Les Notes de Son Regret
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Chapitre 4

Le dîner était une torture. Matthieu et Camille parlaient de leur passé, de leurs souvenirs communs, de leurs rêves partagés. Ils riaient, se touchaient la main par-dessus la table. J'étais invisible, une simple spectatrice de leur réunion.

Matthieu a commandé pour nous deux, sans me consulter. Des plats que Camille adorait.

« Et pour Madame ? » a demandé le serveur en se tournant vers moi.

Matthieu a eu un geste vague de la main.

« Oh, elle choisira ce qu'elle veut. Prends n'importe quoi, Éléonore. »

Son indifférence était une claque. J'ai commandé le plat le plus simple du menu, ma gorge trop nouée pour avaler quoi que ce soit.

Plus tard, je me suis levée pour aller aux toilettes, cherchant à échapper à l'atmosphère suffocante. Camille m'a suivie.

Elle s'est appuyée contre le mur, me barrant le passage, son sourire mielleux s'était transformé en un rictus de mépris.

« Tu vois, Éléonore. Tu n'as jamais eu ta place. Il a toujours été à moi. Son talent, sa carrière, son cœur... tout m'appartient. Tu n'étais qu'un pansement temporaire. »

« Laisse-moi passer, Camille. »

« Pourquoi ? La vérité te dérange ? Tu devrais le remercier. Sans toi, il n'aurait jamais eu la motivation de devenir si grand. Mais maintenant, je suis de retour. La pièce de rechange n'est plus nécessaire. »

Je l'ai poussée pour passer, retenant mes larmes de rage et d'humiliation. Je suis retournée dans la salle, prête à prendre mon sac et à partir.

C'est à ce moment-là que c'est arrivé.

Un grincement métallique au-dessus de nos têtes. J'ai levé les yeux. L'énorme lustre en fer forgé qui dominait la salle se balançait dangereusement.

Tout s'est passé en une fraction de seconde.

Le lustre s'est décroché.

« Camille ! »

Le cri de Matthieu a déchiré l'air. Il n'a pas hésité. Il s'est jeté sur elle, la plaquant au sol pour la protéger de son corps.

Je suis restée figée, incapable de bouger. Le lustre s'est écrasé sur la table à côté de nous dans un fracas assourdissant. Des éclats de métal et de verre ont volé dans toutes les directions.

Une douleur aiguë m'a transpercé le côté. J'ai porté la main à mon ventre et j'ai senti quelque chose de chaud et de collant. Puis, tout est devenu noir.

Je me suis réveillée dans une chambre d'hôpital. La lumière blanche du plafond m'aveuglait. J'étais seule. J'ai appuyé sur le bouton d'appel. Une infirmière est entrée.

« Madame, vous êtes réveillée. Comment vous sentez-vous ? »

« Où est mon mari ? »

L'infirmière a eu un regard gêné.

« Il est avec l'autre dame... Mademoiselle Camille. Elle a eu une grosse frayeur. Il s'occupe aussi des journalistes. »

Mon cœur s'est glacé. J'étais blessée, et il était avec elle.

L'infirmière a continué, sa voix douce.

« Madame, nous avons dû faire des examens... Je suis désolée de vous l'apprendre comme ça, mais... vous étiez enceinte. De deux mois. »

Le monde s'est arrêté de tourner. Enceinte.

« Étiez ? » ai-je murmuré.

« L'accident a provoqué une fausse couche. Je suis vraiment désolée. »

Je n'ai pas pleuré. Je n'ai rien senti. Juste un vide immense, un trou noir qui aspirait tout ce qui restait de moi.

            
            

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