L'Épouse choisie par le Roi Lycan
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Chapitre 3 Chapitre 3

Les lourdes portes de la salle se refermèrent derrière Selena dans un grincement douloureux, comme si même le bois se lamentait de son départ. Ses pas résonnaient faiblement dans le couloir désert, avalés par le silence qui s'abattait sur elle. Chaque mouvement semblait l'arracher un peu plus à l'air suffocant de la réception, mais aussi à la vie qu'elle croyait encore sienne. Son souffle saccadé se brisait contre les murs de pierre, et des larmes brûlantes roulaient le long de ses joues. Elle ne cherchait pas à les essuyer. À quoi bon ? Ce soir, elle avait perdu bien plus que des larmes.

Derrière elle, étouffés par les murs, les bruits de la fête reprirent lentement. Des murmures d'abord, des rires nerveux, puis de véritables éclats, comme si l'humiliation qu'elle venait de subir nourrissait la curiosité malsaine de ceux qui avaient assisté à la scène. Chaque éclat de voix qui filtrait jusqu'à ses oreilles lui arrachait le cœur un peu plus. Elle voulait courir, disparaître dans l'obscurité, s'effacer du monde. Mais ses jambes, lourdes de douleur, ne faisaient que l'entraîner à pas chancelants vers l'extérieur.

Elle traversa la cour illuminée, et le contraste lui arracha un gémissement silencieux. La nuit était claire, la lune trônait, paisible, indifférente aux drames des hommes et des loups. Selena leva les yeux vers elle, implorant une réponse, une force, un signe. Mais la lune ne répondit pas. Elle brillait, simplement, témoin muet de sa déchéance.

Au même instant, dans la grande salle, l'air demeurait tendu. Tous les regards restaient braqués sur Kaelen et Lyra, pétrifiés par le scandale qu'ils venaient de créer. Lyra, assise encore à la table d'honneur, n'osait lever les yeux. Ses doigts tremblaient autour de la coupe qu'elle tenait, et sa gorge se serrait sous le poids d'un choix impossible. Elle venait de trahir la femme qui l'avait aimée comme une sœur, celle qui lui avait confié ses secrets, ses silences, ses fragiles sourires. Chaque fibre de son être criait de courir après Selena, de lui tendre la main, de lui demander pardon.

- Lyra, dit Kaelen d'une voix ferme mais basse, c'est le moment de te tenir droite. N'hésite pas.

Elle sursauta. Le ton de son Alpha n'admettait pas de refus. Et pourtant, dans ses entrailles, une tempête faisait rage. Devait-elle vraiment accepter ce rôle ? Être compagne aux yeux de la meute signifiait devenir rivale de celle qu'elle avait protégée toutes ces années. Mais le regard brûlant de Kaelen posé sur elle l'enserrait comme une chaîne invisible. C'était une passion qu'elle avait longtemps niée, longtemps combattue. Mais ce soir, il l'avait mise au grand jour, et il n'y avait plus de retour possible.

Les murmures de la salle devinrent plus insistants. Certains exprimaient leur choc, d'autres un intérêt malsain, et quelques-uns même une approbation voilée. Lyra sentit le poids de tous ces yeux sur elle. Si elle reculait maintenant, elle serait brisée, rejetée, accusée d'avoir provoqué ce chaos pour rien. Mais si elle avançait, elle écrasait Selena d'une trahison irrévocable.

Elle inspira profondément, posa la coupe sur la table et se leva lentement. Ses jambes tremblaient, mais elle se força à afficher un port de tête digne.

- Si telle est ta volonté, Kaelen, dit-elle d'une voix claire malgré le tumulte en elle, alors je l'assumerai.

Un silence pesant suivit ses paroles. Puis, peu à peu, des applaudissements timides éclatèrent, grossissant comme une vague, emportant la salle dans un mélange de stupeur et d'acceptation. Kaelen, satisfait, entoura sa taille de son bras et la rapprocha de lui, comme pour sceller sa déclaration devant tous.

Lyra se laissa faire, mais ses yeux restèrent baissés. Dans son esprit, une seule image revenait sans cesse : celle de Selena quittant la salle, le cœur brisé, seule, engloutie par la nuit. Et dans cette image se nichait une douleur qu'aucun triomphe apparent ne pouvait effacer.

