Chapitre 6 Chapter 6 POV d'Alexander

POV d'Alexander

J'ai gémi en me tournant dans le lit. Ma tête me lançait douloureusement, et j'ai porté une main à mon front en me redressant lentement. J'ai regardé autour de moi, confus. Pourquoi étais-je ici, chez moi ? Je devrais être à la villa. ou au siège du Groupe GT.

J'ai laissé tomber ma tête entre mes mains, tentant de rassembler mes pensées. Il ne m'a fallu qu'une seconde pour que les souvenirs me reviennent brutalement.

Le Bêta Johnson avait réussi à localiser l'endroit où se trouvait Sydney. J'avais tout laissé tomber-réunions, obligations, responsabilités-juste pour lui parler, la remettre à sa place. Je me souvenais lui avoir ordonné de me suivre, puis.

J'ai froncé les sourcils.

Plus rien. Tout était devenu noir.

"Cette louve ! Comment ose-t-elle me frapper ?" ai-je juré en me levant brusquement du lit.

J'ai aperçu des médicaments posés sur la commode tandis que je titubais hors de ma chambre, encore sonné.

Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez elle ? Pourquoi aller jusque-là ? me suis-je demandé, le cœur battant d'une colère mal contenue.

Le bruit du bois cognant contre les murs a résonné dans toute la maison alors que j'ouvrais chaque porte avec fracas.

"Où est-elle, bon sang ?" ai-je hurlé.

Les omégas de la maison sont restés figés, pétrifiés. Certains sursautaient à chaque fois qu'une porte claquait. Aucun n'osait parler. Le silence me rendait encore plus furieux.

J'avais demandé où elle était une douzaine de fois, et ils m'avaient tous répondu une douzaine de fois qu'ils n'en savaient rien. Ils répétaient ce qu'ils m'avaient déjà dit ce matin : la dernière fois qu'ils l'avaient vue, c'était avec une valise, quittant la maison comme si de rien n'était.

Je me souvenais de ce jour-là aussi.

J'avais été légèrement surpris. Je me demandais ce qui lui donnait autant de courage. Et je pensais qu'elle finirait par surmonter ce qu'elle traversait. et qu'elle reviendrait, en geignant.

Mon estomac a grogné alors que je continuais à claquer les portes. J'avais même vérifié le garage, sans vraiment savoir pourquoi. Honnêtement, j'avais l'impression de devenir fou.

Entre ma tête qui battait, mon ventre vide et ma frustration qui ne cessait de monter. j'étais à bout.

Je suis retourné dans ma chambre et j'ai pris une douche rapide. Apaisante, en théorie. Mais elle n'a fait que laver la sueur et la saleté de ma peau. Pas ma colère.

Une fois habillé, j'ai pris un antidouleur parmi les médicaments posés sur ma commode. Juste de quoi calmer cette migraine persistante.

Ensuite, j'ai attrapé mes clés de voiture, enfilé ma veste de costume et j'ai quitté la maison.

En conduisant, mes mains se sont crispées sur le volant. J'ai appuyé fort sur l'accélérateur, dépassant largement la limite de vitesse. Je m'en fichais.

C'était la seule façon de ne pas faire demi-tour. De ne pas retourner à cette villa où elle se trouvait. et l'étrangler.

Elle voulait mon attention ?

Maintenant, elle l'avait. Entièrement. Et sans détour.

"Où est-elle ?" me suis-je exclamé en direction de Bêta Johnson dès qu'il a refermé la porte derrière lui.

"Je ne sais pas, Alpha", a-t-il répondu, la voix tremblante. "Je l'ai laissée à la villa et je t'ai emmené dans une clinique à proximité avant de te ramener chez toi. J'ai laissé les médicaments qu'ils ont prescrits sur ta commode."

Il s'est éclairci la gorge avant de poursuivre, visiblement mal à l'aise :

"Mais elle m'a dit de ne pas l'appeler Luna Torres. Elle a demandé qu'on l'appelle Mademoiselle Turner. Elle a précisé qu'une nouvelle Luna allait bientôt hériter du titre."

Je l'ai fixé sans ciller pendant qu'il parlait. À chaque mot qui tombait, ma rage montait, grondante, prête à exploser.

Il a fait un pas en avant, un dossier à la main.

"Elle a également dit. qu'elle renverrait la demande de dissolution du lien de compagnonnage. La voici. "Il a déposé le dossier devant moi. "Je l'ai reçue juste avant ton arrivée. Elle veut que tu la signes dès que possible, pour ne pas perdre votre temps mutuellement."

