La Nounou du Millionnaire
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La Nounou du Millionnaire

Sexybook
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Chapitre 1 Chapitre 1

« Mr X recherche une nourrice à temps plein pour prendre en charge sa fille de 2 ans.

Cette mission consistera à veiller méticuleusement sur l'enfant, sa santé, sa sécurité et son bien-être.

Expérience significative exigée.

Lieu : Mayfair, Londres.

Rémunération : attractive, en fonction du profil.

Personnes irresponsables, susceptibles ou indiscrètes, s'abstenir. »

Je fais claquer mes talons jusqu'au salon en tirant sur le col de mon tailleur strict. Pas franchement confortable, mais comme le disait souvent ma mère, sourire résigné aux lèvres : « Depuis quand les femmes ont la vie facile ? »

Je m'inspecte quelques secondes dans le grand miroir fixé au mur, rajoute un peu de rouge cerise sur mes lèvres, place quelques mèches blondes derrière mes oreilles, puis réalise enfin que je ne suis pas seule. Mon sosie aux cheveux noir corbeau – en short en jean et débardeur imprimé tête de loup – m'observe, assise en tailleur, à même le parquet.

– Sid, oublie ce foutu entretien. Tu n'as pas l'expérience demandée, ilsvont te recaler direct ! Tu t'apprêtes à perdre deux heures de ta vie ! Et de la mienne. On est censées ranger tout ce bordel !

Joe soupire avant de s'attaquer au cutter à un innocent carton qui a le malheur de traîner là.

– Ils ont reçu mon C.V. et accepté de me rencontrer, c'est tout ce quicompte. Ah oui, et deux mots magiques aussi : « Rémunération attractive. »

Je lui décoche l'un de mes sourires les plus agaçants, elle me balance une Converse trouée qui manque de justesse mon visage.

– Je te parie que tu vas t'enfuir au bout de dix minutes ! La mioche va faire un caprice parce que sa nouvelle dînette n'est pas incrustée de diamants, mais de Swarovski, sa mère maniaco-dépressive va s'enfiler une poignée de Lexomil en douce, pendant que Mr X – encore un vieux beau qui te fera les yeux doux – tendra un billet de cent à sa petite princesse. C'est tout ce qu'il aura trouvé pour la faire taire... Ça marche aussi avec « Môman », d'ailleurs, ça coûte cher, la cure botox-champagneantidépresseurs...

– Qu'est-ce qui te fait croire que ce Mr X est richissime ?

– À ton avis, Einstein ? Mayfair, ça t'inspire quoi à part le fric, le fric et encore le fric ?

– Ça tombe bien, c'est justement pour le fric que j'ai postulé. Parce quece n'est pas avec ton boulot de barmaid à mi-temps qu'on va payer le loyer... On a suffisamment galéré avant de trouver cet appart tout juste médiocre. J'ai eu ma dose d'hôtels miteux et d'auberges de jeunesse crasseuses, je ne compte pas me faire expulser le mois prochain ! Compris, Coyote Girl ?

– Ouais, bon, je m'incline, rit-elle de sa voix grave. Va vendre ton âme,je gère les cartons.

Je promène mon regard aux quatre coins du salon. Un cimetière. Tous les cartons qui se trouvaient à sa portée ont fini éventrés. Je ne donne pas cher des autres...

Joséphine. Ma sœur jumelle. La délicatesse incarnée.

Je m'engouffre dans le métro – ou Underground, version british – un quart d'heure plus tard et constate que je fais tache. Mon tailleur étouffant et moi, nous nous creusons une petite place au milieu des Londoniens en tenues estivales et des touristes en sandales et casquettes. Il fait une chaleur écrasante en ce début juillet, je rêverais d'être en terrasse, en train de siroter un soda bien frais dans une robe bain de soleil. Mauvaise pioche. Je me trouve dans un costume de clown triste, pressée contre un mur dans cette rame bondée, entourée de gens pour qui la politesse et l'hygiène ne semblent pas être des priorités. Et je m'apprête à baiser les pieds d'un certain Mr X, à sourire niaisement à une petite peste sûrement mal élevée, juste pour empocher un job dont j'ai désespérément besoin... mais qui ne m'enchante guère.

