Amour, mensonges et vasectomie
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Chapitre 3 Chapitre 3

Je suis rentrée dans ma maison, dans cette maison que Damien et moi avions choisie ensemble, et elle m'a semblé être celle d'une inconnue. Les photos de nos visages souriants aux murs semblaient une moquerie cruelle. Je me déplaçais dans les pièces dans un état second, ma joie d'avant ayant été remplacée par un silence glacial.

Ce soir-là, Damien est rentré. C'était un acteur parfait. Il est entré en souriant, est venu droit sur moi et m'a déposé un baiser sur la joue.

« Comment vont mes deux personnes préférées ? », a-t-il demandé, sa main posée sur mon ventre.

J'ai tressailli à son contact, mais j'ai forcé un faible sourire. « On va bien. Juste fatigués. »

« Je t'ai apporté quelque chose », a-t-il dit en se dirigeant vers la cuisine. Il est revenu avec un verre de lait chaud. « Pour le bébé. Tu dois garder tes forces. »

Il me l'a tendu, le regard empreint d'une sollicitude feinte. Ces mêmes yeux qui, quelques heures plus tôt, avaient regardé ses amis avec un amusement si cruel. Mon estomac s'est retourné. Je savais, avec une certitude qui me glaçait jusqu'aux os, que ce lait n'était pas seulement du lait.

« Je n'ai pas soif, Damien », ai-je dit, ma voix à peine un murmure.

« Juste un peu, pour le bébé », a-t-il insisté, son sourire se crispant légèrement. « Tu ne veux pas que notre fils soit fort et en bonne santé ? »

Notre fils. Les mots étaient du poison.

« Non, vraiment, je ne peux pas », ai-je insisté en repoussant doucement le verre.

Son visage a changé d'un coup. Le masque du mari attentionné est tombé, remplacé par une lueur d'agacement. Si fugace que je l'aurais presque manquée, si je n'avais pas été en alerte.

« Alice, bois ce lait », a-t-il dit, d'une voix basse et ferme. Ce n'était pas une demande, mais un ordre.

Il a pressé le verre contre mes lèvres. Je n'ai pas eu d'autre choix que d'obéir, le liquide chaud et légèrement sucré glissant dans ma gorge, chaque gorgée creusant un peu plus mon angoisse.

Peu de temps après, une lourde somnolence m'a envahie. Mes membres pesaient comme du plomb, mes paupières étaient trop lourdes pour rester ouvertes.

« Je crois que je vais m'allonger », ai-je murmuré, mes mots s'empâtant.

Damien m'a guidée vers le canapé, son toucher me rappelant désormais la caresse d'une araignée. « Voilà, chérie. Repose-toi. »

Le monde s'est estompé dans un brouillard flou. J'ai vaguement perçu d'autres silhouettes dans la pièce, des ombres se déplaçant à la périphérie de ma vision, avant de sombrer dans un sommeil profond et sans rêves.

Je me suis réveillée des heures plus tard, le corps douloureux, la peau marquée par une substance étrange et collant. Je me sentais violée, envahie par un malaise profond, primal, ancré jusque dans mes os. La maison était silencieuse. Damien était déjà parti travailler.

Mon esprit, étrangement clair, avait transformé la rage de la veille en une détermination froide et précise. Je me suis levée et j'ai marché jusqu'à la bibliothèque du salon. Derrière une rangée de romans classiques se trouvait une petite boîte noire : une caméra cachée. Damien l'avait installée des mois plus tôt, prétendant que c'était pour la « sécurité ». Je savais maintenant ce qu'il voulait vraiment surveiller.

J'ai retiré la carte mémoire, puis l'ai insérée dans mon ordinateur portable. Mes mains ne tremblaient pas. Je devais voir. Je devais connaître toute l'étendue de leur trahison.

J'ai fait défiler rapidement les heures vides jusqu'à ce que je voie du mouvement. L'enregistrement datait de la nuit précédente, après mon évanouissement.

L'écran montrait Damien laissant entrer deux personnes dans la maison. Mon cœur s'est arrêté. C'était Elsa Ortega et Édouard Lambert.

J'ai regardé, le souffle coupé, alors qu'ils se tenaient au-dessus de mon corps inconscient sur le canapé.

