Chapitre 7 À propos de ton mariage avec Trevor

Le lendemain, Summer se rendit au centre commercial le plus proche pour acheter un nouveau téléphone et une carte SIM.

À peine l'appareil allumé, des dizaines de notifications et de messages non lus apparurent sur l'écran.

Avant même qu'elle ne puisse les parcourir, le téléphone se mit à sonner.

Julia. Sa mère biologique.

La matriarche du groupe Stewart.

Summer hésita un instant, puis décrocha.

Dès que la communication fut établie, la voix irritée de Julia jaillit à travers le combiné :

- Summer, qu'est-ce que tu fabriques depuis deux jours ? Tu ne réponds pas à mes appels, tu ignores mes messages ! Tu te fiches complètement de moi ? Tu pourrais au moins être aussi attentionnée que Margaret !

Summer répliqua d'instinct :

- J'ai été kidnappée, j'ai perdu mon téléphone, alors...

Julia éclata d'un rire glacial.

- Kidnappée ? C'est l'excuse que tu as trouvée ? Tu comptes encore soutirer de l'argent à la famille Stewart avec ce genre d'histoires ? T'es exactement comme cette femme qui t'a élevée ! Parfois, je me demande comment j'ai pu te mettre au monde.

Une douleur sourde traversa la poitrine de Summer.

Julia disait souvent ce genre de choses quand elle était en colère.

Pourtant, Summer était la véritable fille de la famille Stewart.

Avant que la vérité n'éclate, elle portait le nom de Summer Leonard.

Vingt-trois ans plus tôt, Julia Chapman avait accouché dans une clinique privée.

Au même moment, dans une chambre voisine, une infirmière nommée Yolanda Finley donnait naissance à une petite fille Margaret.

Mais Margaret était née avec une grave maladie congénitale.

Yolanda n'avait pas les moyens de payer un traitement, et son mari, Quill Leonard, était un joueur invétéré qui dilapidait tout leur argent.

Craignant que sa fille ne grandisse dans la misère, Yolanda avait pris une décision impardonnable.

Profitant de son poste, elle avait échangé les deux nouveau-nées.

Dès cet instant, leurs destins avaient été scellés.

La famille Stewart avait élevé Margaret comme un trésor, la couvrant d'amour et de luxe.

Même son prénom, Margaret, signifiait « perle précieuse ».

Pendant ce temps, Summer avait grandi sous le toit de Yolanda dans la froideur, la manipulation et la culpabilité.

Ce n'est que trois ans plus tôt, après un accident de voiture impliquant Margaret, qu'un test ADN avait révélé la vérité.

Le choc fut immense.

Mais après vingt années à aimer Margaret comme leur propre fille, les Stewart n'avaient pas eu la force de s'en détacher.

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Summer se souvenait encore du jour où elle avait mis les pieds pour la première fois dans la demeure des Stewart.

Julia l'avait détaillée de la tête aux pieds d'un regard critique avant de froncer les sourcils.

- Tu as sali le tapis Luscaro sur mesure que j'ai fait venir le mois dernier.

Puis, la scrutant avec dégoût, elle avait ajouté :

- Et c'est quoi, cette tenue ? C'est comme ça que Yolanda t'a élevée ? Aucune tenue, aucun sens des convenances. Tu te présentes ainsi devant tes aînés ? Typique. Avec une mère pareille, je ne devrais pas être surprise. Maintenant que tu es une Stewart, apprends au moins à te comporter.

Son frère Harvey Stewart avait été encore plus direct.

- J'ai une seule sœur, et c'est Margaret. Je ne sais pas d'où sort cette étrangère, mais je ne l'accepterai jamais.

Son père, Jasper Stewart, avait été plus calme, mais froid comme la pierre.

- À partir d'aujourd'hui, tu es ma fille. Toi et Margaret devez bien vous entendre.

Et Margaret...

Elle s'était contentée d'un regard mêlant jalousie et satisfaction, comme pour dire : Tu vois ? Même si tu es leur vraie fille, ils m'aiment plus que toi.

Puis, jouant la sainte, elle avait ajouté d'une voix douce :

- Maman, papa, puisque Summer est de retour, je devrais peut-être quitter la maison Stewart...

Julia s'était aussitôt empressée de la rassurer :

- Margaret, rien de tout ça n'est de ta faute. C'est Yolanda la responsable. Tu resteras toujours notre fille précieuse. Jamais je ne te laisserai partir.

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La voix de Julia la ramena au présent. Elle continuait à râler sans reprendre son souffle.

Summer inspira profondément avant de la couper net, la voix froide et tranchante :

- Tu as raison, maman. Je ne suis pas ta fille. Margaret l'est. Contente ?

