En voyant mon agresseur, je restai figée de stupeur : je le reconnaissais parfaitement.
- Alors, ma petite louve, je t'ai manqué ? Apprête-toi à faire un gros dodo, ma belle, me dit-il avec un sourire effrayant.
Soudain, je me sentis très mal, comme si mon corps était anesthésié. Je chancelai.
- Qu'est-ce que vous m'avez fait ? demandai-je, haletante.
- Si tu avais écouté le cours, Sienna, tu saurais que l'aconit est dangereux pour les loups-garous ! Je t'en ai injecté une faible dose... juste assez pour t'affaiblir. Le reste, je vais en profiter avant de t'achever.
Je n'avais rien senti. Il avait été d'une discrétion terrifiante.
Je ne reconnaissais plus Monsieur Pattinson. En classe, il avait l'air si gentil, du genre strict mais juste. Et maintenant... il avait ce sourire de psychopathe, sournois, cruel.
- Où est ton Alpha ? demanda-t-il soudain.
Je me souvins de ce que tante Lena m'avait dit plusieurs fois : « Si un chasseur te demande où est ton Alpha, ne révèle jamais sa position. Tu mettrais la meute en danger. »
Et Alexander n'était toujours pas là...
- Je ne sais pas où il est, répondis-je en tremblant.
- Très bien. Comme tu voudras, petite louve... Dans ce cas, je vais devoir te tuer maintenant.
Il fit surgir un arc de son dos et encocha une flèche. Mon cœur s'emballa. Mon corps ne répondait plus, mais mon loup, lui, se débattait à l'intérieur.
J'hurlai de toutes mes forces, un cri désespéré à Alexander. Les larmes coulaient sur mes joues. Mon corps brûlait sous l'effet du poison. Et il n'était pas là...
Il avait raison. Je suis faible. Je n'ai pas vu le danger arriver.
Alors, je me transformai. Mon hurlement se changea en un grondement bestial. Mais l'aconit agissait encore. Même sous ma forme de louve, j'étais lente, désorientée. Je n'arrivais pas à respirer correctement. J'étais foutue.
Il parlait encore, un long discours sur les chasseurs, leur mission, leur pureté... mais je ne comprenais rien. Je perdais pied.
Il fallait que je fasse quelque chose, ou j'allais finir comme un trophée de chasse.
Je fermai les yeux un instant. Et quand je les rouvris... une louve blanche bondit de nulle part sur Pattinson, le plaquant au sol. Mais il la projeta en arrière d'un simple mouvement.
Comment un vieil homme peut-il avoir autant de force ?
Je me rappelai ce que nous avait dit Alexander : « Les chasseurs sont mieux entraînés que des militaires. »
On était fichues.
La rage monta en moi. L'adrénaline balaya un peu le poison. J'en profitai. Je me redressai sur mes pattes. Je devais saisir l'instant.
Quand il me tourna le dos pour viser la louve blanche, je bondis sur lui.
Mais à ce moment-là, une douleur atroce me transperça le ventre. J'avais été touchée. Mon sang coulait abondamment. Je m'écroulai.
Je m'éloignai de Pattinson, inconscient. La louve blanche revint vers moi et se transforma. Une femme aux cheveux blancs, aux yeux bleu clair magnifiques, se tenait devant moi. Elle dégageait une énergie apaisante.
Je n'eus pas la force de fuir. Je me couchai à ses pieds, vidée.
- Sienna, laisse-moi voir ta blessure !
Comment connaît-elle mon prénom ?
- Qui êtes-vous ? demandai-je, d'une voix faible.
- Peu importe qui je suis. L'important, c'est que tu sois en sécurité. Reste avec l'Alpha. Lui seul peut te protéger de ce qui va arriver. Et lui seul pourra t'aider à trouver les réponses aux questions que tu te poses depuis si longtemps.
Soudain, un gros grognement sourd résonna dans le jardin.
La louve blanche recula d'un bond et disparut dans les bois.
Un loup noir surgit. Je n'avais même plus la force de bouger, mais il sentait l'odeur de mon sang. Il se transforma. C'était Alexander.
Il courut vers Pattinson, l'attacha solidement.
Puis il se retourna vers moi.
- Transforme-toi, ordonna-t-il, inquiet.
J'obéis. Nue et vacillante, je me tins debout. Il me regarda de haut en bas, et son regard s'arrêta net sur mon ventre.
Son visage changea.
De la colère...
... à la panique.
Je n'eus pas le temps de dire un mot. Mes jambes cédèrent. Je tombai dans ses bras.
J'étais à bout.
Juste avant de perdre connaissance, je crus voir des larmes dans ses yeux.
Il me serra contre lui, désespéré.
- Pardonne-moi, Sienna... Je n'aurais pas dû te laisser seule... Je t'en prie, reste avec moi... Ne me quitte pas... Sienna... Mon amour...
Et puis, le noir total.