Chapitre 4 Chapitre 4

« Bonjour chérie, bienvenue. Je suis ravie de te rencontrer. Je m'appelle Dawn, je suis la propriétaire du Rainbow Café, où nous vendons des plats qui rendent heureux. » Je fixe la femme devant moi.

Une femme d'une quarantaine d'années, d'apparence ordinaire, mais dont les cheveux ont la couleur de l'arc-en-ciel. Littéralement.

Elle est toute vêtue de blanc, mais ses cheveux lui donnent l'air de sortir tout droit d'un épisode de... quoi déjà ? Les Bisounours ? My Little Pony ? True? Trolls ? Bref, tout ce que regarde ma nièce.

« Je, euh... », je commence, toujours bouche bée. Puis je me souviens de fermer la bouche. Ça aide quand on essaie de prononcer des mots. « Juste un espresso, s'il vous plaît. - Vous préférez notre torréfaction Snowy Days ou Wintertime Fire ? La seconde est une torréfaction très foncée, la première est légère. Et comme vous le savez probablement, une torréfaction légère est riche en caféine, même si cela peut paraître trompeur. La torréfaction plus foncée contient moins de caféine, mais elle est plus savoureuse. » Elle s'arrête pour reprendre son souffle, et je remercie les dieux de l'arc-en-ciel pour cela.

« Wintertime Fire, s'il vous plaît », dis-je rapidement avant qu'elle ne commence à expliquer autre chose.

« Tout de suite. » Elle me sourit et se dépêche de rejoindre le comptoir. « Asseyez-vous où vous voulez. Comme vous pouvez le voir, nous ne sommes pas vraiment pleins aujourd'hui. C'est à cause du temps. Mais d'autres clients vont bientôt arriver. Le club de gym des mamans sexy arrive généralement à cette heure-ci. »

J'acquiesce. Je serai content si ce n'est pas le cas, du moins si elles parlent autant que Dawn.

Je m'assois et sors mon iPad. Autant travailler pendant que j'attends la femme qui est en retard. Je m'assure que la vente de mon entreprise se déroule comme prévu.

Au moment où je commence à parcourir mes e-mails, Dawn revient à ma table.

« Voilà, un espresso pour vous. Double dose. Si vous ne voulez pas tout boire, ne le buvez pas, mais je voulais vous offrir le meilleur. Après tout, vous êtes le nouveau propriétaire de Cherrygate, et nous aimons tous Aurora ici. L'ancien

propriétaire était un peu crétin, alors nous avons de grands espoirs pour vous. » Je la fixe du regard. Encore une fois. Comment cette femme sait-elle qui je suis ?

« Euh », c'est tout ce que je parviens à dire.

« Aurora m'a dit que vous veniez, et bien sûr, j'ai dû me renseigner sur vous. Ce n'est pas tous les jours qu'un milliardaire de la technologie vient en ville. Et l'hôtel compte beaucoup pour Aurora. »

J'en suis sûr. Je suis également sûr qu'elle a la langue bien pendue. Et qu'elle est en retard.

Deux choses qui ne font pas bon ménage pour un directeur d'hôtel.

Sans y être invitée, Dawn s'assoit en face de moi.

« Je suis sûre que vous allez adorer Silverton. Que savez-vous de cet endroit ?

« Je suis ici pour l'hôtel, pas pour explorer la région en tant que touriste », répondis-je, essayant de laisser entendre que je me fichais complètement de Silverton. Je ne m'intéressais qu'aux résultats financiers de l'hôtel. L'hôtel, comme mon application, est là pour servir les gens. Si trop peu de personnes l'utilisent, je suppose que quelque chose ne va pas dans l'offre de services. Et j'ai l'intention de découvrir ce que c'est.

Cela ne veut pas dire que je n'ai pas cherché à connaître tous les faits et chiffres possibles sur Silverton. Bien sûr que je l'ai fait. Mais je ne suis pas ici pour faire du tourisme. J'ai juste besoin des faits et des chiffres pour pouvoir prendre des décisions concernant l'hôtel.

