne. « Elle sait très bien que le bébé de Damien et le mien... » Elle a marqué une pause, un rire doux et victorieux. « ...doit être le seul héritier. »

Le rire de Victoire s'est mêlé au silence de Charlyne. La porte s'est ouverte d'un coup, mais ce n'était pas pour me libérer. C'était pour me jeter un regard de dédain. Charlyne tenait le bracelet dans sa main, ses yeux parcourant la pièce d'un air méfiant. Elle l'a jeté à terre, au milieu du sang qui s'étendait.

« Tu crois encore pouvoir nous manipuler, Éléanore ? » Elle a levé le menton, une expression de victoire cruelle sur son visage. « Ce bracelet ne t'aidera pas. Personne ne viendra pour toi. » Elle a fait un pas en arrière, ses yeux rencontrant les miens. Un éclair de terreur a traversé ses traits. « Qu'est-ce que... »

La porte s'est refermée avec un claquement assourdissant. Le verrou a tourné, confirmant ma solitude. Charlyne s'était retirée, son visage déformé par une panique fugace. La colère, la rage, ont submergé ma douleur. Elle avait vu. Elle avait compris que ce n'était pas un "numéro". Mais elle s'était enfuie.

Un objet lourd a heurté la porte de l'extérieur. Un nouveau verrou, plus solide, un cliquetis sinistre qui a scellé mon destin. J'ai entendu les pas de Charlyne s'éloigner rapidement, paniquée cette fois. Puis un autre bruit, celui d'un manche de balai ou d'une barre de fer, frappant le bois, renforçant la porte. Damien avait dû la pousser à bout. Il était capable de tout, même de ça.

J'ai levé les yeux vers le plafond, mon regard s'accrochant désespérément à l'éclat pâle de la lune qui filtrait à travers les rideaux lourds. La douleur était une masse informe qui me dévorait. J'étais en train de perdre mon enfant. Ce savoir m'a transpercé, plus froid que la mort elle-même.

Je suis restée là, impuissante, mon corps secoué par des soubresauts. Mon âme a crié de désespoir. J'ai senti la vie s'échapper de moi, goutte après goutte, instant après instant. Mon enfant. Mon bébé. Il était déjà parti. J'ai étendu ma main tremblante, non pas vers la porte, mais vers mon ventre désespérément vide.

Le hurlement a été silencieux, mais il a déchiré les profondeurs de mon être.

            
            

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