« C'est drôle, l'intrigue de ce film me rappelle quelque chose, » ai-je dit d'un ton léger. « Une histoire de mari parfait qui mène une double vie. Si tu étais à la place de l'héroïne, que ferais-tu ? »
Il a ri, sans quitter l'écran des yeux.
« Quelle question étrange. Ça n'arriverait jamais. Je t'aime, toi seule. »
Son déni était si facile, si naturel. Il croyait vraiment à ses propres mensonges.
Mon cœur, déjà brisé, s'est transformé en un bloc de glace.
Le lendemain, son téléphone a sonné. Il a regardé l'écran et s'est levé précipitamment.
« C'est le bureau. Une urgence à Genève. Je dois y aller tout de suite. Je serai de retour demain soir. »
Il m'a embrassée rapidement et est parti.
Genève.
Un mensonge de plus.
Cette fois, je ne suis pas restée passive. J'ai appelé mon chauffeur privé, celui qui n'était pas payé par Édouard.
« Suivez la voiture de mon mari. Discrètement. »
La poursuite ne fut pas longue.
Il ne se dirigeait pas vers l'aéroport.
Il a traversé Paris pour se rendre dans le Marais.
Il s'est garé devant la galerie d'art. La galerie de Chloé.
Je suis restée dans ma voiture, à distance, le cœur battant.
Chloé est sortie pour l'accueillir. Elle portait une robe rouge provocante, à peine décente.
Elle s'est jetée dans ses bras.
Et il l'a embrassée.
Pas un baiser volé. Un baiser passionné, affamé. Celui d'un homme qui retrouve sa maîtresse.
Sous mes yeux.
La scène était si crue, si violente.
La confirmation visuelle de tout ce que je savais déjà.
Elle l'a attiré à l'intérieur, son rire cristallin résonnant dans la rue silencieuse.
Les lumières de la galerie se sont éteintes.
Je suis restée là, dans le noir, à regarder la façade.
Je me suis souvenue de nos propres baisers.
Ils avaient toujours été tendres, respectueux. Il me disait que j'étais un trésor, une chose sacrée.
Il avait promis de chérir notre amour, de le protéger de la laideur du monde.
Cette promesse, comme toutes les autres, était maintenant brisée. Réduite en cendres.
Le chauffeur de taxi, un homme d'un certain âge, m'a regardée dans le rétroviseur.
« Madame, parfois, les hommes font des erreurs. Il faut savoir pardonner pour avancer. »
Sa voix était pleine de compassion.
Mais je n'étais pas une de ces femmes.
« Il n'y aura pas de pardon, » ai-je répondu, ma voix dure comme de la pierre. « Jamais. »
Sur le chemin du retour, j'ai pris ma décision.
Je suis allée directement dans notre dressing. J'ai sorti tous les bijoux, toutes les robes, tous les sacs qu'il m'avait offerts.
Des millions d'euros de cadeaux. Les symboles de son amour factice.
J'ai tout mis dans de grands sacs.
Le lendemain, j'ai tout vendu à un collectionneur discret.
L'argent, une somme considérable, a été viré directement sur le compte d'une association caritative pour les enfants malades.
Je me sentais plus légère. Libérée.
Je me débarrassais de lui, morceau par morceau.