Éclats sous l'ombre
img img Éclats sous l'ombre img Chapitre 5 L'étreinte des égarées
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Chapitre 6 Le chant des cendres img
Chapitre 7 La danse des masques img
Chapitre 8 Les racines du mal img
Chapitre 9 Les larmes du guerrier img
Chapitre 10 Le serment brisé img
Chapitre 11 L'asile des intrépides img
Chapitre 12 Le réveil des Gorgones img
Chapitre 13 Le Sang des Pétales img
Chapitre 14 L'Écho des ruines img
Chapitre 15 La toile d'Araignée img
Chapitre 16 Le bal des Damnées img
Chapitre 17 La nuit du Jaguar img
Chapitre 18 Éclats sous le soleil img
Chapitre 19 Épilogue : un an plus tard img
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Chapitre 5 L'étreinte des égarées

La toile humide, l'autoportrait déchirant de Camila, pendait mollement entre les mains

d'Alejandro. Son rire, teinté d'ivresse et de mépris, glaça l'air de la chambre.

« Alors, c'est comme ça que tu me vois ? » Il agita la peinture, faisant gicler des

gouttes de bleu nuit sur le tapis persan. « Un monstre qui t'enchaîne avec des fleurs ?

Très poétique. Très... victimisant. »

Il s'approcha du lit, plongeant son visage près de celui de Camila. Elle pouvait sentir

l'alcool et le cigare sur son haleine.

« Tu sais ce qui arrive aux petites filles qui jouent les martyres ? » chuchota-t-il, sa voix

un venin. « Elles finissent vraiment martyres. »

Il laissa tomber la toile par terre, la piétinant avec dédain.

« Nettoye-moi ça. Et si je trouve encore une trace de peinture dans cette maison, je te

jure que tu regretteras d'être née. »

Il sortit, claquant la porte derrière lui. Camila se leva, tremblante, et ramassa la toile

souillée. L'image de la femme enchaînée était déformée par l'empreinte de sa

chaussure. Comme elle.

Le lendemain, Alejandro partit tôt pour Madrid, une affaire « urgente » qui le retiendrait

deux jours. Un répit. Camila erra dans la maison, l'esprit en ébullition. La scène de la

nuit, la cruauté d'Alejandro, l'avait brisée, mais aussi réveillée. Une colère sourde

montait en elle, nouvelle, terrifiante.

Elle se souvint du numéro de Lucía, caché dans son téléphone sous le nom "Luna". Elle

prit son portable, enfermée dans la salle de bain, et composa le numéro d'une main

tremblante.

« Allô ? » La voix de Lucía était calme, professionnelle.

« C'est... c'est Camila. Camila Valdés. » Un silence. Puis : « Camila. Je suis contente

que tu appelles. »

« Je... j'ai besoin de parler. De voir quelqu'un. »

« Où es-tu ? Je peux venir à Séville dès demain. »

Camila sentit un poids s'alléger dans sa poitrine. « Vraiment ? »

« Vraiment. Dis-moi où et quand. »

Elles convinrent de se retrouver le lendemain après-midi au parc de Maria Luisa, près

de la fontaine des Lions. Un lieu public, discret.

Camila passa une nuit blanche, partagée entre l'espoir et la peur. Si Alejandro

l'apprenait...

Le lendemain, elle se posta près de la fontaine, enveloppée dans un châle, scrutant les

passants. Quand elle vit Lucía approcher, un soulagement immense l'inonda.

« Camila ! » Lucía l'étreignit chaleureusement. « Tu as l'air fatiguée. »

Elles s'assirent sur un banc. Sous le murmure de l'eau, Camila parla. Elle raconta tout.

Les humiliations, les interdictions, la destruction de ses toiles, la violence verbale,

l'isolement. Les mots sortaient comme un torrent, libérateurs et douloureux.

Lucía écoutait, sans jugement, son visage devenant de plus en plus grave.

« Camila, ce qu'il te fait... c'est de la violence psychologique. C'est une forme de

torture. Et c'est illégal. »

Camila baissa la tête. « Je sais. Mais... il est puissant. Personne ne me croira. »

« Moi, je te crois. » La voix de Lucía était ferme. « Et il y a des moyens. Des

associations, des refuges. Des preuves à rassembler. »

« Des preuves ? »

« Oui. Des enregistrements, des témoins, des documents. Tout ce qui peut montrer son

comportement. Et... » Lucía hésita. « Il y a autre chose. »

Elle baissa la voix. « Ces derniers mois, j'ai entendu des rumeurs dans le milieu

juridique. Sur ton mari. Des soupçons de corruption, de détournement de fonds publics

sur ses projets immobiliers. Beaucoup d'argent disparu. »

Camila ouvrit de grands yeux. « De la corruption ? »

« Oui. Si on pouvait prouver ça... non seulement il tomberait, mais ça affaiblirait son

emprise sur toi. »

Un espoir fou germa dans le cœur de Camila. Le faire tomber. Se libérer.

« Mais comment... »

« Sois attentive. Écoute ses conversations. Regarde ses papiers, si tu peux. Mais

prudence, Camila. Extrême prudence. »

Elles parlèrent encore un moment, Lucía lui donnant des conseils, des numéros

d'urgence. Puis Lucía dut partir.

« Tiens bon, » dit-elle en l'étreignant à nouveau. « Tu n'es pas seule. Plus jamais. »

Camila la regarda s'éloigner, un mélange de force et de peur en elle. Elle resta un

moment sur le banc, absorbée dans ses pensées. Puis elle se leva pour rentrer.

Alors qu'elle traversait une allée bordée de hauts buissons, un éclat bizarre attira son

regard. Entre les feuilles, à une dizaine de mètres, quelque chose brillait. Elle plissa les

yeux.

                         

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