Chapitre 5 Chapitre 5

Brandon comprit rapidement la situation et, comme à son habitude, il retrouva ce visage fermé, ce regard glacial qui ne trahissait rien. En se retournant, il croisa le regard empli de curiosité de sa mère.

- Qui est cette jeune femme, Brandon ? demanda Eleonor, les yeux soudain pétillants en apercevant la silhouette féminine dissimulée derrière son fils.

Brandon resta muet un instant. Puis, dans un geste décidé, il entoura Candice de ses bras, comme s'il venait de prendre une décision lourde de conséquences, et annonça d'une voix posée :

- Maman, je te présente ma copine.

Candice ouvrit de grands yeux, à la fois choquée et indignée. Elle n'avait aucune idée de qui il était vraiment et encore moins l'intention de se faire passer pour sa petite amie.

« Mais qu'est-ce qu'il fabrique ? pensa-t-elle. Je comprends qu'il veuille rassurer sa mère, mais pourquoi m'impliquer dans cette mascarade ? »

- Comment t'appelles-tu, ma chère ? demanda Eleonor en détaillant Candice de la tête aux pieds. Son visage s'éclaira davantage, comme si une intuition lui soufflait qu'elle connaissait déjà cette jeune femme.

Elle la trouva belle, séduisante, exactement comme elle imaginait la future épouse de son fils.

- Chérie, donne ton nom à maman, insista Brandon en resserrant son étreinte.

Candice, prise de court, sentit ses doigts lui pincer la taille dans une invitation silencieuse à coopérer. Il accompagna le geste d'un petit clin d'œil pressant.

Surprise par ce chatouillement, elle se tortilla, ce qui eut pour effet de donner l'impression qu'elle se blottissait davantage contre lui.

Sous le regard insistant de Brandon, elle finit par céder et lâcha d'une voix contrainte :

- Maman... Oh, pardon, madame. Je m'appelle Candice Miller.

À ces mots, Eleonor eut un sursaut de joie.

- Miller ? Attends... es-tu la fille d'Helena Miller ? Tu n'aurais pas joué dans la série Les Jones Girls quand tu étais petite ?

Les yeux de Candice s'illuminèrent.

- Oui ! Vous connaissez ma mère ? Et cette série ?

- Bien sûr ! Ta mère et moi étions de grandes amies autrefois.

À présent, le bonheur de Eleonor ne connaissait plus de limites. Elle se mit aussitôt à imaginer Candice comme sa future belle-fille et se tourna vers Brandon, enthousiaste.

- Depuis combien de temps êtes-vous ensemble ? Pourquoi ne m'as-tu rien dit ?

- Ça fait un moment déjà, répondit Brandon sans hésiter. Je voulais te faire une surprise.

En vérité, il se sentait presque reconnaissant envers Candice. Sans elle, il n'aurait jamais pu improviser face à l'irruption soudaine de sa mère. Il n'en revenait cependant pas que la jeune femme soit la fille d'Helena Miller.

« Candice Miller... l'actrice qui avait annoncé sa retraite après avoir remporté le prix de la meilleure actrice il y a cinq ans ? pensa-t-il. J'ignorais qu'elle était mère. »

Il se rappela les rumeurs sur elle : qu'elle aurait fui avec un riche étranger. Peut-être que tout cela n'était pas si faux.

- Merveilleux ! s'exclama Eleonor, comblée. Vous devriez vous marier demain !

- Hein ? s'étouffa Candice. Mais... ce n'est pas un peu rapide ?

Elle en aurait presque pleuré. Tout ce qu'elle voulait, c'était récupérer sa fille, pas se retrouver piégée dans une comédie de mariage.

- D'accord, maman, dit calmement Brandon. On se mariera demain.

Il ne voulait qu'une chose : rendre sa mère heureuse.

- Très bien ! Je vous laisse. Continuez donc à vous embrasser. Je retourne à l'East Side.

Et sur ces mots, Eleonor disparut, radieuse. Candice, elle, n'avait même pas eu le temps d'expliquer quoi que ce soit.

Sitôt la porte refermée, elle repoussa violemment Brandon.

- Pourquoi tu as raconté ça à ta mère ? Je ne te connais même pas !

