- Dis-moi, Sienna... Tu m'as pris la main quand l'Alpha est entré dans la pièce, et ensuite tu n'as pas arrêté de le fixer dans les yeux. Lui aussi, d'ailleurs. Il était tout mielleux avec toi. Alors, ce n'est pas à moi que tu dois demander ce qu'il se passe... c'est à toi que je devrais poser la question !
Son ton était sérieux, presque sévère. Je ne savais pas quoi lui répondre. Devais-je tout lui dire ? Oui, il le fallait. Son visage marqué et ses cernes me montraient qu'elle n'avait probablement pas dormi de la nuit à cause de ça.
Je décidai donc de tout lui raconter : mes cauchemars, ma sortie en boîte, l'odeur d'Alexander qui me rendait folle... Son visage passa d'une expression préoccupée à un sourire plein d'étoiles dans les yeux.
- Sienna... ce ne sont pas des cauchemars. C'est juste que... tu as trouvé ton partenaire !
- Hein ? Mais je ne le connais même pas ! Je ne l'avais jamais vu de toute ma vie ! protestai-je.
- Certains loups n'ont pas besoin de rencontrer leur partenaire pour le reconnaître. Certains le sentent... d'autres en rêvent.
Je n'en revenais pas. Si j'écoutais ma tante, j'étais en train de tomber amoureuse d'Alexander, l'Alpha, que je ne connaissais même pas. Et le pire... c'est que mon corps semblait d'accord avec elle.
- Désolée, tata, je file ! Je suis en retard pour les cours.
Je coupai court à la conversation. Non pas que je la trouvais inintéressante... mais je n'y croyais pas. Ces histoires de "partenaire", c'était trop. Je retrouvai Aiden devant le portail comme souvent quand il ne passait pas me chercher chez moi.
Pendant les cours, j'avais du mal à me concentrer. Mes pensées revenaient constamment vers ce qu'avait dit Lana, puis au dîner, à cette étrange attirance envers Alexander... Ce soir, j'étais censée commencer mon entraînement chez lui. Un entraînement... pour me protéger de chasseurs ? C'était complètement absurde.
Je regardais par la fenêtre, qui donnait sur la forêt. Derrière les arbres, j'aperçus une silhouette. En plissant les yeux, je vis très clairement un grand loup noir. Il me fixait. Et il savait que je l'avais vu, car dès que nos regards se croisèrent, il s'enfuit.
- Sienna, tu peux répondre à la question, s'il te plaît ?
La voix de Monsieur Pattinson me fit sursauter. Il se tenait penché au-dessus de mon bureau, ses lunettes glissant sur son nez.
- Euh... Excusez-moi, vous pouvez répéter la question ? demandai-je, confuse.
- Qui a inventé la légende du loup-garou ? Ce genre de question sera au programme de l'examen.
- Aucune idée, monsieur...
- Très bien. Tu me feras un exposé complet sur la lycanthropie pour la semaine prochaine.
Super. Comme si je n'avais que ça à faire. Je sentis mon loup s'agiter intérieurement, me poussant presque à lui sauter dessus... mais je me retins. La cloche sonna et je bondis hors de la classe.
Sur le chemin du retour, je me retrouvai soudainement plaquée contre un mur. Par réflexe, je fermai les yeux. Quand je les rouvris...
- Où comptes-tu aller comme ça, princesse ? Tu n'étais pas censée venir chez moi pour démarrer ton entraînement ?
C'était Alexander. Il m'avait collée contre le mur avec force, et il était si proche que je pouvais sentir son souffle sur ma peau. Mon cœur battait la chamade.
- Si, si... je voulais juste passer chez moi me changer et prendre quelques affaires.
- Pas la peine. Lana s'en est déjà chargée. Toutes tes affaires sont chez moi, dit-il avec un sourire.
- Quoi ? Toutes mes affaires ?!
- Oui. Tu ne retourneras pas en cours, et tu ne sortiras pas tant que ton entraînement n'est pas terminé. J'ai déjà prévenu ton école.
- J'ai un exposé à rendre à Monsieur Pattinson !
- Pattinson t'a déjà dans le collimateur. Il n'a pas arrêté de te regarder pendant tout le cours. Cela fait plusieurs jours que je le surveille, et je peux t'assurer que ton prof est un chasseur.
- Quoi ? Comment tu sais ça ?!
Puis, d'un coup, tout s'éclaira dans mon esprit. Le loup noir que j'avais vu plus tôt... c'était lui.
- Peu importe, répondit-il. Ma seule priorité, c'est la sécurité de ma meute. Et toi, tu es une jeune louve sans expérience. Tu es vulnérable.
Il relâcha enfin la pression et marcha jusqu'à sa voiture, garée un peu plus loin. Il me fit signe de monter. Je m'exécutai sans un mot.
En arrivant chez lui, je constatai qu'il ne mentait pas. Toutes mes affaires étaient là. Mes vêtements, mes livres, mes affaires personnelles... Tout sauf les meubles. C'était officiel : j'allais vivre chez l'Alpha.
- On commencera l'entraînement demain matin. Tu fais ce que tu veux ici, sauf partir, dit-il.
- Très bien, répondis-je.
Je n'avais pas le choix. J'installai mes affaires, puis allai dans le jardin, mis mes écouteurs, et m'allongeai sur un transat près de la piscine, espérant que la musique apaise le tumulte dans ma tête.