La Nounou du Millionnaire
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Chapitre 2 Chapitre 2

– Quand vous aurez terminé de me détailler sous toutes les coutures, vous me ferez le plaisir d'entrer ? me demande sèchement mon interlocutrice.

Même son accent, sa voix sont d'une distinction incroyable... et glaciale.

Je la suis en silence jusqu'à un petit salon cossu, situé à l'entrée de la demeure, et m'assieds dans le fauteuil qu'elle me désigne. Je me sens soudain toute petite. Je réponds à chacune de ses questions pendant presque une demi-heure, sans jamais savoir si mes réponses lui conviennent ou non. Par chance, je maîtrise parfaitement l'anglais – même si mon accent français trahit mes origines. L'Anglaise ne sourit pas, ne hausse pas le ton, se contente de m'interroger sans relâche en prenant quelques notes. Puis elle se lève et je l'imite. À ce stade, je ne sais toujours rien d'elle. Je m'attends à être mise à la porte, mais elle prend la direction inverse : les escaliers.

L'ancien et le moderne font bon ménage, j'en ai la preuve incontestable. Si l'extérieur de la townhouse était impressionnant, l'intérieur me saisit. Je trottine derrière la Reine des Glaces – en manquant plusieurs fois de lui rentrer dedans – et tente de ne rien louper du décor sur mon chemin. Les grands espaces de vie, la très belle hauteur sous plafond, la décoration épurée mais design, ce que je devine être une salle multimédia, sur ma droite, puis une salle de sport, sur ma gauche. Les murs clairs et la lumière qui traverse les larges fenêtres contrebalancent les notes plus sombres du mobilier. Nous n'avons pas encore traversé tout le premier étage, j'ai l'impression d'arpenter les couloirs interminables d'un château. Ici et là, les plantes, fleurs, sculptures et tableaux abstraits ajoutent de la couleur à l'ensemble, apportant à cette maison une âme, une impression de vie et de chaleur humaine.

Finalement, la femme s'immobilise devant une grande porte blanche, derrière laquelle je perçois des pleurs. Elle pose la main sur la poignée et se retourne vers moi.

– Mon nom est Imogen Price. J'étais la nanny de Birdie jusque-là, maisma santé ne me permet plus d'assumer cette responsabilité. Reste à savoir si vous, Miss Merlin, vous en serez capable. Vous avez une heure pour me prouver que vous êtes à la hauteur.

– Vous ne comptez pas me laisser observer d'abord ? Pour que je sache comment tout fonctionne et pour ne pas effrayer la petite ? m'étranglé-je, paniquée.

– Non, ce serait une perte de temps. Vous êtes mise à l'épreuve, aujourd'hui, et Birdie est le meilleur test qui soit. Bon courage...

Elle ouvre une première porte et m'invite à pénétrer dans la pièce. Pas de doute, l'enfant qui habite entre ces quatre murs ne manque de rien. À part d'une nanny dotée d'un cœur et d'un certain sens de l'humour, semble-t-il. Mes yeux survolent la moquette impeccable que je devine ultradouce et moelleuse, rien qu'au regard, se posent sur les photos en noir et blanc et les illustrations colorées accrochées aux murs, puis sur les piles de jouets.

– Mr X a dévalisé un Toys'R'Us ? lâché-je bêtement, en tentant de faire sourire Mrs Price.

Échec cuisant. Elle lève les yeux au ciel, puis se rend jusqu'à la porte suivante. La petite voix aiguë de Birdie est de plus en plus audible – ou insupportable, question de point de vue.

– Sa sieste est maintenant terminée, reprend l'ex-nounou. Vous allez lachanger, lui donner son goûter et jouer avec elle. Soyez attentive, ne laissez rien au hasard ou vous pourrez dire adieu à ce poste.

– Entendu, dis-je, peu rassurée.

– Miss Merlin, j'ai oublié de vous demander votre âge...

– Appelez-moi Sidonie, je vous en prie, réponds-je en souriant avant decroiser son regard noir. Hum, j'ai 25 ans.

