« Ton argent ? Tu n'as aucune preuve. Et l'entreprise ? Elle est au bord du dépôt de bilan. Tu n'obtiendras rien, Léa. Absolument rien. J'ai fait en sorte de ne plus rien posséder en mon nom propre. Tu peux essayer, tu perdras ton temps et le peu d'argent qu'il te reste en frais d'avocat. »
Il mentait. Je le savais. Il bluffait pour me faire peur, pour que je cède. Il avait besoin que ce divorce soit rapide et discret pour ne pas effrayer son futur beau-père.
Son téléphone a sonné. Il a regardé l'écran et son visage s'est adouci. Sophie.
« Oui, mon amour... Non, non, tout va bien... C'est presque réglé... Oui, je sais, je me dépêche. J'arrive tout de suite. Moi aussi. »
Il a raccroché et son masque de froideur est revenu. Son impatience était palpable.
« Bon, on va arrêter de jouer, » a-t-il dit en s'approchant de moi. « Tu vas signer. De gré ou de force. »
Il a attrapé mon bras. J'ai essayé de me débattre, mais il était plus fort. Sa poigne était de fer.
« Lâche-moi, Marc ! Tu me fais mal ! »
« Signe ! » a-t-il hurlé, son visage déformé par la fureur.
Il a sorti un autre exemplaire de l'accord de sa mallette et un stylo. Il a essayé de forcer le stylo dans ma main, me tordant le poignet. La douleur était vive. J'ai crié, plus de peur que de mal.
Dans la lutte, il m'a bousculée violemment. J'ai perdu l'équilibre. Ma tête a heurté le coin de la table de chevet. J'ai senti une douleur fulgurante, puis plus rien.
Quand j'ai repris conscience, j'étais allongée sur le sol. Marc était debout au-dessus de moi, les papiers à la main, l'air paniqué.
« Merde... Léa ? »
Il m'a vue ouvrir les yeux et un soulagement visible a parcouru son visage. Mais ce n'était pas de l'inquiétude pour moi. C'était de la peur pour lui-même.
Il s'est accroupi, mais pas pour m'aider. Il a posé l'accord de divorce par terre, a pris ma main inerte et a forcé mon pouce à apposer une empreinte sur la signature, après l'avoir pressé contre le tampon encreur qu'il avait sorti.
« Voilà, » a-t-il soufflé, se relevant. « C'est mieux comme ça. »
Il m'a regardée, allongée sur le sol, une trace de sang commençant à couler de ma tempe. Il n'a pas appelé les secours. Il n'a pas fait un geste pour m'aider.
« Je suis désolé, Léa, » a-t-il dit, sa voix étrangement calme. « Mais tu ne me laisses pas le choix. C'est pour mon avenir. Pour ma carrière. Tu comprendras un jour. »
Il a pris sa mallette, a jeté un dernier regard sur moi, puis il est parti. Il m'a laissée là, blessée, sur le sol froid de notre chambre.
Alors qu'il fermait la porte, j'ai senti une douleur atroce dans mon ventre. Une crampe si violente qu'elle m'a coupé le souffle. J'ai baissé les yeux. Une tache rouge s'étendait sur ma robe. Le sang. Trop de sang.
Mon bébé.
La panique m'a submergée. J'ai rampé vers mon téléphone, qui était tombé près du lit. Mes doigts tremblaient, couverts de mon propre sang. J'ai réussi à composer le numéro d'urgence.
« À l'aide... » ai-je réussi à murmurer avant de perdre connaissance à nouveau. « Mon bébé... sauvez mon bébé... »