Chapitre 4

Point de vue d'Aria :

Le matin de ma sortie, Kylian m'attendait devant ma chambre, le visage figé dans une expression d'inquiétude étudiée. Je passai devant lui sans un mot, mon regard fixé sur l'homme appuyé contre une élégante voiture noire au bout du couloir.

Silas.

Il se détacha de la voiture, un sourire charmant et facile aux lèvres. « Prête à t'échapper de cette prison, Princesse ? »

Je réussis à esquisser un petit sourire fatigué en retour. Kylian se raidit derrière moi, sa désapprobation une vague palpable dans l'air.

« Où l'emmènes-tu ? » exigea Kylian, sa voix empreinte d'une autorité qu'il n'avait plus sur moi.

« Ça ne te regarde pas », rétorqua Silas, m'ouvrant la portière passager. « Certains d'entre nous savent comment traiter une dame après ce qu'elle a traversé. »

Alors que je m'installais dans le siège en cuir moelleux, j'ignorai le regard brûlant de Kylian. Silas se glissa au volant et démarra en douceur.

« Il y a une vente aux enchères spéciale ce soir », dit Silas, les yeux sur la route. « Herbes rares, artefacts enchantés, pierres précieuses qui peuvent apaiser l'esprit d'un loup. C'est ma tournée. Considère ça comme un cadeau de "bienvenue dans le monde des vivants". »

« Dépenser l'argent de mon père pour m'impressionner, Silas ? » demandai-je, une pointe de mon ancien feu revenant.

Il rit, un son riche et sincère. « Pas du tout. J'ai mes propres affaires. Des investissements à l'étranger. Plus qu'assez pour maintenir une future Luna dans le style qu'elle mérite. »

Sa flatterie flagrante était si audacieuse qu'elle en était presque rafraîchissante. Je me surpris à sourire pour la première fois depuis des jours. « D'accord. Mais c'est moi qui choisis la destination. »

Ma cible était un légendaire diamant bleu connu sous le nom de « La Larme de la Déesse Lune ». On disait qu'il avait des propriétés apaisantes, qu'il calmait le tumulte intérieur de l'âme d'un loup-garou. En ce moment, mon âme ressemblait à une tempête déchaînée. J'en avais besoin.

La salle des ventes était un modèle d'opulence, remplie de l'élite de toutes les grandes meutes. Silas et moi prîmes place près du devant. Juste au moment où je commençais à me détendre, un frisson familier me parcourut l'échine.

Kylian venait d'entrer. Et à son bras, l'air innocent et les yeux de biche, se trouvait Lyra.

Ma mâchoire se serra. Bien sûr. Il ne me laisserait pas avoir une seule soirée de paix. Je savais, avec une certitude écrasante, exactement ce qui allait se passer.

Lorsque « La Larme de la Déesse Lune » fut présentée, un silence tomba sur la salle. C'était magnifique, un diamant sans défaut qui semblait pulser d'une douce lumière intérieure.

La main de Lyra se leva immédiatement, plaçant une enchère. Puis elle jeta un coup d'œil vers moi, vit le désir dans mes yeux, et avec un soupir étudié de martyre, elle baissa la main. Elle murmura quelque chose à Kylian, son expression un mélange parfait de désir et d'abnégation.

Le visage de Kylian se durcit. Il me regarda droit dans les yeux, son regard un défi. Puis il se leva, sa voix résonnant dans la salle silencieuse.

« Ma compagne apprécie cette pierre », annonça-t-il, son ton ne laissant aucune place à la discussion. « Tout ce qu'elle veut, elle l'obtient. » Il annonça ensuite un prix si astronomiquement élevé qu'il fit haleter toute la salle.

Le message était clair. Il ne s'agissait pas du diamant. Il s'agissait d'humiliation.

Chaque loup dans cette salle savait que Kylian était mon promis. Ils savaient qu'il était le futur Alpha de la Lune d'Argent. Et ils regardaient tous pendant qu'il choisissait publiquement une Oméga plutôt que sa future Luna, en utilisant la propre richesse de ma famille pour le faire.

Les chuchotements commencèrent, feutrés et pleins de pitié. Je devins la risée de la soirée, la princesse éconduite. Une honte brûlante et furieuse m'envahit.

Non. Je ne le laisserais pas me faire ça.

Je levai ma plaquette, ma main stable malgré la fureur tremblante en moi. J'aurais ce diamant. Peu m'importait le prix. Il ne s'agissait plus d'une pierre ; il s'agissait de ma fierté.