L'Oiseau Enfin Libre
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Chapitre 1

Je savais que notre mariage de cinq ans était terminé. Antoine Moreau, mon mari, allait m'annoncer qu'il me quittait pour sa maîtresse, Sophie Lambert. Il préparait déjà sa nouvelle vie avec elle, une vie de bonheur et de célébrations, tandis que la mienne était sur le point de s'effondrer. Mais je n'étais pas encore prête à lui laisser le dernier mot.

Le soir de la fête de fiançailles qu'il organisait pour Sophie, Antoine se sentait étrangement mal à l'aise. Il se tenait sur le balcon de son penthouse parisien, un verre de champagne à la main, observant les lumières de la ville. Sophie, radieuse dans sa robe de créateur, était à l'intérieur, riant avec leurs invités. Tout devait être parfait, mais une sorte de brouillard flottait dans son esprit, une confusion qu'il ne parvenait pas à dissiper. Il avait tout ce qu'il voulait : la femme qu'il désirait, le statut, le pouvoir. Alors pourquoi ce sentiment de vide ?

Il sortit son téléphone, une impulsion soudaine le poussant à vérifier quelque chose. Il ouvrit sa conversation avec Jeanne. Il lui avait envoyé un dernier message, une offre finale, condescendante et cruelle.

« J'épouse Sophie, mais je suis généreux. Je te propose un poste. Sois sa gouvernante. Tu sauras au moins "prendre soin" de ma nouvelle vie, comme tu l'as toujours si bien fait. »

Il s'attendait à une réponse, des supplications, des larmes, peut-être de la colère. Mais il n'y avait rien. Juste le silence. Il essaya de l'appeler. La ligne ne sonnait même pas. Il lui envoya un autre message. Un point d'exclamation rouge apparut instantanément à côté.

Bloqué.

Il fronça les sourcils, un sentiment de contrariété le submergeant. Comment osait-elle ? Elle, qui dépendait entièrement de lui. C'était lui qui avait le contrôle, toujours.

Furieux, il appela son assistant.

« Vérifie le compte que j'ai ouvert pour Jeanne. A-t-elle utilisé l'argent ? »

Il y avait un silence à l'autre bout du fil, puis la voix hésitante de son assistant.

« Monsieur Moreau... Le solde est intact. Elle n'a jamais touché un seul centime. »

Antoine sentit un choc le traverser. Cinq ans. Pendant cinq ans, il lui avait versé une somme généreuse chaque mois, la considérant comme une employée, une possession bien entretenue. Et elle n'y avait jamais touché. Elle avait vécu avec ses propres moyens, modestes, sans jamais se plaindre. L'image qu'il avait d'elle, celle d'une femme soumise et dépendante, se fissura soudainement.

« Antoine, mon amour, tout va bien ? »

La voix de Sophie le tira de ses pensées. Elle s'approcha, posant une main sur son bras.

Il se retourna, son visage une façade de calme.

« Oui, tout va bien. Je pensais juste à un détail pour le travail. »

Il lui sourit, mais son esprit était ailleurs. Il était avec Jeanne. Ou plutôt, avec le fantôme d'une femme qu'il réalisait soudain ne jamais avoir vraiment connue. La panique, froide et inconnue, commença à s'insinuer en lui.

            
            

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