Elsa m'a observée, son visage déformé par une haine pure. « Elle a l'air si paisible. C'est dégoûtant. »

« C'est juste le sédatif », a répondu Damien, d'une voix désinvolte. « Ça marche à merveille. Elle sera dans les vapes pendant des heures. »

Édouard s'est penché, un sourire lubrique aux lèvres. « Alors, c'est à ça qu'elle ressemble quand elle est docile. Ça rend les choses beaucoup plus faciles. »

« On teste juste le nouveau sérum ce soir », a dit Elsa en sortant un petit flacon de son sac. « Le "sérum de soumission", comme Édouard l'appelle si élégamment. Je veux m'assurer qu'il est parfait pour la fête. Je veux qu'elle soit pleinement consciente, mais incapable de résister. Je veux qu'elle sache exactement ce qui lui arrive. »

Mon estomac s'est noué. Ils planifiaient ça depuis des semaines : me droguer, tester des choses sur moi, dans ma propre maison.

« Pourquoi la détestes-tu autant, Elsa ? », a demandé Édouard, presque admiratif.

« Elle a essayé de me le prendre », a craché Elsa en désignant Damien. « Elle lui a mis en tête des idées de vie normale, de famille. Elle a voulu lui faire oublier ce qui compte vraiment. Moi. »

Damien a regardé Elsa avec une adoration pure. « Personne ne pourrait jamais me faire t'oublier. »

Puis, un homme est entré dans le champ. Un inconnu. Grand, brutal, aux yeux froids et morts.

« C'est le type dont je vous parlais », a dit Édouard. « Il est prêt à payer cher pour un "essai" avant la fête. Ce sera un joli petit bonus pour notre cagnotte. »

« La fête est dans deux jours, quand Elsa fera son retour officiel », a confirmé Damien. « Tout est prêt. »

J'ai regardé, avec horreur, Elsa prélever un échantillon à l'intérieur de ma joue. « Juste un teste de niveau de sédatif. Pour m'assurer qu'elle est complètement inconsciente. »

Elle a consulté le résultat sur un petit appareil. « Parfait. Elle est totalement sans défense. »

Ils ont parlé encore quelques minutes, leurs voix réduites à un murmure de conspirateurs, finalisant leurs plans pour mon humiliation publique. Puis Damien et Elsa sont partis, laissant Édouard et l'homme inconnu seuls avec moi.

Je n'ai plus pu continuer. J'ai refermé brusquement l'ordinateur portable, un cri étranglé s'échappant de mes lèvres. La profondeur de leur dépravation était sans fond. Ce n'était pas seulement un pari. C'était un plan systématique, planifié de longe date, d'abus et d'exploitation.

J'ai pris une profonde inspiration tremblante, forçant le désespoir à se taire. Je devais rester intelligente. Je devais rester forte.

Soudain, la porte d'entrée s'est ouverte. « Alice ? Je suis rentré plus tôt ! »

C'était Damien.

La panique m'a saisie. J'ai rangé rapidement l'ordinateur portable, mes mains tremblantes.

« Je suis là », ai-je crié, m'efforçant de garder ma voix égale.

Il est entré en souriant. « Je m'inquiétais pour toi. Tu avais l'air si ailleurs hier soir. Tu te sens mieux ? »

« Beaucoup mieux », ai-je menti, le cœur battant la chamade. « Je me reposais juste. »

Il a semblé me croire. « Bien. Je dois monter une minute pour prendre un dossier. »

Dès qu'il a été hors de vue, mon instinct de survie a pris le dessus. Son téléphone était sur la table basse. C'était ma chance.

Je l'ai saisi. Son mot de passe ? L'anniversaire d'Elsa. Bien sûr.

J'ai parcouru rapidement ses applications. Tout semblait normal. Trop normal. Puis je l'ai remarqué : un léger scintillement en bas de l'écran. J'ai appuyé mon pouce dessus, et une seconde interface cachée est apparue. C'était un système complètement séparé sur le même téléphone.

Mes doigts ont volé sur l'écran, ouvrant une application de messagerie que je ne reconnaissais pas. Le premier nom en haut de la liste : Elsa. Leur historique de discussion était rempli de messages vils et tordus à mon sujet.

Puis j'ai vu une discussion de groupe. J'ai cliqué dessus.

Le nom du groupe m'a coupé le souffle.

« La Vente aux Enchères d'Alice. »

            
            

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