Il y eut un silence, puis Julia explosa :

- Summer ! C'est comme ça que tu parles à ta mère ? On dit que celle qui t'élève compte plus que celle qui t'a mise au monde et c'est vrai ! Margaret vaut cent fois mieux que toi ! Jamais elle ne me parlerait sur ce ton !

Les yeux de Summer s'humidifièrent, mais sa voix resta calme :

- Dans ce cas, pourquoi tu m'appelles ? Rompons tout contact, ce sera plus simple.

- Summer ! Tu veux me faire une crise cardiaque, c'est ça ?!

La respiration de Julia se fit hachée, étouffée par la colère.

Summer ferma les yeux, lasse.

Elle n'avait plus la force de se battre contre cette femme qui, malgré le lien du sang, n'avait jamais su être une mère.

Chaque fois qu'il était question de Margaret, Summer se braquait.

Mais, au fond, Margaret n'était pas la véritable coupable.

Elle n'avait rien fait d'autre que vivre la vie qu'on lui avait donnée.

La vraie responsable, c'était Yolanda.

Et elle avait déjà payé le prix de sa faute : emprisonnée depuis des années.

Julia prit une longue inspiration pour se calmer. Demain était un jour important, elle ne devait pas perdre son sang-froid.

- Demain, c'est le trentième anniversaire du Stewart Group. Nous organisons un grand gala, expliqua-t-elle d'un ton plus posé. Ton père et moi voulons profiter de la soirée pour parler de ton mariage avec Trevor.

Summer se doutait bien que la conversation finirait là.

Depuis son retour dans la famille, Julia ne lui avait jamais témoigné la moindre affection.

En réalité, elle semblait lui reprocher d'avoir grandi loin d'eux, élevée par Yolanda.

Mais le jour où Julia avait appris que Summer sortait avec Trevor Larson, tout avait changé.

Soudain, elle était devenue plus douce, plus polie... presque aimable.

Summer ne prit même pas la peine d'hésiter.

- Trevor et moi, c'est terminé.

Le ton de Julia monta aussitôt d'un cran.

- Quoi ?! Vous avez rompu ? J'ai bien entendu ? Tu as perdu la tête ?! C'est quoi encore cette crise d'enfant gâtée ?! Tu te rends compte de ce que tu fais ? De ce que la famille Stewart doit à la famille Larson ?! Grâce à cette alliance, nos affaires ont triplé ! Et toi, tu veux tout gâcher ?

Sa voix se fit plus dure.

- Réveille-toi, Summer. Trevor est le meilleur parti que tu pourras jamais trouver. Qu'est-ce que tu veux de plus ?!

La famille Stewart possédait déjà plusieurs centres commerciaux à Havenbrook.

Mais depuis que Summer était sortie avec Trevor, ils étaient passés de dix à trente établissements, contrôlant près d'un tiers du marché.

Summer resta calme, sa voix ferme et posée.

- Il a déjà organisé une cérémonie de mariage avec Peyton. Tu crois vraiment que je vais m'abaisser à supplier un homme qui m'a humiliée ?

Julia fronça les sourcils.

Oui, elle avait entendu parler de ce fameux mariage.

Mais pour elle, c'était de la faute de Summer.

Si elle avait su garder Trevor, Peyton n'aurait jamais eu l'occasion de revenir.

Elle soupira, exaspérée.

- Ce mariage n'était qu'une mascarade. Des jeunes qui s'amusent, voilà tout. Écoute-moi bien, Summer : quand tu seras mariée à Trevor, tu pourras régler ton compte à Peyton comme tu veux. Mais pour l'instant, tu n'as aucun statut officiel. Si tu continues à faire des histoires, tu vas le perdre pour de bon.

Summer serra le téléphone, son regard froid.

- Ce que fait Trevor ne me regarde plus. Et je ne retournerai jamais vers lui.

- Summer ? Summer ! Tu m'écoutes ?!

Mais la ligne resta muette.

Julia regarda son téléphone, incrédule.

Summer avait osé lui raccrocher au nez.

Furieuse, elle inspira profondément, tenta de ravaler sa colère, puis composa un autre numéro.

Après quelques sonneries, une voix masculine répondit.

- Trevor, c'est la mère de Summer.

Sa voix se fit douce, mielleuse.

- Ne prends pas les paroles de Summer trop à cœur. Elle est juste jalouse, un peu capricieuse. Elle attend sûrement que tu la consoles. Si elle t'a contrarié, je m'excuse en son nom. Viens demain à notre gala du trentième anniversaire du Stewart Group. Son père et moi voulons discuter de votre mariage.