La fête reprit son cours, plus bruyante, plus ivre, comme si la meute cherchait à se convaincre que rien n'avait été perdu. Mais dans un coin de son âme, Lyra savait qu'une fracture irréparable venait de s'ouvrir, et qu'elle porterait à jamais la marque de ce choix.

Dans la grande salle, l'éclat des rires avait repris, mais il n'effaçait pas la fissure qui venait de s'ouvrir. Derrière les sourires forcés, les conversations se chargeaient d'amertume. Des voix basses, pleines de colère ou de compassion, s'élevaient dans les coins de la pièce, créant un grondement souterrain qui montait comme une tempête prête à éclater.

- Ce qu'il a fait à Selena est impardonnable, souffla une femme en serrant son châle contre ses épaules. Cinq ans de mariage jetés ainsi au sol, comme si ça ne comptait pour rien...

- Il est l'Alpha, répliqua un homme d'un ton sec. Sa parole est loi. S'il choisit Lyra, alors nous devons plier.

Mais un autre, plus jeune, secoua la tête.

- Obéir à un Alpha, oui. Mais à quel prix ? Humilier sa Luna devant tous, ce n'est pas de la force, c'est de la cruauté.

Les discussions s'envenimaient. Certains répétaient que Kaelen avait droit à ses choix, qu'un Alpha ne se justifie pas. D'autres murmuraient que jamais la meute ne prospérerait en foulant ainsi la dignité de celle qui, silencieuse mais loyale, avait donné tout son cœur. L'unité des Ombres d'Argent vacillait, et chacun le sentait.

À l'écart, Lyra, blottie contre Kaelen, percevait cette tension. Ses doigts se crispaient sur la table, son regard fuyant croisait parfois ceux pleins de reproches des anciens. Elle se sentait comme prise au piège d'un rôle qu'elle avait accepté mais qui la brûlait déjà de l'intérieur.

Pendant ce temps, Selena avançait hors des murs, son souffle court, le cœur écrasé sous un poids trop lourd. La forêt s'ouvrit devant elle, immense, sombre, silencieuse. Elle s'y enfonça sans réfléchir, ses pieds nus effleurant l'herbe humide, ses larmes brouillant sa vue. Chaque pas la coupait un peu plus de ce qu'elle avait été, chaque pas l'éloignait de la femme qu'elle avait tenté d'être auprès de Kaelen.

Ses forces la quittèrent peu à peu. La douleur n'était pas seulement dans son cœur, elle se propageait dans ses membres, comme si sa chair refusait de continuer à porter ce fardeau. Elle atteignit une clairière baignée par la lumière froide de la lune et tomba à genoux. Ses mains se plantèrent dans la terre, ses épaules secouées par des sanglots silencieux.

Elle leva les yeux vers le ciel, implorant une réponse que sa gorge brisée ne pouvait exprimer. Ses lèvres s'ouvraient, mais aucun son ne sortait, seulement ce cri muet que la forêt semblait recueillir dans son immensité. Le vent s'engouffra entre les branches, caressant ses cheveux trempés de larmes, comme une étreinte fragile venue du monde invisible.

Selena s'allongea lentement sur le sol, le regard tourné vers la lune. Elle n'avait plus la force de lutter, plus l'envie de se relever. Tout son univers s'était effondré en une soirée, et la douleur de la trahison lui semblait insurmontable. Sa respiration se fit plus lente, son corps s'abandonna au froid de la nuit.

Elle pensa à Kaelen, à son sourire rare, à la main qu'il lui avait parfois tendue dans les instants durs. Puis l'image se brouilla, remplacée par celle de Lyra, et son cœur se tordit d'un dernier spasme de souffrance. Elle ferma les yeux, prête à se laisser engloutir par l'oubli.

La forêt, silencieuse, retenait son souffle. Comme si la terre entière observait ce fragile éclat de vie prête à s'éteindre, cette âme trop longtemps muselée qui, ce soir, n'avait plus la force de se battre. Mais dans ce silence, un pressentiment flottait, ténu, presque imperceptible : ce n'était pas la fin, mais l'instant fragile où le destin, cruel et mystérieux, choisit de se révéler.

            
            

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