– C'est bien ce qui me semblait... soupire-t-elle en ouvrant enfin cettefichue porte.

Birdie ne pleure plus, elle hurle. Si cette mise en scène est un test de compatibilité, c'est raté. J'avance dans sa direction, en lui parlant d'une voix douce et apaisante. Rien n'y fait. Les joues de la petite rouquine à bouclettes sont de plus en plus rouges, ses cris de plus en plus perçants. Debout dans son lit, elle s'accroche aux barreaux, la bouche grande ouverte. Je lui tends les bras, elle monte encore d'une octave. Finalement, une idée surgit dans ma tête : je m'empare de son doudou – un lapin poilu... et humide à force d'être mâchouillé – et l'agite sous ses yeux. Les pleurs cessent, mais la petite mal lunée me défie maintenant du regard. Ses yeux marron, presque noirs, m'ordonnent de lui rendre sa peluche ou cela sera fini pour moi. Je capitule, elle gazouille gaiement et accepte enfin que je la sorte du lit. À peine dans mes bras, elle éternue violemment, m'offrant sa morve en guise de cadeau de bienvenue. Derrière moi, Imogen ne rate rien du spectacle. C'est la première fois que je discerne un sourire sur son visage...

Attention à vous, Imogen. Cette substance gluante dans mon cou, j'en ai largement pour deux...

La suite du test n'est pas plus glorieuse, loin de là. Une nouvelle crise au moment du changement de couche – je découvre qu'elle a mangé des carottes à midi. Des hurlements au moment du goûter – et la quasi-totalité de la compote dans mes cheveux. Une bataille de cubes – en bois, bien durs, aux angles pointus – avec pour cible... mon nez.

2 ans... L'âge terrible.

Après avoir tout répertorié dans son petit calepin, Mrs Price m'annonce que l'heure est terminée. Je lui tends le petit monstre, qui se jette dans les bras de son ancienne nounou, puis lui dis que ce n'est pas la peine de me raccompagner. Je connais le chemin. Et l'issue de cet entretien.

Ça n'aurait pas pu se passer plus mal. Quoique... personne n'a été blessé. Si ce n'est mon nez...

Espérons que Joe pourra me trouver un boulot.

***

Direction Camden Town, le quartier le plus rock et jazzy de Londres. Un coin à la fois branché et populaire où tous les mondes, les aspirations, les envies se mélangent, loin, très loin du calme et du luxe de Mayfair. Un coin où ma sœur bosse lorsqu'elle n'a rien de mieux à faire... Je la retrouve en plein inventaire, accroupie derrière son comptoir. Le happy hour ne va pas tarder à commencer, elle ne va pas avoir beaucoup de temps à m'accorder.

– Bienvenue au Crazy Monkey, je vous sers quelque cho... lâche-t-elleen se relevant, avant de me voir. Désolée Sid, ça va bientôt être le coup d'envoi.

– Je sais, je ne reste pas longtemps.

– Alors ? Tu as touché le jackpot ?

– Non, j'ai tout foiré. Mais je crois que ça vaut mieux. Tu aurais vu labaraque... Et les gens qui y habitent... Pas pour moi ! soupiré-je en attrapant le verre qu'elle me tend.

Je suis en train de grimacer – je ne m'attendais pas à un shot de vodka pure – quand Jasper nous rejoint et s'assied sur le tabouret à côté du mien.

– Ne pose pas trop vite tes fesses, toi ! lui balance Joe. On n'a pas assez de glace et je ne trouve pas les olives.

– Pas mon problème, ma brune, sourit insolemment le collègue de masœur. C'est toi qui gères, ce soir, moi je suis juste venu en extra.

– Ça marche peut-être avec tes greluches, ton sourire de lover, mais pas avec moi. De la glace, tout de suite ! ordonne-t-elle en serrant les dents.

Le grand brun au look de hipster – il faudra m'expliquer le concept du bonnet en plein mois de juillet – lâche un rire franc et guttural, m'embrasse rapidement sur la joue, puis s'en va en direction de la machine à glace. Ma jumelle a toujours le dernier mot. Toujours.

            
            

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