Et c'était ça. Ce fichu mot.

"Demande de dissolution du lien de compagnonnage."

Dans une rage aveugle, j'ai saisi les feuilles et je les ai jetées à travers la pièce. Les pages ont volé en éclats, se dispersant au sol comme des insultes silencieuses.

"Si j'entends une seule fois de plus 'demande de dissolution du lien de compagnonnage', tu es dehors !" ai-je hurlé, les dents serrées, le regard noir.

Si elle voulait que je signe ces foutus papiers, alors elle n'avait qu'à venir me les apporter elle-même.

Mes mains se crispaient, se relâchaient, se crispaient de nouveau. Je luttais pour me contenir.

Qu'est-ce qu'elle jouait, exactement ? Elle était devenue folle ? Je lui avais laissé le confort d'une maison, je l'avais nourrie, protégée, et c'était comme ça qu'elle me remerciait ?

Je me suis demandé sur quel fondement elle osait dire qu'elle allait déposer une fichue demande de dissolution du lien. Au nom de quoi ?

"Je ne veux plus jamais entendre cette merde, c'est clair ?"

"Oui, Alpha !" a-t-il répondu aussitôt. Sa posture s'est redressée, presque rigide. J'ai deviné qu'il n'était pas loin de me saluer militairement.

C'est à ce moment-là que la porte s'est ouverte en grinçant doucement.

Bella est entrée.

Dès que mes yeux se sont posés sur elle, une partie de ma colère s'est évaporée. mais pas entièrement. Elle brûlait encore, là, sous la surface. L'envie de déchirer ces foutus papiers en morceaux, de frapper quelque chose-ou quelqu'un-n'avait pas disparu.

Bella est la femme que j'aime.

Il y a trois ans, elle devait devenir ma compagne choisie. Mon âme sœur désignée. Mais elle a dû partir à l'étranger, pour se faire soigner d'une condition génétique rare chez les loups-garous. Une maladie qui aurait pu la tuer.

Et à l'époque. je n'ai pas eu le choix. J'ai dû épouser sa sœur à sa place.

Aujourd'hui, Bella est de retour. Mais elle est encore si fragile, si vulnérable. Elle a besoin de moi. De mes soins. De ma protection. Elle me dit qu'elle m'aime toujours.

Je ne peux pas lui donner ce qu'elle désire. Pas après tout ce qui s'est passé. Mais je peux essayer de me racheter, à ma manière.

Soit elle n'avait pas remarqué la tension qui régnait dans la pièce, soit elle avait simplement choisi de l'ignorer. Elle s'est avancée vers moi avec cette assurance tranquille qu'elle avait toujours eue, ses hanches ondulant avec une grâce calculée.

Sans un mot, elle s'est installée sur mes genoux. Ses bras fins se sont enroulés autour de mon cou avec une familiarité troublante.

Elle a déposé un rapide baiser sur mes lèvres. Puis elle s'est reculée légèrement, faisant la moue lorsque je n'ai pas répondu à son geste.

"Tu as travaillé tout le mois. On ne s'est pas vus depuis longtemps", a-t-elle murmuré, sa moue s'accentuant, ses sourcils se fronçant légèrement. Ses yeux brillaient d'une émotion contenue que je n'ai pas su identifier immédiatement.

Du coin de l'œil, j'ai aperçu Bêta Johnson qui ramassait les papiers éparpillés au sol. Il les a rassemblés soigneusement, puis a quitté la pièce sans un mot, comme une ombre.

Pendant un bref instant, j'ai envisagé de lui demander de me laisser le dossier. juste pour pouvoir le brûler moi-même, comme j'avais déjà détruit les précédents. Mais la présence de Bella, assise sur mes genoux, m'en a dissuadé.

J'ai fermé les yeux un instant et pris une profonde inspiration.

Je me suis concentré sur les sensations présentes. La douceur de ses hanches contre mes cuisses. Ses doigts qui jouaient distraitement avec le col de ma chemise, effleurant à l'occasion la peau sensible à la base de ma nuque. Sa chaleur. Son parfum.

J'ai inspiré lentement, puis expiré, tentant de relâcher la tension dans mes épaules, dans ma mâchoire. De me détendre.

Mes bras se sont enroulés autour de sa taille et je l'ai serrée un peu plus fort contre moi.

