Chapitre 6 La légende de la course automobile

Un trench-coat marron, à la fois décontracté et élégant, reposait sur les épaules de l'homme, discret mais impossible à ignorer. Ses traits frappants semblaient sculptés pour attirer l'attention ; c'était un visage qui imposait le respect sans même essayer. Ses cheveux ébouriffés, gris cendré, tombaient sur ses épaules, lui donnant un air insouciant à la fois dangereux et magnétique.

Avec son arrivée, la température dans la salle a commencé à grimper. Des chuchotements ont parcouru la salle, les jeunes femmes ayant visiblement du mal à contenir leur excitation.

« Attendez, est-ce que j'hallucine ? Ce n'est pas Andre Cooper ? La légende de la course automobile ? »

« Tu veux dire le plus jeune vainqueur du Grand Chelem ? Pas possible, il est encore plus beau de près. »

Andre Cooper, pleinement conscient de l'agitation, a affiché un sourire éclatant et arrogant, tout aussi audacieux que sa réputation. Sa simple présence suffisait à faire passer Roger pour un personnage insignifiant.

« Regardez ça ! C'est vraiment lui ! Et c'est sa Bugatti VGT qui est garée devant, la seule de ce modèle. Une foule se forme déjà pour l'apercevoir. Est-ce qu'il passe vraiment ses vacances à Afoross ? »

Alors que la foule s'agitait, Roger et Marilee restaient assis, figés, le choc se lisant sur leurs visages.

Andre Cooper ? Comment Alexia avait-elle bien pu se retrouver dans son entourage ? Le fossé entre leurs mondes ne pouvait être plus grand.

Quiconque avait passé du temps dans le monde du divertissement, comme Marilee, savait exactement ce qu'Andre représentait ; des gros titres dans le monde entier, des contrats publicitaires et une influence qui dépassait largement ses capacités. Et cet homme venait de prendre la défense d'Alexia.

Et il semblait ne pas se contenter de la défendre.

Fixant Alexia dans les yeux, Andre a traversé la pièce d'un pas assuré, allant droit à elle. Avec une aisance acquise par l'expérience, il a posé ses mains sur ses épaules.

Avec un hochement de tête malicieux, il l'a taquinée : « Tu comptes me faire attendre toute la journée ? »

Roulant des yeux, Alexia a demandé : « Pourquoi es-tu entré ? Je t'avais dit d'attendre. »

Andre a affiché une moue exagérée. « J'ai attendu dehors pendant des siècles. Tu crois que j'allais te laisser affronter ces vautours tout seul ? » Il a jeté un regard noir à Roger. « On dirait que j'avais raison de m'inquiéter. Les hommes qui choisissent les mauvaises femmes sont toujours désespérés à d'autres égards aussi. »

Roger était sur le point d'exploser, une veine palpitant à sa tempe alors qu'il fixait les mains posées sur Alexia. « Bravo, Alexia », a-t-il dit d'un ton sarcastique. « Je n'aurais jamais pensé que tu en étais capable. Ce n'est pas l'homme avec qui j'ai discuté au téléphone hier. Tu sors avec plusieurs hommes à la fois ces jours-ci ? »

Une lueur dangereuse est apparue dans les yeux d'Andre, mais Alexia n'a pas cillé. « Tout le monde n'est pas obligé de racler les fonds de tiroir pour trouver de la compagnie », a-t-elle rétorqué, froide et imperturbable.

Pendant une seconde, Roger est resté sans voix. Puis il a laissé échapper un rire amer et creux, ses yeux parcourant le regard audacieux et sans complexe d'Alexia.

« Je t'ai toujours considérée comme une femme au foyer guindée, avec tes jupes prudes et tes horribles lunettes, jouant les bibliothécaires timides. Il s'avère que tu menais ta propre vie dans l'ombre. Dis-moi, dans quelle mesure ce petit numéro était destiné à mon bénéfice ? »

Alexia n'a pas gaspillé son énergie à se défendre. « Je ne te dois aucune explication. Tu étales ta liaison aux yeux de tous, mais je n'ai pas le droit d'avoir une vie privée ? Ne te fais pas d'illusions, Roger. Nous savons tous les deux ce qu'est vraiment ce mariage. Épargne-moi ton indignation. »

Roger a serré les poings. Il ne pouvait pas faire semblant ; il avait toujours su que leur mariage n'était qu'une façade.

Cette prise de conscience n'a fait qu'alimenter sa fureur. Jetant un regard noir à Andre, il a laissé ses mots dégouliner de venin. « Tu l'as entendue. Elle aime collectionner les hommes. Tu te crois spécial ? Ne te flatte pas. Pour elle, tu ne vaux pas plus qu'un de ses amants entretenus.»

Feignant un air surpris, Andre a porté la main d'Alexia à ses lèvres, affichant un sourire admiratif exagéré. « Alexia, suis-je enfin digne de figurer dans ton illustre liste ? »

Elle lui a lancé un regard sec et en coin. « Je n'ai pas dit ça. »

Le sourire d'Andre s'est élargi, et il l'a poussée gentiment du coude. « Dis-moi juste un mot. Je ferais volontiers la queue si cela me donnait une chance avec toi. »

Ces mots semblaient rester suspendus dans l'air pendant un instant, laissant tout le monde dans la pièce bouche bée.

Était-ce vrai ? Le célèbre coureur, habituellement froid et distant, souriait maintenant comme un amoureux éperdu ? La scène était presque insensée.

Tous les regards se sont tournés vers Roger, leur pitié se transformant rapidement en amusement.

Marilee a enfoncé ses dents si fort dans sa lèvre qu'elle a failli se percer la peau, la jalousie bouillonnant juste sous la surface.

Le visage de Roger s'est assombri, sa belle apparence déformée par la colère et l'incrédulité. « Alexia, tu penses vraiment pouvoir t'en tirer comme ça ! »

Il s'est éloigné de la table, prêt à bondir, mais Andre a réagi en un éclair, lui attrapant le bras et le tordant derrière lui avec une habileté acquise par l'expérience.

La douleur a déformé les traits de Roger alors qu'il lançait un regard noir à Andre. « Lâche-moi. »

Le sourire d'Andre s'est accentué, prenant un caractère prédateur alors qu'il appuyait plus fort, demandant : « Pardon, qu'est-ce que tu as dit ? »

Débordant de frustration, Roger a crié : « J'ai dit lâche-moi ! » Sa voix était tendue par la douleur, et ses efforts ont fait tomber les verres de la table dans un grand fracas.

Le tumulte a attiré l'attention du gérant du club, mais l'apparence impassible d'Andre n'a pas faibli, seul un regard glacial s'est posé sur lui. « Tu devras parler plus fort », a-t-il raillé d'une voix chantante et dangereusement détendue. « Je n'ai pas tout à fait compris. »

Un bruit sec et écœurant a retenti, plongeant la pièce dans un silence instantané.

Marilee est devenue toute pâle, paralysée par la peur. « Arrête ! Lâche-le ! »

Se tournant vers Alexia, elle a crié : « Tu vas rester là sans rien faire ? Réagis ! Dis-lui d'arrêter ! »