« Eh bien, même dans ce cas, vous devez visiter les sources chaudes et... »

La porte s'ouvre soudainement dans un cliquetis et un air glacial envahit la pièce, fouettant mon visage de ses tentacules froides.

« Aurora ! » s'exclame la femme à côté de moi en se levant, à mon grand soulagement.

En voyant Aurora, mon soulagement est de courte durée. Elle porte une énorme parka avec une capuche doublée de fourrure qui la fait ressembler à une Esquimaude. Ses joues sont rouges et ses yeux verts brillent d'un éclat sauvage. Elle semble plus à sa place dans la forêt à chasser ses proies que dans un hôtel de luxe.

« J'ai réussi à traverser la neige, mon Dieu, elle tombe beaucoup plus vite que prévu », s'exclame-t-elle avec un sourire, puis elle s'approche de moi d'un pas décidé, la main tendue. « Vous devez être Leo Darling, je suis ravie de vous rencontrer. »

Je me lève et accepte sa main tendue, qui est recouverte d'une énorme moufle. Le genre qui n'a pas de doigts.

J'essaie de lui serrer la main, mais c'est impossible avec la moufle.

« Je, euh, bonjour », parviens-je à articuler. Je suis trop choqué pour dire autre chose. Je m'attendais à une femme d'affaires en mission, mais ce n'est pas la femme qui se tient devant moi. Je ne sais pas comment la qualifier, mais une directrice d'hôtel de luxe n'est pas ce qui me vient à l'esprit. Un esprit de la forêt ? Ou peut-être une chasseuse de la forêt.

« Oh, je suis désolée », dit-elle en baissant les yeux vers sa main. « J'ai oublié d'enlever mes mitaines. Mon réveil n'a pas sonné ce matin, car mon iPhone s'est déchargé à cause d'un accident, et j'ai dû partir tellement précipitamment que

crois avoir laissé mon esprit à la maison. Je veux dire, à l'hôtel. » Ce n'est certainement pas très professionnel.

Elle enlève rapidement ses mitaines et baisse la capuche de sa parka. À ma grande surprise, une fois que je peux voir son visage, je me rends compte qu'elle est belle. Pas sexy, comme Elena, mais belle. Ses pommettes saillantes et ses traits fins en font une beauté classique. Le fait qu'elle ne soit presque pas maquillée ne diminue en rien sa beauté, mais la met plutôt en valeur. Ses yeux verts lui donnent en effet l'air d'être à sa place dans la forêt. Ils ne sont pas verts comme les miens, qui ont des reflets dorés. Ils sont vert clair avec un contour vert foncé.

Je continue à la regarder, et elle se tortille.

« J'ai terminé, si vous êtes prête, nous pouvons partir », dis-je en regardant mon espresso avec envie. J'aimerais le boire, mais pas au prix d'avoir à écouter Dawn une seconde de plus que nécessaire. Et je ne doute pas qu'elle essaiera d'engager la conversation avec Aurora et moi.

Dawn a dû me voir regarder le café, car elle se précipite à travers la pièce vers le comptoir. « Ne t'inquiète pas, je vais t'en préparer un à emporter. Aurora, un flat white ?

« Je préfère un chocolat chaud. J'ai déjà pris un flat white ce matin. Sofia m'en a donné un à emporter. »

« Oh, quelle gentille fille », s'exclame Dawn en allumant la machine à expresso.

« Oui, nous avons eu de la chance de l'avoir. C'est l'une de mes meilleures recrues », dit Aurora en souriant à Dawn. Elle me fait ensuite un large sourire. « Alors, tu as fait bon voyage ?

Si l'on considère que traverser des forêts infinies sous la neige, où tout semble flou et grisâtre, est agréable, alors oui, j'ai passé un bon voyage.

« Ça allait.

« Avez-vous eu l'occasion de visiter Montrose avant de venir ici ? »

« Non.