La Revanche de l'Héritière Oubliée
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Chapitre 4

Tous les regards se sont tournés vers la source de la voix. Le Père Jean se tenait à l'entrée du jardin, sa simple soutane noire contrastant violemment avec le luxe tapageur de la fête. Il n'était pas grand, ni imposant, mais il dégageait une aura de paix et de puissance qui a immédiatement capté l'attention de tous. Les murmures se sont tus. La musique semblait avoir baissé de volume.

Les amis de Lucas, qui quelques secondes plus tôt me huaient, le regardaient maintenant avec une curiosité mêlée de dédain.

"C'est qui ce vieux prêtre ?" a chuchoté l'un d'eux.

"Probablement un autre mendiant qu'elle a ramené de sa montagne," a ricané un autre. "Ils vont faire la quête ensemble."

Leurs paroles flottaient dans l'air, mais elles n'avaient plus de poids. La présence du Père Jean avait changé la dynamique de la scène.

Lucas, furieux que quelqu'un lui vole la vedette, a pointé un doigt accusateur vers moi.

"Vous voyez ! Elle n'est même pas venue seule ! Elle a ramené ses amis paysans avec elle ! Sortez-les tous les deux !"

Mais les gardes de sécurité n'ont pas bougé. Ils semblaient sentir que cet homme n'était pas n'importe qui.

Puis Lucas a eu une idée. Une idée qui, dans son esprit tordu, devait être le summum de l'humiliation. Un sourire mauvais a étiré ses lèvres.

"Attendez. Avant de la jeter dehors, j'ai une meilleure idée. Elle dit qu'elle ne veut pas de notre argent. Très bien. Prouve-le. Mets-toi à genoux, Amélie. Lèche mes chaussures. Fais-le devant tout le monde, et je te laisserai peut-être partir sans appeler la police pour trouble à l'ordre public."

Un hoquet de surprise a parcouru la foule. Même pour eux, c'était extrême. Mais personne n'a protesté. Ils attendaient, fascinés par la cruauté du spectacle.

Je l'ai regardé. Mon frère. Le sang de ma mère coulait dans ses veines, et pourtant, il était devenu ce monstre. Il n'y avait plus de tristesse en moi, seulement un vide froid.

"Tu viens de sceller ton destin, Lucas," ai-je dit d'une voix neutre. "Ce n'est plus une chute que tu vas connaître. C'est un anéantissement. Votre petit jeu est terminé. Le cauchemar commence maintenant."

"Assez parlé !" a-t-il hurlé, perdant tout contrôle. "GARDE ! FAITES-LA SE METTRE À GENOUX !"

Les deux gardes ont finalement obéi. Ils se sont avancés, leurs mains s'apprêtant à me saisir par les épaules pour me forcer à m'agenouiller.

Je n'ai pas eu le temps de réagir.

Le Père Jean a fait deux pas rapides. Il s'est placé entre les gardes et moi. Il n'a rien dit. Il les a juste regardés. Et dans son regard, il y avait une autorité si ancienne et si puissante que les deux colosses se sont figés sur place, puis ont reculé d'un pas, comme s'ils avaient touché un mur invisible.

Le silence est devenu total.

Le Père Jean s'est tourné vers Lucas. Sa voix était toujours calme, mais elle résonnait maintenant avec le poids du bronze.

"Jeune homme, vous ne savez pas à qui vous parlez."

Lucas a ricané, essayant de reprendre le contrôle. "Et vous, vous êtes qui ? Le curé de son village paumé ?"

"Je suis le Père Jean, abbé du monastère des Pyrénées," a-t-il répondu simplement. "Et cette jeune femme, que vous traitez avec un tel mépris..."

Il a marqué une pause, laissant ses mots suspendus dans l'air.

"... est Amélie Dubois. La fille de Cécile Dubois. Et surtout, elle est la seule et unique Protégée de la Destinée de cette génération."

Un frisson a parcouru l'assemblée. La plupart ne comprenaient pas le titre, mais il sonnait important, mystérieux. Cependant, quelques personnes plus âgées dans la foule, des patriarches d'autres grandes familles invités à la fête, ont blêmi. Leurs yeux se sont écarquillés. J'ai vu un vieil homme, le dirigeant d'un conglomérat rival, faire un pas en arrière en se signant discrètement.

Le nom "Protégée de la Destinée" n'était pas connu du grand public, mais dans les plus hautes sphères du pouvoir et de la vieille fortune française, c'était une légende. Une superstition pour certains, une vérité terrifiante pour d'autres. La croyance qu'une lignée de femmes veillait sur l'équilibre des fortunes, que leur présence assurait la prospérité et que leur départ entraînait la ruine.

Lucas, ignorant et arrogant, n'a rien senti de tout cela.

"Protégée de mes fesses ! C'est des histoires pour faire peur aux enfants ! Elle n'est rien ! Et vous non plus ! Dégagez de ma fête !"

Le Père Jean a secoué la tête avec une infinie tristesse.

"L'ignorance est le pire des péchés, mon enfant. Vous venez de renier la source même de votre chance. Que Dieu ait pitié de votre âme, car la fortune, elle, n'en aura aucune."

                         

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