Il inséra la clé dans la serrure et ouvrit la porte. L'appartement était silencieux et sombre. Une odeur de propre, impersonnelle et froide, flottait dans l'air. Ce n'était plus l'odeur de Jeanne, ce mélange subtil de son parfum et des fleurs fraîches qu'elle disposait toujours dans le salon.
Il alluma la lumière. Le salon était impeccable, trop impeccable. Les coussins sur le canapé étaient parfaitement alignés. Il n'y avait aucune trace de vie. Il se précipita vers la chambre. Le lit était fait au carré, comme dans une chambre d'hôtel. Il ouvrit l'armoire. Ses vêtements avaient disparu. Le placard était à moitié vide, un gouffre béant qui semblait se moquer de lui. Il alla dans la salle de bain. Ses produits, ses crèmes, sa brosse à cheveux, tout avait disparu.
Elle était partie. Vraiment partie.
La panique se mua en une rage froide. Il sortit à nouveau son téléphone, le cœur battant à tout rompre. Il composa son numéro, encore et encore, sachant pertinemment que c'était inutile. Chaque tentative se soldait par le même silence, la même absence de sonnerie. Il était bloqué. Coupé du monde de Jeanne.
« Merde ! » hurla-t-il, jetant son téléphone sur le canapé.
Ses yeux balayèrent la pièce, cherchant quelque chose à détruire. Son regard tomba sur la table basse. Au centre, parfaitement aligné avec le bord, se trouvait une enveloppe. Son nom était écrit dessus, d'une écriture soignée et élégante qu'il connaissait si bien.
Il s'approcha, les mains tremblantes. Il déchira l'enveloppe et en sortit plusieurs feuilles de papier. C'était un accord de divorce. Tout était là, en noir et blanc. Les clauses, les conditions, la dissolution de leur mariage contractuel. Et à la dernière page, sa signature. Jeanne Dubois. Claire, ferme, sans la moindre hésitation.
Un rire sec et sans joie s'échappa de ses lèvres.
« Un divorce ? Elle pense qu'elle peut divorcer de moi comme ça ? »
Il serra les poings, le papier se froissant dans sa main.
« Je ne l'ai pas signé. Ce n'est pas valide. Ce n'est rien ! »
Dans un accès de fureur, il déchira le document en mille morceaux. Il les jeta en l'air, regardant les confettis de sa vie passée retomber lentement sur le sol. Mais détruire le papier ne changeait rien à la réalité. Elle était partie, et elle l'avait fait selon ses propres termes.
Il ramassa son téléphone sur le canapé. Il appela son assistant, sa voix glaciale et tranchante.
« Je veux que tu la retrouves. Utilise tous les moyens nécessaires. Je me fiche de ce que ça coûte. Fais-le. Maintenant. »
Il raccrocha, le silence de l'appartement vide lui pesant sur les épaules. Pour la première fois de sa vie, Antoine Moreau avait perdu quelque chose qu'il croyait lui appartenir pour toujours. Et il allait le récupérer.