Quitter Paris, la pire idée que j'ai jamais eue ?

Non, c'était vital.

Bienvenue dans le quartier le plus recherché, le plus élitiste de Londres. La case la plus chère du Monopoly anglais. Bordé par Hyde Park à l'ouest et l'ultratendance West End à l'est, Mayfair a une situation est plus qu'idéale. C'est en tout cas ce que radote le vieux Guide vert Michelin des années 1990 qui traîne sur ma table de nuit.

Après avoir écrabouillé une demi-douzaine de pieds en m'extirpant du wagon, je sors à l'air libre, essoufflée, les joues cramoisies, mais ravie. Depuis mon arrivée en Angleterre, un mois plus tôt, je ne me suis jamais promenée dans ce quartier. Ma sœur et moi, nous nous sommes cantonnées aux coins plus populaires – et plus adaptés à nos goûts modestes – tels que Camden Town ou Soho. C'était une erreur.

Sur mon petit bout de trottoir, je lève la tête et contemple ce qui m'entoure avec ravissement. Coup de foudre instantané – et ce n'est pas mon genre, pourtant. Tout ce que je prends le temps d'observer semble avoir été préservé dans un écrin de velours. Ici, pas de pubs sinistres ou de boîtes bruyantes, mais des bars à vin au charme désuet et aux fumoirs intimistes. Les restaurants se veulent discrets, mais subtilement décadents, les façades d'immeubles rivalisent de beauté et les rues sont d'une propreté éclatante.

Et ce sourire qui traîne nonchalamment sur toutes les lèvres...

Un coup d'œil à ma montre et je dégringole de mon nuage. Dans six minutes, il sera quinze heures. Dans sept minutes, le job me passera sous le nez. J'accélère le pas sur Bond Street, admirant sans m'arrêter les boutiques de luxe qui se suivent et ne se ressemblent pas. Chanel, Prada, Miu Miu, Cartier, Alexander McQueen, Louis Vuitton... Joe avait probablement raison. À moins d'habiter dans un studio insalubre et situé au dernier soussol, il faut être millionnaire pour se payer le luxe d'être propriétaire, par ici. Et ce constat ne me dit rien qui vaille. Je n'ai rien contre les gens riches, mais je préfère ne pas avoir à leur rendre de comptes. Surtout quand leurs moyens dépassent l'entendement. Et le P.I.B. d'un petit pays.

Pense à ton salaire, pense à ton salaire, pense à ton...

Rue : St George Street. Numéro : 30. Étage : pas indiqué. Je comprends vite pourquoi. Mr X n'habite pas dans un appartement, comme le commun des mortels, mais dans une sublime maison victorienne à quatre niveaux. Une « townhouse », comme disent les Londoniens – avec une pointe de jalousie dans la voix.

Quatorze heures cinquante-neuf. Je tente de redescendre en température et fais une rapide vérification : tenue professionnelle, coiffure irréprochable, haleine fraîche. Tentée de faire demi-tour, je sonne précipitamment pour que ce ne soit plus une option. Face à cette porte sans doute centenaire, je patiente en prenant la pause. Dos droit, tête haute, jambes serrées, mains jointes devant moi, posées sur la poignée de mon petit attaché-case. La parfaite potiche. Pardon, nanny.

La porte s'ouvre très, très lentement. D'abord, je ne distingue que sa chevelure d'un blanc immaculé, comme on en voit rarement. Mes yeux descendent et rencontrent les siens, plissés, d'un bleu profond. Puis je m'arrête sur sa bouche pincée et délicatement ridée. Cette femme doit avoir une soixantaine d'années, peut-être plus, et mériterait de figurer sur un tableau de maître. Son visage est marqué, mais ses yeux, eux, ont gardé la fougue, l'impétuosité de sa jeunesse. Mon cœur se serre alors que des images de ma mère défilent dans mon esprit.

            
            

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