- Tu ne me connais pas ? Vraiment ? Tu m'as pourtant embrassé à l'hôtel il y a quelques heures, lança-t-il avec un demi-sourire.

Il n'avait aucune intention de la laisser s'en tirer si facilement après ce baiser passionné.

Candice resta bouche bée.

« D'accord, j'ai agi sur un coup de tête, mais ce n'est pas une raison pour me piéger ainsi ! pensa-t-elle. Ce n'est pas juste. »

Elle serra sa fille endormie contre elle et déclara :

- Peu importe. Je m'en vais, maintenant.

Mais à peine eut-elle fait un pas que Brandon ordonna à un domestique de verrouiller la porte.

- Tu ne partiras pas sans ma permission, ricana-t-il.

- C'est de la séquestration ! Je vais appeler la police ! s'indigna Candice.

- Vas-y. Et moi, je leur demanderai combien de temps on enferme une femme qui complote pour arnaquer les gens avec ses enfants.

- Quoi ?

Elle resta figée, incapable de croire à son culot.

« Je suis tombée sur un fou dangereux... » pensa-t-elle en se mordant la lèvre.

Après quelques secondes de réflexion, elle comprit qu'elle n'avait pas l'avantage. Elle soupira, puis céda :

- Très bien. Dis-moi ce que tu veux exactement pour que je puisse sortir d'ici.

Brandon plongea son regard sombre dans le sien.

- J'ai besoin d'une épouse. Une fausse épouse. Je veux qu'on se marie pour six mois.

Sous la pression de ses yeux froids, Candice sentit son courage s'effriter.

- Attends... tu veux m'engager pour faire semblant d'être ta femme ?

- C'est ça.

- Tu ne peux pas te permettre de m'avoir, répliqua-t-elle sèchement.

En tant qu'actrice, elle avait appris à mettre un prix sur ses prestations.

- Si tu acceptes, je te donnerai deux cent mille dollars.

- Deux cent mille ? Tu plaisantes ? Ce n'est rien !

Elle hésitait encore. Risquer un mariage bidon pour une telle somme ne valait pas la peine.

- Très bien. Deux millions.

Elle cligna des yeux.

- Deux millions pour six mois ?

Mais Brandon la coupa, implacable :

- Deux millions par mois. C'est mon offre finale. Si tu refuses, tant pis. Je trouverai quelqu'un d'autre.

Candice sentit son cœur battre plus vite. Douze millions au bout de six mois... De quoi assurer l'avenir de ses enfants.

- D'accord, dit-elle enfin. J'accepte. Mais je veux un contrat.

- Parfait.

Il fit signe à Oscar, son assistant, de préparer un projet.

Quand Candice lut les clauses, elle en resta presque bouche bée. Interdiction d'avoir un contact physique, défense de tomber amoureuse, impossibilité d'annoncer publiquement leur mariage. Elle en rit intérieurement. Ces conditions, c'était normalement à elle de les poser.

Après quelques ajustements, ils signèrent enfin l'accord. C'est à ce moment-là qu'elle découvrit le véritable visage de Brandon : président du groupe Plexis, l'une des sociétés les plus puissantes de la ville.

Elle se souvenait de lui. Ce prodige qui avait inventé un jeu devenu planétaire à l'adolescence. À vingt ans, il était déjà l'homme le plus riche de Glebey.

« Et moi... je viens d'épouser le célibataire le plus convoité de la ville », pensa-t-elle avec un vertige.

Elle posa son stylo, se leva et déclara d'une voix sèche :

- Voilà. Tu es satisfait ? Maintenant, je peux emmener ma fille.

- Pas encore, répondit-il. Nous n'avons pas la licence de mariage.

Il fit signe à la gouvernante :

- Felicia, conduis ma femme et ma fille dans leurs chambres. Qu'elles se reposent.

« Sa femme et sa fille ? Il est sérieux ? pensa Candice, révoltée. Il croit que je vais rester sans rien dire ? »

Elle tenta une dernière fois de négocier.

- Très bien, je peux rester ici, mais je dois prévenir mon fils. Il m'attend.

Brandon se figea.

- Ton fils ? répéta-t-il, interloqué.