Le Millionaire Qui Vivait Dans Mon Salon
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Chapitre 5 Chapitre 5

couleur sont ses yeux. S'il me drague ou s'il est juste sympa. Si c'est un serial killer ou seulement un emmerdeur. Et s'il me plaît plus qu'il ne m'horripile... ou l'inverse. Viens me chercher, steuplé !]

Malgré les cinq heures de décalage horaire entre Boston et Dublin, ma tante me répond dans la foulée.

[OK, puceron, on respire un grand coup. Il n'avait pas un tatouage arc-en-ciel sur l'épaule ? Et un mec moustachu ? Et quand tu dis « tueur en série », j'appelle la police tout de suite ou je me contente de prendre un deuxième anxiolytique ?]

Bam, bam, bam.

[Je crois qu'il est en train de tout casser ici. Envoie les secours si je ne t'ai pas répondu d'ici une heure.]

[Ada... Je ne vais pas avoir assez de médocs pour survivre à ces histoires de colocation et de travaux.]

Bam, bam, bam.

[Attends, je reviens avec une photo. Comme ça, tu pourras peut-être m'aider.]

[Une photo du chantier ? Mais je ne suis pas contremaître...]

[Une de Brody Gallagher ! Pour avoir ton avis. Essaie de suivre un peu !]

Bam, bam.

[Je suis homo, puceron, pas voyante.] [Mais t'es une super-héroïne ou pas ?]

[Pas.]

Bam, bam, bam, bam.

Cette fois, je m'élance hors de ma chambre, longe le couloir, fais semblant d'aller récupérer mon mug dans la cuisine et photographie discrètement Brody de dos, en train de punaiser des plans sur le papier peint salade de fruits, puis de profil, en train d'écrire sur les murs au crayon à papier, puis de face, pendant que son copain Shane fait une pause. Dans une position assez maniérée, le grand blond s'éponge le front et vide une petite bouteille d'eau, le tout accoudé nonchalamment à l'épaule de Brody. Mon salon est déjà en ruine et moi, de retour dans la jungle.

[Qu'est-ce que tu penses de ça, WonderEthel ?]

[J'en pense que tes photos sont floues. Que son copain a l'air tactile. Qu'il faut que tu lui demandes comment il obtient un fessier aussi musclé. Et que

le radar gay n'existe pas, désolée.]

[Tu me crois si je te dis que son tattoo a disparu ? Les décalcomanies, c'est plutôt homo ou hétéro ?]

[C'est surtout interdit au-delà de 10 ans...]

[Mais tu vois, ce mec brouille les pistes sur absolument tout ! J'y retourne, il faut que je sache.]

[Je ne sais pas qui t'a élevée, Ada, mais cette personne t'a rendue complètement cinglée.]

Bam, bam, bam, bam, bam, bam, bam, bam, bam.

Dans cette cacophonie de coups de masse, je renonce à avoir cette discussion et fais demi-tour au milieu du couloir. Par la porte laissée entrouverte, je découvre Brody assis sur le parquet, au milieu de ce qui est désormais « sa » chambre. Autour de lui, pas un seul meuble mais des tas de feuilles éparses, des nuanciers ouverts en éventails, des catalogues fermés et un ordinateur portable ouvert sur des plans en 3D.

– J'aurai bientôt des choses précises à te montrer, dit-il sans même leverla tête.

– J'espère, bredouillé-je, l'air faussement autoritaire.

Je me cache derrière une mèche de cheveux avec laquelle je joue devant mon visage. Et je me rends compte un peu tard qu'il se moque de moi en coinçant un crayon sur sa lèvre supérieure. Je plante Tête-à-Claques Gallagher en levant les yeux au ciel, vais récupérer mes CV sur l'imprimante dans ma chambre et quitte le 10, Golden Lane après un dernier texto pour ma tante.

