La Revanche de l'Héritière Oubliée
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Chapitre 3

Mes doigts se sont refermés sur le stylo. Le plastique était froid. J'ai regardé le document. "Accord de Rupture Familiale et de Renonciation à tout Droit". Les mots étaient légaux, impersonnels, mais leur signification était brutale.

Sans une hésitation, j'ai penché la tête et j'ai signé. Mon nom, Amélie Dubois, tracé d'une écriture claire et ferme. C'était la dernière fois que j'utiliserais ce nom.

Un murmure de soulagement et de mépris a parcouru le groupe qui nous observait. Lucas a arraché le papier de la table avec un sourire victorieux.

"Enfin ! C'était pas si compliqué. Maintenant, prends ton chèque et pars. La vue de ta robe me dégoûte."

Il a fait un geste à son assistant, qui a commencé à remplir un chèque.

J'ai levé la main pour l'arrêter. "Je vous l'ai dit. Je ne veux pas de votre argent."

Je les ai regardés, Lucas, ses amis, tous ces visages satisfaits.

"Mais avant de partir, un dernier conseil. Un cadeau d'adieu."

Mon calme semblait les déranger plus que n'importe quelle crise de larmes.

"Vous avez obtenu ce que vous vouliez. J'ai signé. Je ne suis plus une Dubois. Mais vous devriez savoir que ce nom, cette fortune, n'étaient pas protégés par votre intelligence ou votre travail. Ils étaient protégés par autre chose. Par un équilibre. Et en me chassant, vous venez de briser cet équilibre."

Lucas a éclaté de rire. "L'équilibre ? Tu as vraiment perdu la tête. Tu te prends pour qui ? Une sorte de sorcière ?"

"Appelle ça comme tu veux," ai-je dit en haussant les épaules. "Mais les conséquences sont déjà en marche."

Je l'ai regardé attentivement, me concentrant non pas sur son visage arrogant, mais sur quelque chose de plus subtil.

"Par exemple... Ta main gauche. Elle te picote depuis quelques minutes, n'est-ce pas ? Juste là, entre l'auriculaire et l'annulaire."

Le sourire de Lucas s'est figé. Il a baissé les yeux vers sa main, presque involontairement. L'expression de son visage a changé. Il a essayé de le cacher, mais je l'ai vu. La surprise, puis une pointe d'inquiétude.

"Comment... Comment tu sais ça ?"

"C'est un début," ai-je continué, ma voix toujours aussi douce. "Un petit signe que les choses se dérèglent. Le fil qui vous maintenait à flot vient d'être coupé. Maintenant, vous allez dériver."

La blonde couverte de diamants a ricané, nerveusement cette fois. "C'est ridicule. C'est une coïncidence."

"Peut-être," ai-je concédé. "Ou peut-être que la douleur dans ton cou, juste sous l'oreille droite, celle qui te lance depuis une heure, n'est pas une coïncidence non plus."

La fille a porté la main à son cou, le visage pâle. Elle n'a rien dit. Le silence était devenu lourd.

La peur avait remplacé la moquerie. C'est une émotion que les gens comme eux ne connaissent pas souvent. Elle les rend laids et imprévisibles.

Lucas a retrouvé sa contenance, mais sa colère était maintenant teintée de panique.

"C'est des conneries ! Tu essaies de nous faire peur ! Tu es une manipulatrice !"

Il a crié à deux gardes de sécurité massifs qui se tenaient à distance.

"Sortez-la d'ici ! Mettez-la dehors ! Et si elle résiste, n'hésitez pas !"

Les deux hommes, vêtus de costumes noirs impeccables, se sont approchés de moi. Leurs visages étaient des masques impassibles. Ils étaient grands, forts. N'importe qui d'autre aurait tremblé.

Je n'ai pas bougé. J'ai attendu qu'ils soient à moins d'un mètre de moi.

Puis j'ai parlé, ma voix tranchante comme un éclat de verre.

"Si vous posez un seul doigt sur moi, je vous promets que vous ne reverrez pas le lever du soleil. Ni vous, ni votre employeur."

Ce n'était pas une menace vide. C'était une prophétie. Dans leurs yeux, j'ai vu une lueur de doute. Ils ont hésité. Ils ont regardé Lucas, attendant une confirmation.

Lucas était rouge de rage. L'humiliation de me voir tenir tête à ses gorilles devant tous ses invités était insupportable pour lui.

"Qu'est-ce que vous attendez ? Vous avez peur d'une clocharde ? Attrapez-la !"

Les gardes ont fait un pas en avant. J'ai soulevé le papier de la lettre du Père Jean dans ma poche. Je n'avais pas encore besoin de l'ouvrir. Sa simple présence me donnait de la force.

"La dernière chance, Lucas," ai-je dit. "Laisse-moi partir tranquillement, et peut-être que ta chute sera moins brutale."

"Jamais !" a-t-il hurlé. "Tu vas payer pour cette humiliation ! Je vais te détruire !"

C'est à ce moment-là qu'une voix s'est élevée, calme mais portant une autorité immense. Une voix que je connaissais mieux que la mienne.

"Je pense que cela suffit, Monsieur Dubois."

            
            

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