Chapitre 3

Ils sont passés juste devant moi.

La vitre teintée de la limousine m'a renvoyé mon propre reflet. Une jeune femme ordinaire, tenant un carton, sous un ciel gris de Paris.

Je n'étais qu'un fantôme dans leur monde parfait.

Une douleur aiguë a traversé ma poitrine. Ce n'était pas juste de la peine, c'était physique. J'ai eu du mal à respirer.

Je suis rentrée à l'appartement.

Notre appartement. Un magnifique duplex avec vue sur la Seine, que Marc avait acheté pour moi. Pour nous.

La cage dorée.

J'ai posé le carton dans l'entrée. Tout était comme d'habitude. L'odeur de cire d'abeille et de café frais. Le silence feutré.

Par automatisme, je suis allée dans la cuisine. J'ai sorti du réfrigérateur les ingrédients pour son plat préféré. Des côtes de porc aigres-douces.

Mes mains bougeaient toutes seules, suivant une chorégraphie apprise par cœur. Couper, mariner, faire sauter.

C'était absurde. J'avais été licenciée, humiliée. Il était avec une autre femme. Et moi, comme une idiote, je lui préparais son dîner.

Mais c'était la seule chose que je savais faire. Maintenir l'illusion que tout était normal.

Quand le plat a été prêt, j'ai mis la table pour deux. J'ai pris mon téléphone.

« Le dîner est prêt. Tes côtes de porc préférées. »

J'ai envoyé le message.

Puis j'ai attendu.

Les minutes se sont étirées, devenant des heures. Le plat a refroidi sur la table. La nuit est tombée sur Paris.

Mon téléphone est resté silencieux.

Pas de réponse.

Pas d'excuse.

Rien.

Il n'allait pas rentrer ce soir.

Il était avec elle. Il dînait avec elle, dans un restaurant chic où je n'avais pas ma place. Il lui souriait, de ce sourire qui me fendait le cœur.

J'ai regardé les deux assiettes, la chaise vide en face de moi.

J'étais seule.

Terriblement seule.