Je devais oublier les frasques de Sydney. Oublier ses manigances. Sa volonté désespérée d'attirer mon attention. Je devais me concentrer sur la femme que j'avais là, dans mes bras. Celle que je désirais réellement. Celle à qui j'étais prêt à accorder toute mon attention.

À tout moment.

J'ai ouvert les yeux, et j'ai vu ses lèvres légèrement avancées alors qu'elle me regardait avec insistance. Mon cœur a manqué un battement, juste un instant, et un sourire m'est venu naturellement aux lèvres.

"Je suis désolé, chérie. Tu sais que c'est à propos de l'affaire de la meute."

Elle a levé les yeux au ciel.

"Tu devrais toujours trouver du temps pour moi."

"Je vais y travailler", ai-je soufflé en rapprochant ma tête de la sienne. Nos lèvres se sont frôlées dans un baiser bref mais chargé de promesses.

"Alors, qu'est-ce que je pourrais offrir à ma précieuse pour qu'elle me pardonne ?"

J'ai remarqué un léger frémissement au coin de ses lèvres, comme si elle luttait pour garder sa moue en place. Ses pupilles se sont levées, pensive, puis ses yeux sont revenus vers moi avec une étincelle.

"Je veux des bijoux", a-t-elle dit, le regard brillant. "Un bijou créé par Atelier Studios."

"Atelier ?" ai-je répété, un sourcil levé.

Elle a hoché la tête avec enthousiasme.

"Atelier crée les meilleurs bijoux. Toutes les Lunas des meutes influentes en possèdent un. Je veux le mien."

Mes bras se sont resserrés autour de sa taille.

"D'accord. Je m'assurerai qu'il soit spécialement conçu pour toi."

Son visage s'est illuminé d'un sourire éclatant, et j'ai senti une chaleur agréable gonfler dans ma poitrine.

"Merci !" s'est-elle écriée en m'attirant dans ses bras pour une étreinte aussi vive que joyeuse.

Je me suis fait une note mentale. Tout en la gardant dans mes bras, je me suis dit qu'il fallait que je commande aussi un bijou pour Sydney. Juste pour la faire taire. Pour lui offrir un peu de cette attention qu'elle réclamait désespérément.

Bella s'est soudainement reculée, ses yeux plantés dans les miens.

"Ce dimanche, c'est l'anniversaire de mon père. Tu t'en souviens, hein ?"

Je ne m'en souvenais pas. Ma tête était bien trop occupée pour retenir la date d'anniversaire de qui que ce soit. Mais j'ai hoché la tête sans hésiter.

"Oui ! Je m'en souviens."

Elle a souri, satisfaite. Et c'était bien la dernière chose que je voulais maintenant : qu'elle se fâche.

"C'est la raison pour laquelle je suis ici", a-t-elle poursuivi. "Il organise une fête et je veux que tu sois là. Je suis sûre que mon père aussi."

Elle a détourné les yeux, puis fouillé dans son petit sac posé sagement sur ma table. Sa main en est ressortie avec une carte blanche qu'elle a déposée sur mon bureau.

"C'est son invitation. Tu viens", a-t-elle dit en se tournant de nouveau vers moi, "d'accord ?"

J'ai hésité. Il y avait tant à faire. Mon dernier voyage d'affaires m'avait apporté de nouveaux investisseurs, ce qui signifiait plus d'argent. Et plus d'argent. signifiait aussi plus de responsabilités. Je ne pouvais pas me permettre de traîner ou de perdre du temps dans des événements qui n'apportaient rien de concret à la croissance de la Meute de Nightscar ou au Groupe GT.

J'ai ouvert la bouche pour lui expliquer pourquoi je ne pourrais pas être présent. puis je me suis arrêté.

En réalité, si je pouvais dégager un peu de temps pour cette fête, je pourrais en tirer deux bénéfices : satisfaire Bella, et parler avec le père de Sydney.

Même si ce n'était que pour quelques minutes, ce serait suffisant. Juste assez pour lui faire comprendre combien il était urgent qu'il insuffle un peu de bon sens à sa fille-qu'il lui rappelle que cette alliance, aussi malheureuse soit-elle, était gagnant-gagnant. Et qu'elle devait arrêter de se plaindre de cette foutue demande de dissolution du lien de mate.

J'ai pris ma décision.

Parfait. Ce ne seraient que quelques heures loin du travail, mais cela en vaudrait la peine.

J'ai souri à Bella.

"Je vais prendre le temps de venir."

"J'ai hâte !" a-t-elle répondu avec enthousiasme, ses yeux brillants de joie.