Trompée, Humiliée, Elle Se Bat
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Chapitre 4

J'ai couru jusqu'à l'appartement de mes parents. C'était plus proche que mon ancien logement, et j'avais besoin d'eux. J'avais besoin d'une base, d'un soutien, avant de partir à la recherche de ma boîte de souvenirs.

J'ai sonné frénétiquement. C'est ma mère qui a ouvert. Son visage, habituellement calme et posé, était contracté par l'inquiétude et la déception.

"Camille ! Mais enfin, que se passe-t-il ? On a reçu un appel de Chloé. Et on a vu des vidéos sur internet... C'est une humiliation."

Mon père est apparu derrière elle, ses lunettes sur le bout de son nez, l'air sévère.

"Explique-nous ce comportement, Camille. Faire une scène à l'aéroport, accuser ton mari, puis t'enfuir chez le compagnon de ta meilleure amie... C'est indigne."

Leur réaction m'a frappée comme un mur. Eux aussi. Eux aussi étaient contre moi.

"Maman, Papa, vous ne comprenez pas. On me manipule. Cet homme avec le masque, ce n'est pas mon mari. Mon mari, c'est Antoine !"

Ma mère a soupiré, un soupir las et triste.

"Camille, nous étions à ton mariage. Nous avons rencontré ton mari. Il a toujours été... excentrique. C'est toi qui l'as choisi. Nous avons respecté ton choix, même si nous ne le comprenions pas."

"Mais ce n'est pas vrai !" ai-je plaidé, les larmes aux yeux. "Vous vous souvenez d'Antoine ! On a dîné tous ensemble des dizaines de fois !"

"Nous avons dîné avec toi et Chloé, oui," a corrigé mon père. "Antoine était son ami. Tu étais fascinée par lui, c'est vrai. Peut-être un peu trop. Ta mission t'a épuisée, ma chérie. Tu confonds tes désirs et la réalité."

Leur ton professoral, leur certitude tranquille, était pire que les cris et les accusations. Ils me traitaient comme une patiente, pas comme leur fille.

Soudain, du bruit a retenti dans la rue. Des voix fortes. J'ai regardé par la fenêtre.

Une petite foule s'était rassemblée devant notre immeuble. Des gens avec des téléphones, des curieux. Et parmi eux, la silhouette sinistre de la gargouille, et le couple parfait formé par Antoine et Chloé.

Quelqu'un filmait en direct. "On est devant chez les parents de la 'mariée en fuite' ! Elle s'est réfugiée ici !"

La porte de l'immeuble n'avait pas été refermée correctement. La foule a commencé à monter les escaliers.

"Non," a murmuré ma mère, horrifiée.

Quelques secondes plus tard, ils étaient sur notre palier, puis dans notre entrée. Des inconnus, envahissant notre espace privé, leurs téléphones braqués sur moi.

"La voilà !"

"Alors, c'est fini le cinéma ?"

"Avouez que vous avez trompé votre mari !"

J'étais piégée. Encerclée dans l'appartement de mes propres parents, qui me regardaient avec pitié et honte.

"Je ne suis pas folle !" ai-je crié par-dessus le brouhaha. "Et je n'ai trompé personne ! J'ai des preuves ! Des preuves réelles, pas numériques !"

Tous les regards se sont tournés vers moi. Le silence s'est fait. Même Antoine et Chloé semblaient surpris.

"J'ai une boîte. Dans mon ancien appartement. Avec des lettres, un journal intime. Tout y est."

Un policier, attiré par le tumulte, est finalement entré. "Que se passe-t-il ici ?"

"Elle prétend avoir des preuves," a dit Antoine avec un sourire narquois. "Laissons-la faire son numéro."

Le policier m'a regardée, sceptique. "De quelles preuves parlez-vous, mademoiselle ?"

"Mon journal intime," ai-je dit, le cœur battant d'un dernier espoir. "Il est caché sous le plancher de la chambre, dans mon ancien appartement. Personne ne connaît cette cachette."

Le policier a semblé hésiter, puis, voyant la foule et les caméras, il a soupiré. "Très bien. Allons-y. On va tirer cette histoire au clair une bonne fois pour toutes."

Le trajet jusqu'à mon ancien appartement fut un convoi surréaliste. Une voiture de police, suivie par le taxi d'Antoine et Chloé, et quelques voitures de curieux.

Arrivés devant l'immeuble, la gargouille était là, comme si elle nous y attendait.

Nous sommes tous montés. Le policier, mes parents, Antoine, Chloé, la gargouille, et quelques témoins avec leurs téléphones.

Mon cœur battait si fort que je l'entendais dans mes oreilles. C'était le moment de vérité.

Je suis allée directement dans la chambre. J'ai écarté le tapis. J'ai utilisé un couteau que m'a tendu le policier pour soulever la latte de parquet.

La cachette était là. Et à l'intérieur... la boîte.

Un murmure a parcouru l'assistance.

Avec des mains tremblantes, j'ai sorti la boîte en métal et je l'ai ouverte.

À l'intérieur, il y avait bien mon journal intime. Un carnet en cuir que m'avait offert ma mère.

"Lisez," ai-je dit au policier. "Lisez n'importe quelle page."

Le policier a pris le carnet. Il l'a ouvert au hasard. Il a commencé à lire à voix haute.

"... 'Aujourd'hui, mon amour masqué m'a emmenée au Louvre. C'était si romantique. Les gens nous regardaient, mais je m'en fichais. Son excentricité est ce qui me plaît le plus chez lui. J'aime mon mari gargouille plus que tout...'"

Le policier s'est arrêté. Il m'a regardé.

J'ai arraché le journal de ses mains. J'ai feuilleté les pages.

Mon écriture. C'était bien mon écriture. Mais les mots... les mots étaient faux. Chaque page, chaque ligne décrivait un amour passionné pour un homme masqué. Le nom d'Antoine n'apparaissait nulle part, sauf pour le désigner comme "l'ami de Chloé".

C'était impossible. Absolument impossible. Comment avaient-ils pu faire ça ?

Le silence dans la pièce était lourd. Puis, un rire a éclaté. Celui de Chloé.

"Alors, Camille ? Tes 'preuves' ?"

J'ai regardé les visages autour de moi. La pitié sur celui de mes parents. Le triomphe sur celui de Chloé. Le mépris sur celui d'Antoine. L'immobilité glaçante du masque.

Ma dernière ancre venait de se briser. J'étais à la dérive, dans un océan de folie.

Une femme dans la foule s'est approchée de moi.

"Menteuse !" a-t-elle crié.

Et elle m'a craché au visage.

Une autre personne m'a bousculée. J'ai perdu l'équilibre et je suis tombée. Les insultes pleuvaient. "Folle !" "Manipulatrice !" "Hystérique !"

Je me suis recroquevillée sur le sol, protégeant ma tête, tandis que le monde que je connaissais s'effondrait sur moi dans un torrent de haine.

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