Chapitre 5 Chapitre 5

Chapitre 5 :

- Ma nièce ? Je doute d'avoir jamais possédé un tel lien de sang, lança Christian d'une voix glaciale, sans daigner poser les yeux sur Indri.

Il la laissa derrière lui comme on écarte une poussière gênante. Pour lui, cette femme n'était qu'une copie sans saveur de toutes celles qu'il avait déjà vues s'offrir à lui. Des silhouettes interchangeables, prêtes à s'humilier pour un instant de sa considération. Des créatures qu'il méprisait profondément, car elles n'avaient ni dignité ni retenue.

Indri demeura figée, interdite. Elle n'avait pas prévu que son sourire étudié se fracasserait ainsi contre un mur de glace. Ses doigts se crispèrent malgré elle, ses lèvres tremblèrent avant de se durcir. L'affront avait pénétré sa peau comme une gifle en public. Sa fierté venait d'être lacérée, et la brûlure de l'humiliation faisait rougir son visage.

Elle tenta de ravaler son courroux, mais la rancune se grava aussitôt dans son regard. Cet homme l'avait dédaignée comme si elle n'était rien.

Christian, lui, n'avait plus qu'une seule vision en tête : la silhouette d'Ella, qui s'éloignait à pas sûrs. Qu'il le veuille ou non, son attention se fixait sur elle, happée par une force qu'il ne s'expliquait pas. Elle irradiait une assurance rare, une clarté dans les yeux qu'aucune servilité n'avait ternie. Comment croire qu'une telle femme avait été enfermée cinq ans dans un établissement psychiatrique ? L'énigme éveillait en lui une curiosité inhabituelle.

...

De l'autre côté, Haikal entraîna Ella vers un recoin discret, hors du regard des invités. Son visage, marqué d'un mépris ouvert, trahissait son impatience d'en finir.

- Qu'est-ce que tu veux encore ? cracha-t-il, comme s'il s'adressait à une intruse indésirable.

Ses yeux la traversèrent comme s'il contemplait une souillure.

Le cœur d'Ella, malgré la rage, se serra à la vue de ce visage qu'elle avait tant aimé. Depuis l'enfance, Haikal avait été son refuge, son allié, le compagnon de ses souvenirs les plus intimes. Aujourd'hui, ce même visage, autrefois doux, n'exprimait plus que dédain et hostilité.

Pendant toutes ces années de captivité derrière les murs de l'hôpital, elle avait nourri l'illusion que l'enfant qu'elle avait mis au monde appartenait à cet homme. Elle avait transformé cette pensée en un reste d'espérance, en une preuve imaginaire que l'amour qu'elle avait voué à Haikal n'avait pas été vain.

Mais face à lui, cette illusion s'effondra.

Haikal éclata d'un rire sec, qui résonna comme un crachat.

- Isabella Maheswara... tu crois sérieusement que j'aurais partagé ma couche avec toi ? Tu n'étais qu'un accident ridicule. Même te toucher me répugnait.

Ses mots furent autant de lames jetées à la figure d'Ella. Lorsqu'il aborda le sujet de l'enfant, son ton devint plus cruel encore. Ses yeux flamboyaient d'une colère rageuse, et chaque phrase semblait vouloir la précipiter plus bas.

Alors, le claquement d'une gifle fendit l'air. La main d'Ella s'était abattue sur sa joue avec une violence qui fit basculer son visage.

- Où est mon fils ? lança-t-elle d'une voix vibrante, sans tremblement, le regard rivé sur lui.

Elle refusa de laisser transparaître la douleur qui lui brûlait les entrailles. Sa voix monta d'un cran, aiguë, presque tranchante, lorsqu'elle répéta sa question.

Elle se sentit ridicule d'avoir encore cru, malgré tout, malgré la trahison, malgré l'enfer. Cinq années de cauchemar n'avaient pas suffi à la libérer de cette chimère. Mais une conviction, enfouie en elle, ne s'éteignait pas : son enfant vivait. On le lui avait arraché, mais il n'était pas mort.

Haikal se pencha légèrement vers elle, ses lèvres tordues par un rictus empli de haine.

- Ton bâtard est mort en naissant. Ton fils pourrit déjà en enfer ! Tout cela n'est que le prix de ta duplicité. Tu m'as fait croire à ton innocence, alors que tu couchais avec un autre dans mon dos. Tu n'es rien qu'une traînée.

Chaque mot perçait le cœur d'Ella comme un fer chauffé au rouge. Mais cette fois, au lieu de se briser, elle se redressa, ses yeux flamboyant d'une nouvelle détermination.

Elle comprit, d'un seul coup, que l'homme qu'elle avait aimé n'était qu'un mirage. Celui qui se tenait devant elle n'était plus qu'un bourreau, un serpent qu'elle avait jadis pris pour un refuge.

Alors, d'une voix glaciale, elle prononça :

- Oui, j'aurais préféré me donner à n'importe qui, sauf à toi. Savoure tes fiançailles, Haikal. Mais retiens bien ceci : la douleur que tu m'as infligée, je te la rendrai décuplée. Je vengerai chaque larme versée, chaque cauchemar, chaque blessure que mon fils et moi avons subis. Tu es, et tu resteras, l'homme que j'ai rejeté. Et ce que tu vois aujourd'hui n'est que le commencement.

Ses lèvres s'étirèrent en un sourire froid, qui lui donnait l'allure d'une reine déchue mais invaincue.

Elle se pencha vers lui, glissant sa main contre sa nuque comme pour l'attirer, ses lèvres frôlant les siennes avec un éclat de défi. Derrière ce geste enflammé, elle ne rêvait que d'étrangler cet homme.

Haikal, malgré la colère qui bouillonnait en lui, sentit son corps réagir à cette provocation. Ses doigts trouvèrent la taille d'Ella et la rapprochèrent. La tentation, brutale et malsaine, se mêlait à la rage.

- Ella ! Qu'est-ce que tu fais ?!

La voix stridente d'Indri brisa la tension comme un fouet. Elle surgit, écumante de fureur.

Et derrière elle, figés de stupeur, leurs parents : Budi Maheswara et Merry Purnama.