L'Amour Brisé de Paris
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Chapitre 1

Le mariage d'Amélie Dubois avec Marc Lefevre durait depuis cinq ans, cinq années qu'elle pensait être un conte de fées parisien. Marc, un architecte de renom, la chérissait, la couvrait d'attention et semblait entièrement dévoué. Ensemble, ils menaient une vie mondaine et confortable, rythmée par des dîners élégants dans leur appartement avec vue sur la Seine et des week-ends à la campagne. Tout semblait parfait, jusqu'au moindre détail.

Amélie se sentait comblée. Elle aimait Marc profondément, d'un amour naïf et total. Elle était enceinte de trois mois, et ce bébé à venir était la promesse d'un bonheur encore plus grand.

Ce matin-là, la lumière filtrait à travers les grandes fenêtres du salon. L'odeur du café frais emplissait l'air.

« Mon amour, tu es magnifique aujourd'hui. »

Marc l'avait enlacée par-derrière, posant ses mains sur son ventre à peine arrondi. Il avait déposé un baiser dans son cou. Amélie avait souri, se penchant contre lui.

« C'est l'effet de ton amour, » avait-elle répondu, sincère.

Pourtant, il y avait une ombre dans ce tableau parfait. Une ombre nommée Sophie.

Sophie était la sœur aînée d'Amélie, une designer de mode à succès qui vivait à New York. Amélie ne l'avait pas vue depuis dix ans, depuis une dispute familiale qu'elle ne comprenait même plus très bien. Mais pour Marc, Sophie n'était pas une étrangère. Il en parlait souvent, avec une admiration qui frôlait parfois l'obsession. Il suivait sa carrière, connaissait ses collections par cœur, et collectionnait les articles de magazine qui lui étaient consacrés.

« Ta sœur a un talent incroyable, » disait-il souvent. « Un jour, nous devrions aller la voir à New York. Tous les trois. »

Amélie trouvait cela étrange, mais elle mettait ça sur le compte de l'admiration d'un artiste pour un autre. Elle ne se doutait de rien.

Marc était l'époux parfait. Quand Amélie avait une migraine, il restait à ses côtés dans le noir, lui massant les tempes. Quand elle avait envie de fraises en plein hiver, il parcourait tout Paris pour en trouver. Il lui écrivait des poèmes, lui achetait des fleurs sans raison, et la regardait toujours avec des yeux qui semblaient déborder d'amour. Chaque geste, chaque parole renforçait l'illusion d'Amélie. Elle était la femme la plus heureuse du monde, mariée à l'homme le plus aimant qui soit.

Cet après-midi-là, Amélie avait décidé de prendre son scooter pour aller chercher un livre qu'elle avait commandé dans une petite librairie de Saint-Germain-des-Prés. Le ciel était gris, mais il ne pleuvait pas. Elle avait envoyé un message à Marc : « Je sors faire une petite course, je t'aime. »

Il avait répondu immédiatement : « Fais attention à toi et au bébé. Je t'aime plus que tout. »

La circulation était dense. Sur le pont Neuf, une voiture a freiné brusquement devant elle. Amélie n'a pas eu le temps de réagir. Le scooter a glissé, et elle a été projetée sur le bitume froid et humide. La douleur a été immédiate, fulgurante, avant que tout ne devienne noir.

Elle s'est réveillée dans une chambre d'hôpital. Une infirmière ajustait sa perfusion. Sa jambe était dans le plâtre, et une douleur sourde irradiait dans tout son corps. Sa première pensée a été pour son bébé.

« Le bébé... Est-ce que le bébé va bien ? » a-t-elle demandé, la voix tremblante.

« Reposez-vous, madame. Le médecin viendra vous parler. Votre mari a été prévenu, il est en route. »

Amélie a essayé de se détendre. Marc arrivait. Il allait s'occuper de tout. Elle a attrapé son téléphone sur la table de chevet. L'écran était fissuré, mais il fonctionnait encore. Elle a ouvert les réseaux sociaux, machinalement, pour se changer les idées en attendant Marc.

Et c'est là que son monde s'est effondré.

La première publication sur son fil d'actualité était une photo. Une photo qui faisait le buzz, partagée des milliers de fois.

Sur la photo, prise sur le parvis du Trocadéro avec la Tour Eiffel en arrière-plan, Marc était à genoux.

Il tenait une bague dans un écrin de velours.

Et la femme à qui il faisait sa demande n'était pas elle.

C'était Sophie. Sa sœur. Sophie, qu'elle n'avait pas vue depuis dix ans, était là, à Paris, et son mari était en train de la demander en mariage. La photo était nette, cruelle. On voyait le sourire surpris de Sophie, et le regard passionné, presque suppliant, de Marc. Un regard qu'Amélie n'avait, en réalité, jamais vu.

Le monde d'Amélie s'est brisé en mille morceaux. Le conte de fées était un mensonge.

            
            

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