[Police annulée. C'est juste un emmerdeur. Je vais me chercher un petit boulot pour pouvoir le payer et le virer de chez moi au plus vite. Tu me manques.

Je vais bien, n'abuse pas des anxiolytiques.]

Je passe le reste de cette étrange journée à déposer des CV chez tous les commerçants du quartier, boulangerie, supérette, boutique de fringues, pub et même agence immobilière. Et je flâne longuement, nez en l'air, sourire aux lèvres et larmes aux yeux, dans ces rues qui me ramènent en enfance alors qu'elles ont tant changé. J'envoie des blagues à Ethel parce que c'est ce qu'on fait depuis quinze ans quand les émotions débordent. Puis un texto à mon ex de Boston pour lui demander comment va son chat... Mais je me ravise quand je m'aperçois que ledit chat me manque plus que lui.

Quand je finis par rentrer en début de soirée, mon appartement ressemble à un champ de gravats. Le grand blond évacue de gros sacs remplis à ras bord et je croise un autre type, petit Black musclé au crâne rasé, qui porte des meubles démontés et va les remonter dans la chambre de Brody.

– Ada, je te présente Harlow, me lance Gallagher. Là il joue les déménageurs mais c'est un autre de mes collaborateurs. Shane et lui vont s'occuper du gros œuvre cette semaine. Désolé d'avance pour le bruit et la poussière. Mais ce sera vite terminé avec ces deux machines de guerre.

Georgie est entre de bonnes mains avec eux...

– Tu vas quelque part ? demandé-je en fronçant les sourcils.

Je ne sais même pas pourquoi c'est cette question qui est sortie parmi les dizaines qui se précipitent derrière mes lèvres – enfin si, je le sais, parce que je n'ai toujours pas réglé ce problème avec le sentiment d'abandon. Dans l'entrée, Brody se marre devant mon air contrarié et me saisit soudain par les épaules. Il me décale de quelques centimètres d'un côté puis de l'autre pour me faire valser entre ses deux copains chargés. J'ai le cœur qui danse aussi – très mal – la valse à l'intérieur.

– Là, je vais juste prendre une douche et aller boire une bière bien méritée avec mes potes. Mais je ne savais pas qu'on était ce genre de colocataires qui se rendent des comptes.

En l'espace de deux phrases et un sourire en coin, il a réussi à me troubler. Et à transformer la chaleur de ses mains sur moi en doux malaise.

– Alors bonne soirée ! lancé-je sur un ton qui se veut léger.

Je quitte ses bras, son espace irrespirable, son sourire insupportable et je m'élance dans le couloir poussiéreux en prononçant des tas de gros mots silencieux.

– À demain, Ada.

Son bel accent irlandais roule jusqu'à moi.

Bam, bam.

Sur le seuil de la porte de ma chambre, je réalise que tout le papier peint savane a été recouvert d'une couche de peinture blanche. À l'exception d'un lion en plein milieu. Et d'un moustique au-dessus de mon oreiller.

Sur le mur blanc est écrit au crayon à papier noir :

Pour te tenir compagnie la nuit.

Bam, bam, bam.

Plus je relis ce message et plus mon cœur s'emballe.

Pour un stupide moustique.

Pendant toute cette première semaine, je dessine. Jour et nuit. Comme je l'ai fait toute ma vie. Pour tromper mon ennui, ma solitude, oublier le bruit, la poussière, l'odeur de peinture, la présence des trois types qui saccagent mon appartement.

La cuisine et le salon commencent à ressembler à quelque chose, la tapisserie salade de fruits a disparu en même temps que certains murs et la plupart de mes repères. C'est à peine si je reconnais encore les pièces où habitait mon enfance. Les cloisons tombées, je n'ai plus nulle part où m'abriter. Nulle part d'où observer en secret Shane, le grand blond maniéré, Harlow, le petit Black musclé, et Brody, l'éternel insaisissable.

Couleur des yeux ? Inconnue.

                         

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