L'Architecte de sa Disparition
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Chapitre 1

Je me tenais devant le consulat du Canada à Paris, mon passeport français à la main.

Le ciel était d'un gris terne, comme mes sentiments.

« Je suis ici pour activer ma citoyenneté canadienne et renoncer à ma nationalité française. »

Ma voix était calme, sans aucune trace d'émotion. L'employé du consulat m'a regardée avec surprise, mais a rapidement retrouvé son professionnalisme.

Il a pris mes documents et a commencé les démarches.

Chaque tampon, chaque signature, était un pas de plus vers ma nouvelle vie.

Une vie sans Édouard de la Roche.

En sortant, j'ai ouvert mon téléphone et j'ai réservé un vol aller simple pour Montréal.

Départ dans quinze jours.

Quinze jours pour effacer Amélie Dubois, l'épouse du magnat du luxe, la femme la plus enviée de France.

Quinze jours pour renaître.

Le soir, dans notre immense appartement surplombant la Seine, la télévision était allumée.

Un reportage sur Édouard.

Le journaliste parlait avec admiration.

« Édouard de la Roche, le PDG de la Maison de la Roche, a encore une fois prouvé son amour infini pour sa femme, Amélie. »

Des images du lancement de son nouveau parfum, « L'Essence d'Amélie », défilaient à l'écran.

Un succès mondial. Le symbole de leur amour parfait.

« Un parfum inspiré par la femme qu'il aime, un hommage à sa douceur et à sa force. »

Puis, des images plus anciennes.

L'accident de voilier. Édouard, boitant légèrement, me sortant de l'eau.

Le public le voyait comme un héros. L'homme qui avait risqué sa vie et gardé une séquelle permanente pour me sauver.

Une femme dans la rue était interviewée.

« C'est un véritable conte de fées. Il l'adore. On rêve toutes d'un homme comme lui. »

J'ai éteint la télévision.

Le silence de l'appartement était assourdissant.

Je me suis souvenue de sa cour assidue. J'étais une simple restauratrice de livres anciens d'Aix-en-Provence, méfiante en amour à cause du divorce de mes parents.

Il avait tout fait pour gagner mon cœur.

Des fleurs, des voyages, des promesses.

Il avait même surmonté ma peur de l'eau, m'emmenant sur ce voilier.

L'accident n'était pas une mise en scène. Il m'avait vraiment sauvée.

À ce moment-là, j'avais cru en son amour.

Je me suis souvenue de sa dixième demande en mariage.

J'avais finalement accepté, mais avec une condition.

Une seule règle d'or.

« Édouard, je t'aimerai de toute mon âme. Mais si tu me mens, si tu me trompes, je disparaîtrai de ta vie. Comme une page arrachée d'un livre. Tu ne me retrouveras jamais. »

Il avait ri, m'avait serrée dans ses bras et avait juré.

« Jamais, mon amour. Tu es la seule. »

Un mensonge.

Tout était un mensonge.

Il y a quelques semaines, j'avais trouvé la preuve. Une facture. L'achat d'une galerie d'art dans le Marais.

Pas pour moi. Pour Chloé Martin.

Une artiste performeuse dont il était le mécène.

Sa maîtresse.

Mon monde s'était effondré, mais je n'avais rien laissé paraître.

J'avais commencé à planifier ma disparition, méticuleusement.

Édouard est rentré tard ce soir-là, un sourire charmeur aux lèvres. C'était notre anniversaire de mariage.

« Pardon mon amour, une réunion qui s'est éternisée. »

Encore un mensonge. Je savais qu'il était avec elle.

Il m'a tendu un écrin en velours. Un collier de diamants éblouissant.

« Pour toi, ma vie. »

J'ai souri, un sourire vide.

« C'est magnifique, Édouard. Moi aussi, j'ai quelque chose pour toi. »

Je lui ai tendu un paquet cadeau, joliment emballé. À l'intérieur, une édition originale rare d'un roman sur la trahison.

Et glissée entre les pages, notre convention de divorce. Signée par moi.

« Qu'est-ce que c'est ? » a-t-il demandé, curieux.

« Ouvre-le dans quinze jours. Pas avant. C'est une surprise. »

Il a hoché la tête, amusé par mon mystère.

« D'accord, ma mystérieuse Amélie. J'attendrai avec impatience. »

Il ne se doutait de rien.

Pour lui, notre conte de fées continuait.

Pour moi, le compte à rebours avait commencé.

            
            

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