Quand je suis redescendue, j'étais déterminée.
Plus jamais je ne laisserais Chloé et sa toxicité diriger ma vie.
La vision qui m'a accueillie en bas des escaliers m'a presque fait trébucher.
Manon, ma sœur, se tenait au milieu du salon, la bouche grande ouverte.
Elle fixait Marc, qui était assis sur le canapé comme s'il était chez lui, une tasse de café à la main.
« Mais... qu'est-ce qu'il fait là, lui ? » a-t-elle crié, me voyant arriver.
Chloé est sortie de la cuisine, l'air agacé.
« Manon, baisse d'un ton. Marc est mon fiancé. Il habite ici maintenant. »
Manon a tourné la tête de Chloé à Marc, puis de Marc à moi. Elle était complètement perdue.
« Fiancé ? Mais... et Léa ? Mon plan... »
« Ton plan était stupide, Manon, » a coupé Chloé, sèchement. « Heureusement, Léa a compris la situation et a appelé Marc. »
Manon m'a regardée, les yeux ronds.
« Tu... tu as fait ça ? »
J'ai haussé les épaules.
« C'était la chose à faire. »
Je ne voulais pas entrer dans cette discussion. Je suis allée vers la porte.
« Je sors. »
« Attends ! » a dit Marc, se levant. Sa voix était mielleuse, faussement amicale. « On n'a pas encore pris le petit-déjeuner. Chloé a tout préparé. Reste avec nous. »
C'était une invitation, mais ça sonnait comme un ordre. Une provocation.
Je n'avais pas le choix. Manon était là, et je ne voulais pas faire de scène.
Je me suis assise à table, le plus loin possible d'eux.
Le repas a été une torture.
Marc et Chloé n'ont pas arrêté de s'afficher. Il lui donnait des bouchées de sa tartine, elle lui caressait la main.
Ils parlaient de leur futur mariage, de leur lune de miel aux Maldives.
« Tu sais, Léa, » a dit Marc, en me regardant avec un sourire suffisant. « Je dois te remercier. Sans toi, Chloé et moi n'aurions peut-être pas réalisé à quel point nous sommes faits l'un pour l'autre. »
Chloé a ajouté, sans me regarder : « Certains sont faits pour le grand amour, d'autres pour rester seuls. C'est la vie. »
Chaque mot était une petite pique. Ils voulaient me voir souffrir.
Manon les regardait, l'air de plus en plus mal à l'aise. Elle commençait à comprendre que son « plan génial » avait des conséquences désastreuses.
Je n'ai pas touché à mon assiette. La nourriture avait un goût de cendre.
Je me suis levée.
« J'ai des choses à faire. Bon appétit. »
Je suis partie sans me retourner.
Derrière moi, j'ai entendu Manon dire : « Vous exagérez, tous les deux. Vous voyez bien qu'elle est mal. »
La voix de Chloé a répondu, glaciale : « Elle s'en remettra. »
Je suis sortie de la maison et j'ai respiré l'air frais.
J'étais blessée, oui. Mais pas anéantie.
Cette fois, leur bonheur affiché ne me détruirait pas.
Il me donnait juste une raison de plus de construire le mien.