Chapitre 5 Chapitre 5

« Et Silverton, quelles sont vos premières impressions ? Je suppose que ce n'est pas le meilleur jour pour arriver, avec la neige et tout ça, mais je vous promets que la station est magnifique quand il neige.

« Je n'ai rien vu d'autre à Silverton que ce café, donc je n'ai pas encore vraiment d'impression. » À part le fait que le propriétaire de cet endroit est à la limite de la folie, bien sûr. J'ai remarqué les façades colorées des autres bâtiments de Main Street. Les mêmes que j'ai vues en cherchant l'endroit sur Google. C'est une ancienne ville minière d'argent, et je suppose qu'elle a du charme si vous aimez les villes qui n'ont qu'une seule rue digne de ce nom.

Aurora commence à paraître de plus en plus mal à l'aise. Je sais qu'elle veut que je parle. Que je discute. Mais je ne fais pas de conversations inutiles. Je n'en vois pas l'intérêt. Sans jeu de mots.

Je range mon iPad dans mon sac à dos, attrape mon petit bagage à main, puis suis Aurora jusqu'au comptoir pour prendre nos boissons. À ma grande surprise, je constate qu'elles sont servies dans des tasses en étain avec un couvercle. Elle a dû remarquer mon expression perplexe.

« Nos gobelets à emporter doivent être rendus ou payés. Les touristes les considèrent comme des souvenirs, et les habitants les rendent. »

Je sors ma carte de crédit, mais elle lève la main.

« C'est offert par la maison. Bienvenue à Silverton. »

« Merci », dis-je. Au moins, cette femme sait comment servir ses clients, même si elle doit apprendre à se taire pour ne pas risquer de les perdre tous. Et elle ne m'a pas demandé d'argent, même si elle sait que j'en ai. Les miracles ne cessent jamais.

« De rien. » Elle me sourit alors qu'un rayon de lumière provenant du plafonnier éclaire ses cheveux lorsqu'elle se retourne, et je dois réprimer une envie soudaine de rire. Je pensais avoir tout vu en vivant dans la région de la baie, mais clairement, ce n'était pas le cas. Ses cheveux sont d'un niveau de folie tout à fait différent. Ma nièce l'adorerait au premier regard. Personnellement, ses cheveux ne me dérangent pas. C'est sa personnalité qui me fait penser que cette femme a un grain.

Ou deux.

Aurora prend son chocolat chaud et nous nous dirigeons vers la sortie. « Après vous », dis-je en lui indiquant la porte.

« Merci. » Elle sort, et je la suis dans la neige.

« Dawn est adorable, n'est-ce pas ? s'exclame-t-elle. Tenez, la voiture est juste là. La navette de l'hôtel était prise aujourd'hui, j'ai donc pris ma propre voiture. J'espère que cela ne vous dérange pas. Je suis son regard et je réalise qu'elle pointe du doigt un vieux Bronco.

Une Ford Bronco vert citron. De toute évidence, la peinture n'a pas été faite par Ford.

Comment je le sais ?

Il y a une énorme fleur de cerisier peinte sur le côté. Et ce n'est pas le logo professionnel de Cherrygate Mountain Resort, mais plutôt une version peinte à la main.

Je soupire. Il est clair que cette femme n'a pas compris le concept d'une station de montagne de luxe, qu'elle soit naturellement belle ou non. Je suppose que je vais la licencier dans les prochains jours, voire dans les prochaines heures.

Alors que nous sortons du Dawn's, j'essaie de contenir mon irritation.

Leo Darling n'est certainement pas un chéri.

Au contraire, c'est plutôt le contraire. Il est difficile de lui tirer un mot de la bouche. Une phrase entière ? C'est presque un miracle si on y parvient.

J'ai entendu des rumeurs selon lesquelles il serait excentrique. Un génie. Je m'attendais à ce qu'il soit un peu maladroit, mais à ce point-là ? Cet homme est carrément distant, et ça m'énerve. J'ai travaillé d'arrache-pied toute ma vie pour cet hôtel, alors le moins qu'il puisse faire, c'est de montrer un peu de respect.

Une autre chose à laquelle je n'étais pas préparée, c'était son apparence. Des yeux verts étincelants et des cheveux blond foncé en bataille, associés à des traits ciselés qui le rendent à la fois masculin et sensible.

En bref, cet homme est magnifique.

À tomber par terre.

Mes parties féminines se sont définitivement contractées à sa vue, ce qui n'a pas aidé à calmer ma nervosité lorsque je l'ai vu pour la première fois en entrant dans le café Rainbow.

Ils se sont détendus lorsque mon estomac s'est noué devant son attitude peu amicale. Peut-être que les milliardaires pensent avoir le droit d'être aussi grincheux qu'ils le souhaitent.

Et parce qu'ils sont propriétaires de votre hôtel.

Alors qu'il marche devant moi vers ma Bronco, je lui lance des regards furieux dans le dos. Il n'a pas le droit de traiter ses employés comme s'ils n'étaient rien d'autre qu'une nuisance. Cela dit, je dois garder mon emploi. Et, avec un peu de chance, lui racheter cet hôtel. Comme il perd de l'argent à cause des idées stupides de l'ancien propriétaire, j'espère qu'il ne verra pas d'inconvénient à s'en débarrasser afin de pouvoir se concentrer sur les autres hôtels de la chaîne. Comment je vais trouver l'argent pour acheter l'hôtel est une autre histoire. Mais je travaille déjà sur un plan d'affaires et une proposition d'investissement.

Fréquenter la School of Hotel Administration de l'université Cornell a eu ses avantages. L'un d'entre eux est que je suis désormais l'un des directeurs d'hôtel les mieux formés des États-Unis. Un autre est que je sais tout sur l'aspect commercial de la gestion d'un hôtel, y compris la création d'un business plan génial.

« Laisse-moi prendre ton sac et le mettre dans le coffre », propose-je à Leo.

« Ça va, je peux le faire moi-même », répond-il d'un ton bougon, comme si ma proposition l'avait offensé. Je dois me retenir de lever les yeux au ciel.

« D'accord », dis-je avec un sourire à la place. Je suppose que s'il tient à être grincheux, je ne peux rien y faire, mais il ne va pas gâcher mon humeur aussi. Du moins, pas plus qu'il ne l'a déjà fait.

Je déverrouille la voiture, il met son sac dans le coffre, puis nous montons tous les deux dans la voiture. Je suis soulagée de voir qu'il a décidé de s'asseoir sur le siège passager et non à l'arrière, comme si j'étais un chauffeur Uber.

« Le trajet prendra environ trente minutes. Normalement, cela ne prend qu'une vingtaine de minutes, mais à cause de la neige, je dois rouler plus lentement que d'habitude. Au moins, c'est un beau trajet à travers les champs et la forêt, puis dans les montagnes », lui expliquai-je en lui souriant.

Il se contente de grogner et d'acquiescer, puis prend une gorgée de café.

Pour la première fois de la journée, je détecte un petit sourire sur ses lèvres.

« Ce café est bon. »

« Dawn le torréfie elle-même. Je ne peux que la décrire comme une génie du café. Elle voyage à travers le monde pour s'approvisionner en café. »

« Est-ce qu'elle le vend dans des magasins ? »

« Dans quelques-uns. Uniquement dans le Colorado. Elle ne veut pas d'une grande entreprise. » Leo secoue la tête, comme abasourdi par cette idée.