Elle venait de fermer son sac quand le téléphone de la maison a sonné. Elle n'a pas répondu. Il a sonné encore et encore. Puis, le portable de Marc, qu'il avait oublié sur la table basse dans sa hâte, s'est allumé. Le nom de "Sophie" s'affichait sur l'écran.
Amélie a fixé le téléphone. La colère et la curiosité l'ont emporté. Elle a regardé l'aperçu du message.
« Marc, il faut qu'on parle. C'est urgent. Ce que tu as fait hier était complètement fou. »
Quelques minutes plus tard, Marc a fait irruption dans l'appartement, visiblement paniqué.
« J'ai oublié mon téléphone ! »
Il l'a attrapé, a vu les appels manqués et le message de Sophie. Son visage s'est décomposé. Il s'est tourné vers Amélie, essayant de composer un masque de normalité.
« C'est... c'est le chantier. Un gros problème avec un fournisseur. Je dois y retourner tout de suite. Je ne serai peut-être pas là pour le déjeuner. Je t'appelle. »
Il a menti sans même ciller. Il n'allait pas sur un chantier. Il allait retrouver Sophie. Le mensonge était si facile pour lui, si naturel. Il l'a embrassée sur le front et est reparti aussi vite qu'il était arrivé.
Amélie est restée seule dans le silence. Son propre téléphone a vibré. C'était un message d'un numéro inconnu.
« Amélie, c'est Sophie. Je suis à Paris. Je sais que ça fait longtemps. J'aimerais beaucoup te voir. Tu es disponible pour un café cet après-midi ? »
Le choc a été brutal. Sophie était là. Et elle voulait la voir. Était-elle au courant ? Faisait-elle partie du complot ? Ou était-elle aussi une victime ? Amélie ne savait pas quoi penser. Mais une chose était sûre : avant de voir sa sœur, elle devait connaître toute la vérité.
Son regard s'est posé sur la porte au fond du couloir. La porte du bureau de Marc. C'était sa "zone interdite". Il y gardait ses projets les plus confidentiels, disait-il. Il la fermait toujours à clé. "C'est pour le travail, mon amour. Tu comprends." Amélie n'y était jamais entrée en cinq ans.
Elle a toujours respecté son intimité. Mais aujourd'hui, cette porte représentait tous les secrets qu'il lui cachait. Elle devait savoir ce qu'il y avait derrière.
Elle a boitillé jusqu'à la cuisine, a ouvert le tiroir où ils gardaient les doubles des clés. Elle a essayé plusieurs petites clés jusqu'à ce qu'elle trouve la bonne. Son cœur battait la chamade. Elle s'est dirigée vers la porte, a inséré la clé dans la serrure. Le déclic a résonné dans l'appartement silencieux.
Elle a poussé la porte et est entrée dans le sanctuaire de Marc. Le sanctuaire de son mensonge.