Des cendres: Une seconde chance
img img Des cendres: Une seconde chance img Chapitre 2
2
Chapitre 10 img
Chapitre 11 img
Chapitre 12 img
Chapitre 13 img
Chapitre 14 img
Chapitre 15 img
Chapitre 16 img
Chapitre 17 img
Chapitre 18 img
Chapitre 19 img
Chapitre 20 img
img
  /  1
img

Chapitre 2

La « période de réflexion » fut tout sauf calme. Ce fut un siège.

Héloïse s'enferma dans sa chambre, mais Dominique était implacable. Il campa devant sa porte pendant des heures, sa voix un murmure bas et suppliant.

« Héloïse, s'il te plaît. Parle-moi, juste une minute. »

Il envoya des cadeaux. Des bouquets de lys, sa fleur préférée. Des boîtes de chocolats de luxe qu'elle n'avait plus le cœur à manger. Une première édition d'un recueil de poésie qu'il savait qu'elle aimait. Chaque cadeau était un souvenir soigneusement choisi, une arme conçue pour affaiblir sa résolution.

Le troisième jour, il glissa une note sous sa porte.

*Je sais que tu es en colère. Tu as toutes les raisons de l'être. Mais Juliette... elle est fragile. Sa mère est morte quand elle était jeune, et ton père était toujours occupé. J'ai juste senti que je devais veiller sur elle. Elle est comme une sœur pour moi. C'est tout. Je le jure.*

Héloïse lut la note et sentit un nœud froid de dégoût dans son estomac. La fragile Juliette. La fille qui avait souri pendant que l'atelier d'Héloïse brûlait.

*Tu te souviens quand on avait dix ans ?* lisait une autre note. *Tu es tombée du grand chêne dans ton jardin et tu t'es cassé le bras. Je t'ai portée jusqu'à la maison. Je t'ai dit ce jour-là que je te protégerais toujours.*

Oui, elle s'en souvenait. C'était un beau souvenir, un souvenir qu'elle avait chéri. La sensation de ses petits bras déterminés autour d'elle, son visage strié de terre et de larmes alors qu'il promettait de ne jamais laisser rien lui arriver.

Ce souvenir était réel. Le garçon qui avait fait cette promesse était réel.

Mais il avait disparu. Il avait été remplacé par l'homme qui était resté là à la regarder mourir. L'homme qui avait choisi sa liaison plutôt que sa vie.

Le passé était un puits magnifique et empoisonné. Boire à sa source maintenant ne ferait que la tuer à nouveau.

Elle savait quelque chose qu'il ignorait. Dans sa vie passée, quelques semaines seulement après l'incendie, Juliette avait annoncé sa grossesse. L'enfant était de Dominique. La « fragile » demi-sœur portait son héritier alors qu'il était encore fiancé à Héloïse.

Cette pensée fit se crisper ses mains. La chronologie était gravée dans son cerveau. Juliette était enceinte en ce moment même.

« Héloïse, je t'aime », cria-t-il à travers la porte, la voix chargée d'émotion. « Je jure sur ma vie, ça a toujours été toi. Ce sera toujours toi. Je passerai le reste de ma vie à me faire pardonner. »

Ses mots étaient un écho creux. Elle finit par ouvrir la porte.

Dominique se tenait là, son beau visage marqué par l'épuisement et l'espoir. Il tenait une unique rose blanche, parfaite. Un symbole de pureté. L'ironie était suffocante.

Elle ne prit pas la rose. Au lieu de cela, ses yeux se posèrent sur son col de chemise.

« Tu as été avec elle », affirma-t-elle, la voix plate.

Il parut confus. « Quoi ? Non, j'étais juste ici. »

« Tu portes son odeur », dit Héloïse en s'approchant. Elle n'en avait pas besoin. L'odeur écœurante du parfum au jasmin de Juliette l'imprégnait. « Et tu as une tache de rouge à lèvres sur ton col. Sa teinte. 'Rose Poudré'. »

La main de Dominique vola à son cou. Il frotta la légère marque rose, son visage s'empourprant de culpabilité et de panique.

« Ce n'est pas... Elle était juste contrariée, je la calmais... »

Héloïse se contenta de le fixer, son silence plus accablant que n'importe quelle accusation.

Les jours suivants, les cadeaux devinrent plus extravagants. Un bracelet en diamants. Une nouvelle voiture. Des billets pour Paris. Héloïse les laissa tous intacts dans le couloir devant sa chambre, un monument à ses tentatives désespérées et maladroites de corruption.

Finalement, elle le laissa entrer. Il parut soulagé, un sourire plein d'espoir effleurant ses lèvres.

Elle s'assit sur le bord de son lit, les mains jointes sur ses genoux. « Tu as dit que tu passerais le reste de ta vie à te faire pardonder. »

« Oui », dit-il avec empressement, s'avançant vers elle. « N'importe quoi, Héloïse. Je ferai n'importe quoi. »

« N'importe quoi ? » répéta-t-elle, sa voix douce mais acérée.

« Je le jure. »

Elle le regarda droit dans les yeux. « Très bien. J'envisagerai de rester fiancée à toi. À une condition. »

Il s'affaissa presque de soulagement. « Dis-la. C'est comme si c'était fait. »

« Je veux que tu fasses partir Juliette », dit-elle.

Son sourire s'évanouit. « Quoi ? »

« Fais-la partir », répéta Héloïse, sa voix se durcissant. « Dans un autre pays. Je veux qu'elle soit partie. Je ne veux plus jamais la voir ni entendre son nom. Je veux que tu coupes tout contact avec elle. Bloque son numéro. Efface-la de ta vie. Complètement. »

Dominique la fixa, son expression se muant en détresse. « Héloïse, je ne peux pas faire ça. Elle est... elle n'a personne. Elle est si délicate. Où irait-elle ? »

Héloïse se leva. « Je vois. Ta promesse de 'n'importe quoi' a donc ses limites. »

Elle se dirigea vers la porte. « Alors nous n'avons plus rien à nous dire. »

« Attends ! » Il lui attrapa le bras, sa poigne serrée par la panique. « D'accord ! D'accord, je le ferai. »

Il la regarda dans les yeux, les siens grands et sincères. « Je la ferai partir. Je te le promets. Je jure sur ma vie, Héloïse. Je me débarrasserai d'elle. Pour toi. »

Il la prit dans ses bras, mais elle resta raide et froide. Elle ne le croyait pas. Pas une seconde. Mais elle avait la promesse dont elle avait besoin.

            
            

COPYRIGHT(©) 2022