Chapitre 4

Le surlendemain, Édouard est revenu de son "voyage d'affaires".

Il est entré dans mon atelier de restauration de livres, où je passais mes journées.

Il tenait à la main le collier de diamants qu'il m'avait offert pour notre anniversaire. Celui que j'avais vendu.

« Mon amour, j'ai vu que le collier était en vente aux enchères. J'ai cru à une erreur. Je l'ai racheté immédiatement. C'est la preuve de mon amour pour toi, il ne doit jamais nous quitter. »

Il a essayé de me le passer autour du cou.

Je l'ai regardé, impassible. Son aveuglement était pathétique.

Il n'avait rien compris.

Son téléphone n'arrêtait pas de vibrer dans sa poche. Des messages.

Il les ignorait, essayant de se concentrer sur moi.

Mais l'insistance des notifications l'a trahi.

« Excuse-moi une seconde. »

Il s'est éloigné pour répondre. J'ai entendu des bribes de conversation.

« Oui, j'arrive... Non, je suis avec Amélie... Attendez-moi. »

C'étaient ses amis. Son cercle de "fils à papa" qui l'encourageaient dans sa double vie.

Il est revenu vers moi, l'air contrarié.

« Ce sont les garçons. Ils insistent pour que je les rejoigne pour un verre. C'est stupide. »

« Vas-y, » ai-je dit. « Ne te dispute pas avec eux pour moi. »

« Non, je veux rester avec toi. »

« J'insiste, Édouard. Je suis un peu fatiguée de toute façon. J'irai avec toi, juste pour dire bonjour, et ensuite je rentrerai. »

Pour éviter un conflit inutile, j'ai accepté de l'accompagner.

Nous sommes arrivés dans un bar privé ultra-chic du 8ème arrondissement.

Ses amis étaient là, entourés de jeunes femmes.

Dès notre arrivée, le comportement d'Édouard a changé.

Il est devenu l'époux modèle.

Il m'a tenue par la taille, a refusé poliment les avances d'une femme qui essayait de lui parler.

Il ne commandait que de l'eau pour moi, se montrant excessivement prévenant.

« Mon amour est tout pour moi, » a-t-il déclaré haut et fort à ses amis. « Je n'ai d'yeux que pour elle. »

Le dégoût m'a envahie.

Cette performance, cette mascarade.

Il jouait un rôle pour ses amis, pour le public, et peut-être même pour se convaincre lui-même.

Je le regardais, et je ne voyais plus l'homme que j'avais aimé.

Je voyais un acteur, un menteur pathologique.

Et je savais que chaque mot qui sortait de sa bouche était faux.